Le coupeur de poils…

Illustration : La hotte du chiffonnier

Il a deux jours, je complétais une fratrie dans l’arbre de Mr et je trouvais un coupeur de poils… J’avoue avoir souri en découvrant ce terme !
Les métiers de nos ancêtres sont parfois aussi surprenants que les hommes qui les exerçaient…

Le coupeur de poils se nomme Charles ALIT et il est né le 27 novembre 1859 à Belleville (Seine).
En ce temps-là, Belleville vit ses derniers moments de petit village au passé vigneron et maraîcher et réputé pour ses guinguettes. En 1860, l’urbanisation et la démographie de la capitale augmentant, Belleville est rattaché à Paris pour n’être plus qu’un quartier.

Charles ALIT est le fils de Pierre et de Antoinette TIVEYRA, résidant, tous trois, au 44, rue Planchat dans le 20e arrondissement. Ils exercent le métier de « coupeurs de poils ».
La rue Planchat se situe entre Belleville et Charonne (village limitrophe de Belleville et rattaché en même temps que ce dernier à Paris)

Alors que les provinciaux montent à la capitale, Charles, 22 ans, descend en Auvergne, à Blesle en Haute-Loire, pour y épouser Elise ACHON, 19 ans, n° 4 sur 6 des enfants de Jean, négociant et de Anne CHASSANG.
Jean est un descendant de Jacques ACHON, laboureur et de Jeanne ANDRIEUX, Sosa 64-65 de Mr.
Le mariage a lieu le 7 octobre 1882 en présence des deux familles.

A ce stade de mon récit, il est temps de vous expliquer ce qu’est le métier de coupeur de poils… Ce n’est ni un coiffeur, ni un barbier… Que nenni !
Il s’agit d’un ouvrier qui travaille à la préparation des poils de différents animaux pour l’élaboration du feutre servant à la confection des chapeaux.
J’ai trouvé sur le site Gallica Bnf, un livre intitulé « La hotte du chiffonnier » qui explique très bien le sujet, découvrez le chapitre concerné, ICI

Et les ouvriers les plus expérimentés en la matière sont auvergnats… CQFD !

Revenons à Charles… A partir de son acte de mariage, j’ai tenté de reconstituer son parcours professionnel…

Après les noces, Charles et Elise s’installent à Paris chez les parents de Charles. En juillet 1883, naît un garçon, Louis Antoine qui hélas décède en avril 1889.
Le couple déménage, alors, dans le 11e arrondissement, au 62, rue Alexandre Dumas.
Louise Octavie et Jeanne Eugénie y naissent le 30 avril 1891.

Peut-être Charles a t-il travaillé dans une couperie de poils qui se situe au 49 rue de Bagnolet, tout près de son domicile… Découvrez l’article fort instructif et en lien avec le mien de Denis COSNARD, un journaliste qui explore le Paris industriel.

Les mentions marginales sur l’acte de naissance de Elise ACHON indiquent qu’elle est décédée en 1947 à Montreuil (Seine), devenu Montreuil-sous-bois (Seine Saint-Denis)
Mes recherches confirment que le couple et les jumelles résident dans cette commune en 1926 comme le montre les tables de recensements de cette année-là. Elise est nommée Julia.
Charles est également inscrit sur la liste électorale.

Recensements Montreui-sous-Bois 1926 Vol.1 D2M8/84 Page 26/331

A cette époque, Charles travaille chez C. et E. CHAPAL, une usine de pellerie, de couperie et de teinture mais, il est dit pelletier.
Le pelletier est un artisan qui pratique le travail de diverses peaux d’animaux, pour le cuir ou la fourrure.

Patrimoine.seinesaintdenis.fr

En renseignant le patronyme ALIT dans la bibliothèque Généanet, j’ai également trouvé ces trois lignes dans le Journal Officiel du 5 avril 1920.
Charles, vice-président de la société de secours mutuel de la maison CHAPAL, est récipiendaire de la médaille de bronze qui récompense les services rendus à la mutualité. Cette médaille lui est remise par le ministère de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociale.

Bibliothèque Généanet : Journal Officiel 5 avril 1920 – Gallica Bnf

Charles est décédé après 1926 et avant 1931. Il n’apparaît plus dans les tables de recensements de 1931.
Louise, l’aînée des jumelles, institutrice, décède en 1948 à Montreuil-sous-Bois, un an après Elise.
Jeanne, la seconde, employée, disparaît à Blesle en Haute-Loire en 1967.
Elles ne se sont, à priori, pas mariées.

A Montreuil, l’usine CHAPAL n’emploie plus de coupeurs de poils. Elle a fermée ses portes et s’est reconvertie en collectif d’artistes.

Ces recherches sur Charles, « coupeur de poils » m’ont permis de découvrir un métier insolite ainsi que le Paris de jadis d’autant que j’ai longtemps habité dans le 11e arrondissement tout près de l’endroit où résidait la famille ALIT sans connaître tout cela.

Sources :
paris-atlas-historique.fr : histoire de Belleville et de Charonne
Gallica-Bnf : La hotte du chiffonnier (5e édition) – Louis PAULIAN
patrimoine.seinesaintdenis.fr : historique usines CHAPAL
Des usines à Paris – blog de Denis COSNARD
Généanet – Bibliothèque : J.O du 5 avril 1920
A.D Haute-Loire – Blesle
A.D Paris
A.D Seine saint-Denis – Montreuil-sous-Bois


7 réflexions sur « Le coupeur de poils… »

  1. Il méritait cette mise en lumière ce Charles tant pour son métier que pour son parcours.

  2. Brigitte a raison, c’est amusant de lire ton billet juste après le mien sur le chapelier 😉 C’est un métier que je ne connaissais pas du tout et je découvre à travers toi. Merci !

  3. Un métier en rapport donc avec le chapelier de Nat il y a peu.
    C’est amusant de découvrir que certains de nos ancêtres ont vécu dans des lieux qu’on connait bien, et où on ne les imaginait pas

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