Le fou volant…

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Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres…

Pour ce RDV ancestral d’avril, je rends hommage à mon Père, mon héros. Né un 17 avril, il aurait eu 111 ans, cette année…
Difficile de ne pas penser à toutes les histoires qu’il me racontait et dont je raffolais !

Pour le coup, me voici transportée sur l’aéroport du Bourget, en région parisienne.
Tout d’abord terrain d’aviation militaire, Le Bourget fut le premier aéroport civil de Paris, ouvert en 1919 et resta le seul jusqu’à la construction de l’aéroport d’Orly.

Nous sommes le samedi 21 mai 1927...
Une foule immense attend… on parle de 4 millions de personnes présentes sur le terrain.
Je suis coincée entre plusieurs groupes d’individus qui parlent fort, qui chantent et qui se bousculent…
Tout à coup, deux jeunes garçons me rattrapent, chacun par un bras, alors que j’allais m’étaler dans l’herbe.
Je reconnais immédiatement, André et Michel, mon père et son frère. Ils ont quitté leur Picardie natale et sont venus conquérir la capitale. Ils ont respectivement 18 ans et 17 ans et résident, dans le 10e arrondissement, chez Andréa, une de leurs sœurs aînées.
Leur père, veuf, s’est remarié et leur belle-mère leur a fait comprendre qu’ils étaient assez grands pour se débrouiller seuls.

– Allons, Madame, n’ayez pas peur ! Nous vous tenons ! vous ne craignez plus rien ! s’exclament-ils en chœur.

Je suis si émue que je n’ose parler… Ces deux jeunes hommes, vêtus comme Tintin, qui ne sont plus tout à fait adolescents, mais pas encore complètement adultes, me dévisagent étrangement !

– Papa ! Tu ne me connais pas encore, mais je suis ta fille, Evelyne ! Et toi, Tonton, tu es mon Parrain ! dis-je, la voix tremblante…
Papa, tu m’as si souvent raconté l’atterrissage du « Spirit of Saint-Louis »… que j’ai voulu le voir, également !

Triturant chacun leur casquette, les deux frères n’en croient ni leurs yeux, ni leurs oreilles ! Et, il me faut être très persuasive pour les convaincre que je viens bien du futur…

Soudain, la rumeur gonfle… Il est 22 h 15 !… Un cri énorme, suivi d’un énorme silence ! On entend, tombant de très haut, un bruit de moteur. Et on écoute, angoissé… La spirale est large, la descente est lente.

– C’est lui ! crie-t-on de toute part.

À la lueur du projecteur, on peut lire maintenant sur le fuselage : Spirit-of-Saint-Louis.
Survolant l’Atlantique, Charles Lindbergh a réalisé la première traversée en solitaire sans escale en aéroplane, reliant, en 33 heures et trente minutes, New York à Paris.
Le terrain est aussitôt envahi par la foule délirante qui se rue vers l’endroit où l’appareil s’est posé. La police et la troupe ne peuvent rien contre l’élan d’enthousiasme des milliers de spectateurs déchaînés et les barrières de fer sont renversées sous une poussée irrésistible.

Bousculée et emportée par la foule, je perds, Papa et mon Oncle, de vue…
Ils ont assisté à cet événement historique et ont tant d’autres aventures à vivre !
Les larmes me montent aux yeux… Mais, je sais que je les reverrai !

Source : La Croix.com/Ce-jour-la/21-mai-1927


10 réflexions sur « Le fou volant… »

  1. Oh quelle rencontre ! Une si grande émotion de rencontrer son papa et son tonton dans ce moment d’élan populaire ! Un texte formidable car je crois, que l’espace d’un instant, j’étais avec vous à l’aéroport du Bourget, emporté par la foule !

  2. On est entraîné dans le tourbillon de ton récit !! Merci Evelyne de nous avoir emmenés avec toi dans ce moment historique mais aussi émouvant.

  3. Partager ainsi un événement raconté mainte fois par son père, le partager avec lui, auprès de lui a dû être un moment d’écriture intense. Juste fermer les yeux et se retrouver aux côtés de celui qu’on aimait tant… Je t’envie. Bravo Evelyne !

    1. Merci Nat ! Il y a des absences abyssales ! Quand j’écris, à la fin du texte, que les larmes me sont montées aux yeux… Elles l’ont été réellement… Je n’ai pas pu les retenir !

  4. Merveilleuse rencontre tant pour ton Papa
    L’émotion de transmettre ce souvenir paternel est palpable.

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