La Béate….

En Auvergne, la Béate était un personnage singulier.

 L’Église inquiète de l’ignorance religieuse dans laquelle se trouvait une grande partie de la population, surtout dans les villages reculés et difficiles d’accès, fonda au XVIIe siècle : « Les Demoiselles de l’instruction ».
L’institution dépendait de l’Évêcher du Puy-en-Velay….
Dans les familles nombreuses, il existait des filles « vilains petits canards » qui ne trouvaient pas à se marier. La congrégation des Demoiselles de l’Instruction recrutait parmi elles la future Béate.

Envoyée au couvent pour un an ou deux, elle y recevait un enseignement religieux et quelques rudiments scolaires : écriture, lecture et calcul. Elle y apprenait aussi l’art de la dentelle.
Bien que très pieuse, la demoiselle n’était pas religieuse et ne prononçait pas de vœux.
Elle était vêtue d’une robe de laine noire et d’un voile de la même couleur.
Puis à sa demande, elle se fixait dans un village. Sa maison construite par les villageois s’appelait « l’assemblée ». Elle était surmontée d’un petit clocheton qui rythmait la vie du village.
Dévouée entièrement aux habitants, la Béate recevait des dons en nature pour subsister.
La Béate servait d’intermédiaire avec le curé de la paroisse. Elle avait pour principale mission d’enseigner aux enfants, enseignement aléatoire car il était à la mesure de ses propres connaissances.

Elle jouait un grand rôle dans la formation des jeunes filles notamment pour apprendre la dentelle et contribuait au développement de ce métier.

C’est à l‘assemblée que la gente féminine se réunissait pour faire « couvige » (lire M comme métier).

La Béate avait, par ailleurs, beaucoup d’influence sur les villageoises.

Outre son rôle d’enseignante, elle faisait également office de garde-malade. Elle habillait et veillait les défunts. Elle consolait les malheureux et elle contribuait à la bonne harmonie dans le village.
Sa maison servait d’école mais également d’asile, de crèche et d’infirmerie.

Les villages ancestraux de Bournoncle, Saint Géron, Balsac, Saint-Beauzire et Saint-Ilpize ont recensé des Béates qui cohabitaient avec les aïeux de mon mari.

Entre le XVIIe et le XIXe siècle, le rôle de la Béate n’était pas négligeable. En 1847, on en comptait environ 1294 en Haute-Loire.
Mais les lois de Jules Ferry qui obligèrent la nomination d’institutrices laïques formées à l’École Normale sonnèrent la fin de l’existence des Béates.

Aujourd’hui, les Béates ont disparu mais, quelques unes de leurs maisons ont traversé le temps.
D’ailleurs, si vous vous promenez dans les villages altiligériens, vous les apercevrez, peut-être, surmontées de leur petit clocheton !

Sources : Almanach de Brioude : Les Béates dans la communauté de Brioude – Nicole Darpoux
                Histoire sociale Haute-Loire : Dentelles et dentellières 400 ans d’histoire – R. Vacheron
 Image :  site http://www.geneal43.fr

9 réflexions sur « La Béate…. »

  1. Lors de mes enquêtes en Haute-Loire j’ai rencontré plusieurs témoignages au sujet des Béates (prononcé biate) dont la présence était appréciée dans les campagnes.

    1. Merci Cédric,
      Apparemment, mon article est une découverte pour beaucoup !
      La généalogie nous permet de découvrir ou de faire découvrir les spécificités régionales . Nos blogs aident à cela.
      A bientôt

  2. Avaient elles le droit de se marier si l’occasion se présentait ou bien étaient elles vouées au célibat ?????

    1. En général, c’était ce qu’on appelle des « vieilles filles » et si elles devenaient Béate, c’est qu’elles ne trouvaient pas à se marier.
      Elles étaient donc vouées au célibat.
      Cependant, comme elles n’étaient pas religieuses, je ne pense pas que quelque chose ou quelqu’un pouvait empêcher un éventuel mariage.
      Bonne journée !

  3. Bonjour Evelyne,
    En lisant votre article,j’ai appris l’existence des Béates.
    J’admire le pragmatisme de l’église dans ses efforts pour combattre l’ignorance religieuse dans les villages reculés.
    Je suppose que les parents de la Béate y trouvaient quelques avantages….

    1. Merci Philippe !
      Effectivement, l’Eglise voulait combattre l’ignorance religieuse mais Elle a, également, profité du développement du métier de dentellière et les Béates formaient les villageoises à ce métier : c’était une main d’œuvre très bon marché !

    1. Merci Dominique,

      Effectivement, la Béate est une spécificité principalement auvergnate. Il en existait en Haute-Loire, Cantal, Puy de Dôme.
      Mais j’ai lu qu’il y en avait aussi en Ardèche.

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