#ChallengeAZ… F comme Four banal…

C’est l’effervescence dans le village, malgré le froid qui a envahi la campagne auvergnate en cet hiver 1782…

Jean Achon a fait sa demande en mariage à Marguerite Valleix (Sosa 32 & 33) … La noce doit avoir lieu le 29 janvier.
Ils ont invité les parents, les amis et les voisins… La fête semble prometteuse !

Aussi, depuis trois jours,  les hommes s’activent autour du four banal de Clamont…
A tour de rôle, ils alimentent la cheminée qui ne doit pas s’éteindre… Le bois doit brûlé 24h sur 24 pour atteindre la température adéquate…

Pendant ce temps, dans les cuisines, les femmes s’affairent également… Elles fabriquent le pain, les tourtes et les pâtés sans oublier les gâteaux…

Au matin du 29 janvier,  elles se retrouveront sur la place du village pour faire cuire toutes leurs préparations…

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Autrefois, chaque village auvergnat possédait un four banal. Ce dernier fonctionnait une ou deux fois par semaine.
 
Sous l’Ancien Régime, le four banal est un four seigneurial dont l’usage est obligatoire et taxé comme relevant du droit de ban.
Les banalités sont, dans le droit féodal, des installations techniques que le seigneur est dans l’obligation d’entretenir et de mettre à disposition de tout habitant de cette seigneurie. 
Ce sont des monopoles technologiques.
Les principales banalités sont le four, le moulin et le pressoir.
Ce privilège a été aboli en 1793. 
 
Aujourd’hui encore, à Clamont, des fêtes entre voisins sont organisées et le four est allumé pour l’occasion… ! 
 
 
 
 
 
Sources : Photos : collection personnelle : le four banal de Clamont (Haute-Loire) 

                Wikipédia

#ChallengeAZ… E comme Enclos paroissiaux…

En Bretagne, dans le Haut Finistère, région d’une branche de mes ancêtres maternels, la rivière Elorn nous mène vers le monde mystérieux des Enclos Paroissiaux  !

Les Enclos Paroissiaux ont connu leur apogée entre le XVIe et le XVIIe siècle, au moment où la Bretagne a développé son commerce maritime et dont le rayonnement s’est répandu dans le monde entier.

La marine à voile utilisait beaucoup le lin et le chanvre pour la fabrication des voiles et des cordages.
Les régions qui cultivaient, tissaient et commercialisaient ces matières ont alors connu une période d’essor extraordinaire. Les richesses se sont multipliées et ont permis la construction des Enclos Paroissiaux.

Qualifiés d’art du peuple, les Enclos sont nés d’un réel savoir-faire d’artistes locaux, d’une imagination prodigieuse et surtout d’une rivalité sans limite entre villages ; chaque paroisse désirant avoir le plus bel Enclos, parfois jusqu’à la démesure.

 

La lutte était si forte qu’en 1695, un décret royal a interdit les constructions religieuses sans nécessité mettant un terme à l’édification des Enclos.

 

Mais qu’est-ce qu’un Enclos Paroissial ?

C’est un ensemble architectural composé d’une église, d’un calvaire, d’un ossuaire, d’un cimetière et d’une porte triomphale.
Le tout est ceint par un muret délimitant et protégeant le territoire sacré du monde profane.

Mes ancêtres n’ont pas participé à la construction de ces édifices car ils n’étaient que de simples cultivateurs… Quoiqu’ils ont, sans doute, cultivé le lin et le chanvre…









Sources : Wikipédia + brochure touristique (Baie de Morlaix-Pays des rives d’Armorique-Roscoff)
                Photos  : collection personnelle : Enclos de Guimiliau

#ChallengeAZ – D comme Dégénérations…

Avec la lettre D, je vous emmène en voyage vers la Belle Province…
Un grand bonjour à nos amis !…  Et en hommage aux ancêtres partis là-bas…
Voici un intermède musical !

Le CD du groupe Mes Aïeux m’a été offert par mes amis Tremblay de Québec. J’ai été touchée par le geste et par le contenu du disque.
Aussi, je m’empresse de partager une de leurs chansons….!

Evidement, les paroles sont une fiction… Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existées est une pure coïncidence ! 😉

Ecoutez…
Et si le cœur vous dit : Secouez-vous le patrimoine ! (Dansez ! )…

 
 
DEGENERATIONS
 
Ton arrière-arrière grand-père, il a défriché la terre
Ton arrière grand-père, il a labouré la terre 
Et pis ton grand-père a rentabilisé la terre
Pis ton père, il l’a vendue pour devenir fonctionnaire

Et pis toi, mon p’tit gars, tu l’sais pas c’que tu veux faire
Dans ton p’tit trois et demi bien trop cher, frette en hiver
Il te vient des envies de devenir propriétaire
Et tu rêves la nuit d’avoir ton lopin de terre

Ton arrière-arrière grand-mère, elle a eu quatorze enfants
Ton arrière grand-mère en a eu quasiment autant
Et pis ta grand-mère en a eu trois, c’tait suffisant
Pis ta mère en voulait pas ; toi t’étais un accident

Et pis toi, ma p’tite fille, tu changes de partenaire tout l’temps
Quand tu fais des conneries, tu t’en sauves en avortant
Mais y’a des matins, tu te réveilles en pleurant
Quand tu rêves la nuit d’une grande tablée entourée d’enfants

Ton arrière-arrière grand-père a vécu la grosse misère
Ton arrière grand-père, il ramassait les cennes noires
Et pis, ton grand-père – Miracle! est devenu millionnaire
Ton père en a hérité, il l’a tout mis dans ses REERs

Et pis toi, p’tite jeunesse, tu dois ton cul au ministère
Pas moyen d’avoir un prêt dans une institution bancaire
Pour calmer tes envies de hold-uper la caissière
Tu lis des livres qui parlent de simplicité volontaire

Tes arrière-arrière grands-parents, ils savaient comment fêter
Tes arrière grands-parents, ça swinguait fort dans les veillées
Pis tes grands-parents ont connu l’époque yé-yé
Tes parents, c’tait les discos ; c’est là qu’ils se sont rencontrés

Et pis toi, mon ami, qu’est-ce que tu fais de ta soirée ?
Eteins donc la tivi ; faut pas rester encabané
Heureusement que dans ‘ vie certaines choses refusent de changer
Enfile tes plus beaux habits car nous allons ce soir danser…

 

 
 
 
 
Issue de l’album « En famille » du groupe : Mes Aïeux

Paroles et musique : S. Archambault/Mes Aïeux

 
 

 
 
 

#ChallengeAZ… C comme Cuisiner…

Dans ma famille, Cuisiner était…  une affaire sérieuse  !

Après la Seconde Guerre Mondiale, mon père a été « maître d’hôtel » dans de grands restaurants.
Ma mère était cuisinière chez des particuliers nantis.
Mon oncle était cuisinier de métier…

Donc, à la maison, on ne plaisantait pas avec la préparation des repas… Chacun avait son poste et pas question de tergiverser…
Dans la cuisine, la discipline régnait et l’ambiance contrastait avec la légèreté qui flottait dans la salle à manger.

Les repas du dimanche étaient une tradition… Et je garde le souvenir de grandes tablées où tous les convives parlaient en même temps, riaient et chantaient au dessert…

Aussi, lorsque j’ai découvert, parmi mes ancêtres, un cuisinier au XVIIIe siècle… Je me suis demandée si la génétique n’avait pas distillé dans nos veines un gène culinaire 😉

Jean-François Féry œuvrait dans les cuisines du château de Monsieur le Baron d’Eppes, dans l’Aisne.
D’après mes recherches, il s’agirait de Hyacinthe David Rosalie de Proisy, Seigneur de Proisy et d’Eppes, Capitaine de l’Armée de Picardie.

Sous l’Ancien Régime, le cuisinier faisait partie des « gens de maison ».

Dans la cuisine, les rôles étaient hiérarchisés :
Venait d’abord le « queux » (du latin coquus signifiant cuisinier)… il était le chef, puis les cuisiniers qui l’assistaient.
En l’absence de queux, le cuisinier commandait mais avec le prestige en moins.
Puis venaient les marmitons, les commis (apprentis cuisiniers) et les garçons et filles de cuisine (petites mains sans qualification)

La discipline était militaire, d’ailleurs on retrouve beaucoup de termes liés à l’armée : brigades de cuisine, officiers de bouche, offices, écuyers de cuisine…

Le maître de maison était attentif au choix de son cuisinier car sa réputation en dépendait ! Le nom du cuisinier était souvent associé à celui de son maître !

*Voici d’ailleurs ce que disait, Grimaud de la Reynière, un des plus fin gourmet du XVIIIe siècle :

Pour avoir un bon cuisinier, il faut qu’il ait le goût bon ; or, vous ne devez point le laisser s’émousser au contact de certains breuvages ; « le goût finit par s’excorier et par devenir aussi insensible que la conscience d’un vieux juge ».
Il indique alors tout un traitement à suivre : on purge le cuisinier, on le dorlote, on le soigne, « pour faire une chère toujours égale » et ne pas s’exposer aux variations et aux caprices d’un goût dépravé et dévoyé.

J’ignore si Jean-François a subi pareil sort.
Il est décédé le 21 décembre 1778 au château (peut-être derrière ses fourneaux) à l’âge de 58 ans comme l’atteste son acte de décès :

 
 
 
 
 
 
 
Sources : Acte de décès de J.F Fery – AD Aisne – 5MI0103 Page 38

             *La France pittoresque – Vieux métiers, métier ancien : les cuisiniers
                Image : Le cuisinier et sa femme – A. Dürer – Gallica – BNF

#ChallengeAZ… B comme Baptême…


Chut… Ne faisons pas de bruit…

En ce 2 février 1744, à Erlon, petit village de l’Aisne, un enfant est né dans la maison d’Antoine Marly et de Marie Jeanne Carlier, son épouse (mes Sosa 128 et 129).

C’est un garçon ! 



C’est le premier enfant de Marie Jeanne, mais Antoine en a déjà une bonne dizaine issus de deux mariages précédents.

Dans le grand lit, la jeune mère se repose. Elle restera alitée plusieurs jours avant les relevailles.

L’enfant emmailloté dort paisiblement dans le berceau de bois déposé près du grand lit.
Il est l’objet de toutes les attentions lorsque l’on sait que 25% des nourrissons meurent pendant la première année de leur existence et 60% entre un an et quatre ans du fait du sevrage.

Sous l’Ancien Régime, lorsque l’enfant parait, le premier acte qu’il reçoit est le Baptême.

Au delà de la religion, le baptême revêt un caractère officiel et inscrit l’enfant dans la société… puisque c’est le seul document qui prouve son existence.

Le baptême a lieu le jour même de la naissance ou au plus tard dans les trois jours comme l’exige l’Église depuis le Concile de Trente, sous peine d’excommunion.

D’ailleurs, Antoine a déjà prévenu le Curé de la Paroisse et son fils sera baptisé aujourd’hui même.

En 1744, la religion conditionne la vie des gens.
Pour l’Église, l’enfant est d’abord un chrétien en puissance qui doit être lavé du pêché originel et sauvé de la mort spirituelle.
D’ailleurs, la grande crainte des parents n’est pas de voir disparaître leur nouveau-né ; la mort fait partie de leur quotidien.
Ce qui les effraie plus que la mort, c’est que leur enfant trépasse sans être baptisé : il est, alors, condamné à errer dans les limbes et il est inhumé en dehors du cimetière paroissial, en terre non chrétienne.
C’est aussi pour cela, que la sage-femme peut ondoyer le nouveau-né en cas d’accouchement difficile ou de danger de mort à la naissance.

Baptisé, un enfant qui meurt devient un « ange au paradis ». Il veillera sur ses parents et intercèdera en leur faveur.

Pour l’heure, les préparatifs du baptême sont rapides… Antoine & Marie Jeanne ont choisi Charles Alexis  et Marie Barbe Marly, un demi-frère et une demie-sœur du bébé pour Parrain et Marraine.

Malgré le froid, le petit groupe se dirige vers l’Église accompagné par quelques voisins… Le Curé les accueille… et baptise le nouveau venu dans la communauté chrétienne : François !

Tous signent l’acte et c’est, probablement, Antoine qui le rédige sur le registre puisqu’il est greffier de la paroisse !


 







Sources : Acte de baptême de François Marly : AD Aisne – 5MiO493
                RFG – H.S La naissance du 16è au 19è siècle
                Image : mes coloriages.com