Avec quelques privilégiés, j’ai visité le fort Saint Nicolas/Entrecasteaux à Marseille. Cette citadelle située à l’entrée du vieux port, face au fort Saint Jean et au MUCEM, est en cours de réfection et ouvrira ses portes progressivement au public à partir du printemps 2024 jusqu’à un accès total du site en 2030. Elle sera à terme un lieu de vie et de création culturelles, artistiques et de développement durable.
Côté histoire : C’est en 1660 que Louis XIV ordonne la construction du fort. S’il a vocation à protéger la ville de l’extérieur, les canons pointés sur la ville témoignent de sa vocation première : soumettre à l’allégeance royale les élans révolutionnaires des marseillais d’alors. Sa construction durera 4 années et emploiera 10000 ouvriers sous la direction du Chevalier de Clerville, ingénieur et professeur de Vauban.
Symbole de l’autorité royale, le Fort Saint-Nicolas sera partiellement démonté par les citoyens à la Révolution et ses pierres employées à la construction du quartier du Panier.
Napoléon 1er conscient de son potentiel défensif stratégique plaidera pour sa reconstruction. Le fort abritera alors entre 800 et 1000 soldats.
À lafin du 19ème siècle, Napoléon III, qui s’investit dans l’évolution de l’urbanisme à Marseille, décide d’accompagner le déploiement des activités de la ville sur la rive nord du Vieux-Port et perce d’un grand boulevard le Fort Saint-Nicolas, dont les deux parties prendront par la suite le nom de navigateurs français : la partie haute du Fort prend désormais le nom de Fort d’Entrecasteaux. Le Fort d’Entrecasteaux restera militaire jusqu’en 2011, date à laquelle l’armée française, qui n’en a plus l’usage, le cède finalement à la Ville de Marseille.
Pendant 20 ans, à l’initiative du Ministère de la Défense, puis avec le soutien de la Ville de Marseille, des premiers travaux de restauration sont menés par des personnes en situation de fragilité via les chantiers d’insertion d’ACTA VISTA, qui permettent à des personnes en situation de précarité sociale et économique de trouver un emploi et suivre une formation qualifiante aux métiers du bâti ancien.
lacitadelledemarseille.org
*Cliquez sur les images pour les agrandir
La découverte de ce patrimoine chargé d’histoire fut passionnante grâce à Lola, notre guide. Que vous habitiez Marseille ou non, je vous recommande cette visite. Le fort se visite actuellement sur inscriptions et il sera ouvert au public lors des JEP2023 (journées européennes du patrimoine).
Dans mon cabinet de curiosités, il y a des chiffons, certes… Mais ce ne n’est pas de ce linge dont il est question aujourd’hui… Nous venons de commémorer l’Armistice du 11 novembre qui mit fin aux combats de la #1GM … Et, je souhaite ajouter ma petite pierre à ces célébrations.
Lors de mon escapade en Alsace, en septembre dernier, j’ai visité le Mémorial du Linge 1915. Le Collet du Linge se situe entre Orbey et Munster, à 25 km à l’ouest de Colmar et à 1000 m d’altitude. Ce mémorial, tenu par une association de bénévoles, propose la visite d’un musée et des vestiges des tranchées allemandes et françaises… une plongée au cœur de la guerre !
Le dépliant publicitaire dit : Le Linge est un champ de bataille de la guerre 1914-1918 (cliquez pour accéder à l’historique), où un affrontement particulièrement meurtrier eut lieu entre le 20 juillet et le 15 octobre 1915, qui causa 17000 pertes (blessés, disparus ou morts)
Ensuite, Français et Allemands restèrent face à face jusqu’au 11 novembre 1918. Ce champ de bataille, classé site historique, présente un aspect saisissant : l’infrastructure du solide système de défense allemand très bien conservé et les vestiges de tranchées françaises en terre meuble sont les témoins émouvants de la « guerre des tranchées ».
Le musée mémorial du LINGE expose les objets français et allemands trouvés sur place : armes, munitions, objets personnels et reliques, uniformes de chasseurs français et allemands, maquettes du champ de bataille, photos, textes et cartes géographiques…
Mais le plus saisissant est certainement le parcours dans les tranchées. J’en ai frissonné et, pas uniquement à cause du mauvais temps qu’il faisait ce jour-là !
Cette visite est bouleversante et en même temps terrifiante… Un siècle plus tard, avec les mouvements de terrain, des ossements humains sont, de temps à autre, encore mis à jour comme en témoignent les croix disséminées deci-delà. Inéluctablement, cet endroit impose le recueillement !
Et vous, avez-vous visité des lieux identiques au Mémorial du Linge ?
Retour sur une escapade automnale en Alsace… une belle région que je ne connaissais pas. Là-bas, la gastronomie est reine et les spécialités sont nombreuses comme le fameux kouglof. Il symbolise l’Alsace à lui seul .
Selon la légende, un pâtissier de Ribeauvillé, du nom de Kugel, hébergea les rois mages, faisant étape en Alsace sur la route de Bethléem… Pour le remercier, ils lui confièrent la recette d’un gâteau, qu’il baptisa Kugelhopf. En revanche l’origine du mot est moins familière : Kouglof vient de l’allemand Gugelhopf. Or, le terme « Gugel » désignait au Moyen Age une sorte de capuchon avec une collerette et une pointe. Quant au mot Hopf, il est dérivé de « Haber », la levure qui sert à faire lever la pâte dans la recette classique du Kugelhopf (ou Kouglof). Le fameux gâteau change de nom et d’orthographe selon les régions et les pays : -Kouglof -Kougelhof -Gougelhof -Gougelhopf -Kougelhopf – Kugelhopf
Dans le Palatinat, le kouglof est appelé « bonnet de turc », en référence à sa forme, comme l’atteste une encyclopédie datant du milieu du XVIIIe siècle. Aux Pays-bas, c’est tout simplement un « turban ». En France, la recette du kouglof fut introduite à la cour de Versailles par la reine Marie-Antoinette qui contribua à la mode de cette pâtisserie.
Pour le réaliser, il faut :
80 grammes de raisins secs 450 g de farine 25 g de levure boulangère 20 cl de lait tiède 1 bonne pincée de sel 100 g de sucre 2 œufs 125 g de beurre ramolli 80 g d’amandes sucre glace pour la décoration
Émiettez la levure dans 10 cl de lait tiède, ajoutez 100 g de farine et mélangez jusqu’à obtenir une pâte un peu molle : le levain. Laissez-le lever dans un endroit tiède. Faites gonfler les raisins dans de l’eau tiède. Dans un récipient, pétrissez énergiquement la farine, les œufs, le reste de lait, le sucre et le sel pendant 10 min environ, jusqu’à ce que la pâte ne colle plus. Incorporez le beurre ramolli et le levain qui doit avoir doublé de volume. Travaillez la pâte encore quelques instants puis recouvrez-la d’un linge. Laissez-la lever 1 heure dans un endroit tiède. Passé ce délai, tapotez la pâte pour la faire retomber et incorporez les raisins égouttés. Beurrez un moule à kouglof, déposez dans le fond les amandes, puis versez la pâte dans le moule. Laissez lever la pâte une seconde fois jusqu’à ce qu’elle dépasse le bord du moule. Enfournez dans un four à 180°C et faites cuire environ 40 min. Dégustez tiède.
Cette brioche à la forme si particulière se déguste au petit-déjeuner, en dessert ou quand vous voulez…Moi, c’est pour la pause goûter avec une crème de marrons maison !
En attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait !
Il y a peu, j’ai visité le Musée de la nacre et de la tabletterie à Méru dans l’Oise, établi dans une ancienne usine du XIXe siècle.
La tabletterie met en avant un artisanat consistant dans la fabrication de petits objets qui peuvent être classer en trois catégories : objets de piété, jeux et divertissement, objets domestiques ou liés à la mode. Ils sont fabriqués avec des matières naturelles telles que l’ivoire, les fanons de baleine, l’os, la corne, l’écaille, la nacre, toutes sortes de « bois des Indes »
Cet artisanat regroupe une multitude de métiers (initialement métiers d’appoint) comme les boutonniers, les peigniers, les couteliers, les dominotiers, les damiers… et les éventaillistes.
Le musée présente, d’ailleurs, une sublime collection d’éventails à faire se pâmer les belles des siècles derniers… mais pas qu’elles !
Devenu objet de mode, l’éventail connait son âge d’or pendant le Siècle des Lumières. Mais son existence remonte à l’Antiquité où il était appelé « Flabellum » et se présentait sous forme de palme. Loin du monde de la mode, il servait à attiser les feux lors des cérémonies sacrificielles… En Chine, il est attesté durant la dynastie Tchéou (1122-255 av. J.-C.) Il fait partie intégrante du costume et définit le rang social de son propriétaire. L’éventail plié naît au Japon au VIIe siècle. Il fut inspiré par les ailes des chauves-souris. Il est, alors, lié à l’autorité, permet de diriger l’armée, les combats de Sumo ou les leçons de chant. Découvert par les navigateurs portugais, il est introduit en Italie au XVIe siècle et parvient à la cour de France grâce à Catherine de Médicis. On le nomme « Esmouchoir ». Tandis qu’au XVIIe siècle, il prend le doux nom de « Zéphyr » ou de « Plein vol ». Il devient vite un accessoire indispensable de la toilette féminine. Il reste un objet rivalisant de coquetterie jusqu’à la Révolution où seuls les éventails patriotiques de fabrication modeste diffusant les idées révolutionnaires ont le droit de circuler. Mais le XIXe siècle voit sa renaissance, tel le Phoenix, jusqu’au milieu du XXe siècle où seules l’Espagne et l’Asie produisent en masse. Aujourd’hui, l’éventail séduit de jeunes artistes qui le modernisent en inventant de nouvelles formes pour la haute couture ou le prêt-à-porter.
Saviez-vous qu’il existe un langage de l’éventail ?
Dans le courant du XIXe siècle, l’éventailliste Jules Duvelleroy publie un fascicule codifiant le maniement de l’éventail. Il lance une vraie mode qui a pour effet de booster ses ventes… Malin !
Mais avant de séduire, voyons la fabrication :
J’espère que vous aurez apprécié, comme moi, découvrir la petite histoire de cet accessoire pas si futile qu’il n’y parait. Je ne suis pas ekraventuphile (collectionneuse d’éventails) mais j’en possède un que j’utilise l’été… Et vous ?
Sources : Musée de la nacre et de la tabletterie -Méru Vous avez dit éventail ? – Céline LOUVET – Langage de l’éventail : Maison Duvelleroy https://eventail-duvelleroy.fr/ Photos : Collection personnelle
Le 21 mars 1780, le jeune major général de La Fayette embarque à bord de l’Hermione. Il part combattre aux côtés des insurgés américains qui luttent pour leur indépendance… Cela est la grande Histoire !
Le 15 mai 2019, je monte à mon tour sur la réplique de l’Hermione à Ouistreham (14). Et mon esprit rejoint celui des grand aventuriers … Ce navire me fascine depuis le début de sa construction. Ceci est la petite histoire !
Pour le plaisir, je partage les images que j’ai ramené de cette journée ensoleillée en Normandie.
Libre et fière… Tiens bon la vague et tiens bon le vent Hisse et ho , Hermione !…
Aujourd’hui, Premier mai, nous célébrons la Fête du travail ! A Bièvres, petite commune du nord de l’Essonne, le Musée de l’outil en profite pour organiser la Foire aux outils anciens. Hommage à nos ancêtres, travailleurs manuels…
Je quitte Ploujean et me dirige vers Plouézoc’h, au nord de Morlaix, en traversant le Dourduff.
A l’entrée du village, la chapelle Saint-Antoine avec son porche en bois peint accueille les visiteurs.
Elle sert de salle d’exposition. On peut y admirer, entre autre, cet original meuble à offrandes :
L’église Saint-Etienne se dresse au centre du village :
Là aussi, des événements familiaux ont eu lieu entre 1697 et 1871 d’après les statistiques de mon fichier Hérédis :
Après Plouézoc’h, je longe la côte jusqu’à Plougasnou.
Là encore, l’église Saint-Pierre se dresse au centre du village et veille sur ses ouailles :
Mes ancêtres y ont célébré un baptême :
La dernière étape de ce pèlerinage est Garlan, au nord-est de Morlaix :
C’est le seul village visité où le cimetière ceint encore l’église. Dans ce lieu, mes ancêtres ont vécu une quarantaine d’événements, entre 1663 et 1861 :
Ainsi s’achève ma visite dans ce joli coin de Bretagne où ont vécu mes aïeux.
Je ne suis pas partie sans avoir vu Roscoff, un port corsaire et très british dont la spécialité est les oignons roses que les Johnnies allaient vendre en Angleterre juchés sur leur vélo :
Et bien sûr, j’ai fait un détour par la magnifique côte de granit rose :
A vous autres, hommes faibles et merveilleux Qui mettez tant de grâce à vous retirer du jeu Il faut qu’une main posée sur votre épaule Vous pousse vers la vie… (Tennessee Williams)
Pendant le week-end de Pâques, j’ai emprunté les chemins de traverse du Finistère nord qui mènent jusqu’aux lieux où vécurent certains de mes ancêtres.
Et à défaut de pouvoir mettre une main sur leur épaule, j’ai tenté de mettre mes pas dans leurs pas… Tenté seulement, car le paysage s’est métamorphosé avec le temps.
Pourtant au milieu de ce décor, un endroit semble immuable : l’église !
Voici le récit de ma promenade :
Tout commence à Morlaix avec son viaduc ferroviaire magistral. L’église Saint-Mélaine est adossée contre ce géant et cernée de ruelles moyenâgeuses.
Dans cette paroisse, une dizaine d’événements familiaux (baptêmes, mariages et enterrements) ont eu lieu entre 1715 et 1877, selon les statistiques de mon fichier Hérédis :
Puis, je me suis rendue à Ploujean… Autrefois, village indépendant, il est rattaché à Morlaix le transformant en quartier depuis 1960.
Ce lieu est le berceau de mes branches armoricaines : LAVIEC, STEUN, BESCOND, MORVAN, SALIOU…
Jadis un cimetière entourait l’église comme le montre les vestiges d’une stèle scellée dans un mur. J’ai décrypté les noms qui y figurent et le hasard m’a placé devant des patronymes connus :
Les LAVIEC sont certainement une des familles les plus anciennes de Ploujean. Celui dont le nom est gravé sur une pierre du mur sud était « fabricien » à l’époque.
Dans cette paroisse, 272 événements familiaux ont eu lieu entre 1599 et 1842, toujours selon les statistiques de mon fichier Hérédis.
A la sortie de Ploujean, se trouve la chapelle Sainte-Geneviève. Ce bâtiment perdu au fond d’un petit vallon est en mauvais état et semble abandonné.
Là encore, un LAVIEC, mon Sosa 3874, y a laissé sa trace, selon Ploujean-Patrimoine : Une chaire hexagonale à panneaux sculptés s’appuie à une grille qui porte sur sa frise cette inscription : « Fait faire par Jan Laviec, lors gouverneur et maître Guillaume Kdeland chapelain de ceste chapelle 1639 »
A suivre…
Sources : Ploujean-patrimoine : https://ploujeanpatrimoine.files.wordpress.com/2013/12/eglise-nd-de-ploujean.pdf Images : Collection personnelle
Carte Finistère : Google maps
Je reviens de l’Île de La Réunion. Ce n’est pas une découverte car je m’y étais déjà rendue, il y a une vingtaine d’années.
Alors qu’en métropole l’hiver règne avec des températures négatives, là-bas, le thermomètre affiche +32°… Un petit paradis ensoleillé !
Les points forts de ce séjour sont, sans nul doute, le survol de l’île en hélicoptère… grandiose et époustouflant… et la visite du cimetière marin de Saint-Paul… émouvant et intimiste !
Suivez-moi à l’intérieur de cet endroit mystérieux et chargé d’histoire.
Implanté depuis 1788 face à l’Océan Indien dans la baie de Saint-Paul, premier lieu habité de l’île, le cimetière est un jardin luxuriant et paisible.
Seul le bruit des vagues perturbe le silence et berce les « z’endormis ». On a du mal à croire que parfois un cyclone ou un raz-de-marée peut tout dévaster. Ce fut le cas en 1883, 1932, 1948, et 1962.
Ces phénomènes climatiques ont mis à jour des tombes anonymes enfouies sous la grève, ce sont les tombes des esclaves noirs arrachés à leur pays. L’Afrique se situe à 1700 kms.
Dans l’enceinte du cimetière, il n’y a pas d’allées et les sépultures s’enchevêtrent pêle-mêle.
Au hasard des travées, se côtoient de grands propriétaires terriens, d’humbles colons, des poètes, des capitaines au long cours, des pirates, des Malabars, des Chinois, des religieux catholiques, des marins bretons et, dans la partie nord, une dizaine de curieuses tombes anonymes, au toit en arc en cercle, probablement les plus anciennes du cimetière.
Parmi les tombes célèbres, on découvre celle du romancier et journaliste, Eugène Dayot, né à Saint-Paul le 8 août 1810, décédé le 19 décembre 1852.
Celle du poète, Charles René Marie Leconte de Lisle, né à Saint-Paul le 22 octobre 1818, décédé à Louveciennes (Seine & Marne) le 17 juillet 1894. D’abord inhumé au cimetière Montparnasse à Paris, ses cendres sont transférées à Saint Paul le 28 septembre 1977.
A chaque génération, son lot d’évènements importants…
Et effectuer un pèlerinage reste un moment inoubliable dans la vie d’un croyant.
Mes ancêtres picards résidaient à proximité d’un lieu de dévotion et la situation de leurs villages laisse présager que la plupart d’entre eux se sont rendus à Notre Dame de Liesse :
Liesse est une petite commune de l’Aisne située à 15 kms au nord-est de Laon et à 40 kms de Reims.
Au début du 18e siècle, la petite bourgade comptait environ 1500 habitants vivant du pèlerinage dédié à la Vierge noire.
La légende raconte qu’en l’an 1134, trois chevaliers, Seigneurs d’Eppes, partis pour la Croisade, furent pris dans une embuscade et emmenés prisonniers au Caire.
Comme ils refusèrent de changer de religion, le Sultan leur envoya sa fille, la princesse Ismérie pour les convaincre. Mais c’est le contraire qui se produisit. La jeune fille se convertit et demanda aux chevaliers une représentation de la Vierge.
Ils ne surent comment faire… Mais à leur réveil, ils trouvèrent une statue en ébène et l’offrirent à la Princesse.
Celle-ci comprit qu’elle devait délivrer les prisonniers qui s’enfuirent avec la précieuse statue.
Un miracle les transporta jusqu’à Liance, pays de marécages. En remerciement, ils édifièrent une chapelle.
Les pèlerins affluèrent et les miracles se multiplièrent.
Notre Dame de Liance deviendra Notre Dame de Liesse, puis Liesse Notre Dame.
Liesse se transforma en Sanctuaire Royal. Tous les rois de Charles VI à Charles X se rendant à Reims pour leur couronnement y firent une halte.
Mais le pays n’était guère hospitalier : les marécages, les forêts sombres rendaient les déplacements très difficiles. Aussi, au début du XVIe siècle, la mère de Louis XIII fit construire une large route appelée « Chaussée de Marie de Médicis » de Laon à Liesse avec de nombreux ponts pour l’écoulement des eaux.
Cela fit l’aubaine du Cardinal de Lorraine qui transforma son château de Marchais (aujourd’hui propriété des Princes de Monaco) en hostellerie royale pour y recevoir les personnages de marque. Le défilé des têtes couronnées continua. Louis XIII et Anne d’Autriche qui désespérés de n’avoir pas d’héritier se rendirent plusieurs fois à Liesse pour supplier la Vierge d’exaucer leur vœu. Celui-ci se réalisa après 23 ans d’union. La naissance d’un prince, le futur Louis XIV fut célébrée dans tout le royaume.
Encore un miracle qui suscita les prières des femmes qui désiraient un enfant !
Louis XIV vint trois fois à Liesse en 1652, en 1678 et en 1680. Lors de ce dernier pèlerinage, l’ingénieur La Pointe reçut l’ordre de relever les plans des villes traversées, si bien que nous connaissons avec certitude l’itinéraire de ce voyage.
Chaque pèlerinage royal était entouré de tout un cérémonial. La présence des monarques apportait au peuple une grande joie. Le parcours que suivait le cortège était pavoisé, les gens revêtaient leurs plus beaux atours et accouraient en criant : « Hosanna » !
On suivait la cour, on s’écrasait dans la chapelle et aux abords. Le roi entendait la messe puis montait au *jubé. Il récitait une prière et suppliait Dieu d’accorder une prospérité constante au royaume, à la famille royale, au peuple tout entier. Puis se tournant vers Marie, il lui demandait son aimable et puissante intercession. Quand le roi avait fini de parler, toute l’assistance s’écriait : « Qu’il en soit ainsi, qu’il en soit ainsi ! »
Avec la Révolution, tous les biens de la chapelle furent confisqués et détruits, sauf la statue de la Vierge noire qui trônait seule sur l’autel. Pas un chrétien n’avait osé s’en emparer pour la cacher ; la frayeur tétanisait les plus courageux.
Mais il se trouva des révolutionnaires dont le boulanger du village pour détruire la statue. Avec deux complices, il s’empara de l’objet saint et l’emporta chez lui où il fut brulé dans le four. Un enfant du village recueillit les cendres dans plusieurs petits paquets.
Après la Révolution, les liessois placèrent une statue de plâtre revêtue « d’une robe éclatante et parée de mille joyaux » sur l’autel. Ils mirent sous les pieds de la Madone les cendres de l’image primitive.
Le 18 août 1857, une troisième Statue, celle que nous pouvons voir actuellement fut couronnée par Monseigneur de Garsignies assisté de huit cents prêtres et cinquante chanoines devant une assemblée de 30000 personnes dont Charles III, Prince de Monaco.
Pendant la Grande Guerre, Liesse se trouva prise sous le feu de l’ennemi. Ce dernier entra dans la petite ville le 1er septembre 1914 semant la terreur. La Chapelle servit de dortoir aux soldats allemands.
Les quatre cloches ainsi que les tuyaux des orgues furent transformés en munitions.
Malgré les bombardements, le lieu saint demeura debout.
En 1923, la petite église fut érigée en Basilique.
Comme mes ancêtres, je me suis rendue à Liesse et ai visité la Basilique. L’endroit est surprenant et unique. Il est empreint de solennité et les ex-voto recouvrant tous les murs relatent la ferveur des pèlerins qui sont venus ici depuis plus de huit siècles.
*Jubé : Dans une église, le jubé est une tribune et une clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef.
Sources : Carte de Cassini – cassini.ehess.fr
Photo – collection personnelle et Wikimédia.org
La belle histoire de Notre-Dame de Liesse – Marie André