En février, le #Geneatheme rejoint le #RDVAncestral, un projet d’écriture, ouvert à tous et qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres .
C’est jour de noces à Frénouville, un petit bourg situé dans l’arrondissement de Caen en Normandie. Ce 27 juin, Marcel Louis Auguste BEAUJEAN, 27 ans, épouse Eugénie Mélanie Maria FOUQUES, 21 ans. Elle est une des petites filles de Emmanuel Aimé Henri FOUQUES et Maria Joséphina Alberta Appolonia Valentina JEANNE, Sosa 30 et 31. Elle n’avait que 7 ans en 1903, lorsque son père, Georges Etienne FOUQUES, meurt noyé.
Marcel et Eugénie sont domestiques et s’ils sont invisibles aux yeux du monde, aujourd’hui, ils sont rois et leur avenir est plein de promesses. Ils auront des enfants et peut-être réussiront ils à acheter une petite maison pour y vivre tous ensemble.
Mais, on est en 1918 et la première guerre mondiale dévaste le monde. Marcel effectue son service militaire en 1912 mais est réformé à cause d’une « imminence de tuberculose », . Lors de la mobilisation générale contre l’Allemagne, le conseil de révision le reconnait apte au service. Il est rappelé à l’activité armée en septembre 1914 et intègre le 36e R.I. C’est donc sous l’uniforme et lors d’une permission qu’il épouse Eugénie.
Le mariage à peine achevé, Marcel retourne sur le front en abandonnant sa jeune épouse… Il lui promet de revenir, elle lui promet de l’attendre.
Hélas, les histoires d’amour finissent mal… moins d’un mois plus tard, le 24 juillet 1918, Marcel est « tué à l’ennemi », au bois de Courton dans la Marne. Eugénie est veuve à 21 ans.
Sources : A.D Calvados – Etat civil et registres matricules
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
MEDAILLE DE CHEVALIER DE L’ORDRE DE LA LEGION D’HONNEUR RESTAURATION LOUIS XVIII ROI DE FRANCE 1814
Il y a longtemps que je ne suis pas partie à la rencontre de mes ancêtres… sans doute n’avaient ils pas grand chose à me raconter… Mais aujourd’hui, le hasard et mes rêveries me propulsent en grande pompe dans une caserne, celle de la Compagnie de Gendarmerie Royale du Calvados basée à Caen.
J’arrive dans un salon d’honneur où des hommes de rang, des sous-officiers et des officiers patientent tout en devisant. A l’écart, se trouve également un groupe de hauts gradés. Je comprends qu’il s’agit des membres du conseil d’administration de la compagnie accompagnés d’un représentant de la Préfecture du Calvados et d’un inspecteur délégué de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur.
Chacun se salue, puis on demande le silence. Le chef du protocole annonce : -Récipiendaire, gagnez votre emplacement !
Le récipiendaire se nomme François LEPELTIER. Il est né le 1er avril 1789 à Soliers, un bourg situé à quelques lieues de Caen.
Ses parents sont Jean-Baptiste LEPELTIER, couvreur, époux de Marie Françoise HOGUAIS. Jean-Baptiste est le dernier des huit enfants de Thomas LEPELTIER, couvreur, marié à Jeanne DIEULAFAIT, mes Sosa 502 et 503.
12e chasseur à cheval – Facebook Chasseurs à cheval de la ligne – Aquarelle de Maître Lucien Rousselot.
François est un solide et grand gaillard portant fièrement l’uniforme et la moustache. Le 25 avril 1808, âgé de 19 ans, il est enrôlé dans l’armée Napoléonienne. Il a rejoint le 12e régiment de chasseurs à cheval et a participé à plusieurs campagnes dont celles de Russie, d’Allemagne et de France avec leurs lots de victoires et de défaites. Le 14 septembre 1815, il est nommé brigadier. Puis, le 15 juillet 1817, il devient gendarme à pied.
Invisible aux yeux de tous, je saisis mon portable et fais une rapide recherche sur Google pour comprendre comment on devient gendarme au 19e siècle :
L’article 43 de la loi du 28 germinal an VI fixe, à quelques détails près, les critères de recrutement qui restent en vigueur jusqu’à la Première guerre mondiale : « Les qualités d’admission pour un gendarme seront, à l’avenir : 1. d’être âgé de vingt-cinq ans et au-dessus, jusqu’à quarante ; 2. de savoir lire et écrire correctement ; 3. d’avoir fait trois campagnes depuis la Révolution, dont une au moins dans la cavalerie, et, après la paix générale, d’avoir servi au moins quatre années, sans reproche, dans les troupes à cheval, ce dont il sera justifié par des congés en bonne forme ; 4. d’être porteur d’un certificat de bonnes mœurs, de bravoure, de soumission exacte à la discipline militaire et d’attachement à la République ; 5. d’être au moins de la taille de 1 mètre 73 centimètres. »
Le métier de gendarme au 19e siècle – Arnaud Dominique HOUTE
Ne devient pas gendarme qui veut, pensé je ! Cependant, François a failli à la tradition familiale en abandonnant le métier de couvreur, une profession pratiquée de pères en fils depuis trois générations. Est-il devenu gendarme par vocation ou par un impérieux besoin d’assurer son avenir… lui seul connait la réponse. Peu importe car sa bravoure, sa loyauté et son dévouement lui valent d’être récompensé avec la plus haute distinction française.
Il y a plusieurs mois, sa hiérarchie lui a signifié que sa candidature avait été retenue par la Grande Chancellerie mais, entre la chute de l’Empire et la Restauration (nous sommes sous Louis XVIII), la réponse s’est faite attendre. Enfin, le 27 janvier 1815, il a reçu ceci :
Base Léonore
Ce 1er aout 1817, il devient « légionnaire » en recevant la distinction de Chevalier de la Légion d’Honneur lors de cette cérémonie.
Imperturbable, François se tient droit pendant que son commandant fait son éloge, puis finit son discours par :
– « Au nom de Sa Majesté et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’ordre royal de la légion d’honneur. »
L’insigne accroché sur sa poitrine, François remercie son supérieur et le salue.
La cérémonie achevée, François signe, ainsi que les membres du conseil d’administration, plusieurs documents dont une formule de serment ainsi qu’un procès-verbal faisant foi de son inscription de membre de l’ordre royal de la légion d’honneur sur les nouveaux registres nationaux et listes officielles.
Base léonore
« Je jure d’être fidèle au Roi, à l’honneur et à la Patrie, de révéler à l’instant tout ce qui pourrait venir à ma connaissance, et qui serait contraire au service de Sa Majesté et au bien de l’État ; de ne prendre aucun service et de ne recevoir aucune pension, ni traitement d’un Prince étranger, sans le consentement exprès de Sa Majesté ; d’observer les Lois, ordonnances et règlements, et généralement faire tout ce qui est du devoir d’un brave et loyal Chevalier de la Légion d’honneur. » (Le serment de fidélité, adapté au régime en vigueur, fut exigé des légionnaires jusqu’en 1870. Il fit un bref retour de 1941 à 1944, sous le Régime de Vichy.)
Base Léonore
Puis les documents sont remis au délégué de la Grande Chancellerie pour faire valoir ce que de droit. François recevra un brevet qui atteste de sa qualité de membre royal de la légion d’honneur. Ce dernier est signé le 18 mars 1819, soit quatre ans après sa nomination.
Côté vie privée, François épouse Virginie VASNIER de 11 ans, sa cadette, le 30 mai 1821. Et après une vie de gendarme bien remplie, il s’éteint à 54 ans, le 27 octobre 1843 à Lingèvres (14).
Je quitte discrètement le salon… Mon vagabondage achevé, je suis assise devant mon ordinateur connecté sur la base Léonore devant le dossier de François. Mon imagination débordante a encore œuvré…
Créée en 1802, la Légion d’honneur a tenu le cap à travers tous les tourbillons de l’histoire parce qu’elle est universelle et symbolise la reconnaissance de la nation envers les meilleurs éléments de ses forces vives dans tous les domaines et pour tous les mérites, tous les talents, tous les dévouements, et aussi parce qu’elle a su s’adapter sans jamais se dénaturer, en gardant, sous les fastes nécessaires à son éclat, son caractère profondément démocratique qui en a fait un modèle pour nombre de distinctions étrangères.J.C. Guegand
Sources : Base Léonore : https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/230455#show Grande chancellerie de la légion d’honneur : https://www.legiondhonneur.fr/fr Image : MEDAILLE DE CHEVALIER DE L’ORDRE DE LA LEGION D’HONNEUR RESTAURATION LOUIS XVIII ROI DE FRANCE 1814 : https://www.militaria-medailles.fr/ Page Facebook : 12 chasseur à cheval -Aquarelle de Maître Lucien Rousselot. Le métier de gendarme au 19e siècle – Arnaud-Dominique Houte – https://books.openedition.org/pur/107873?lang=fr Histoire de la légion d’honneur : https://jean-claude-guegand.pagesperso-orange.fr/l_his.html
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
La généalogie est un curieux mélange de raison et d’affect. Personnellement, lors de mes recherches, l’esprit et le cœur sont souvent en conflit, les sentiments l’emportant sur la raison et faisant naître une multitude de nuances émotionnelles comme dans l’histoire qui suit.
Nous sommes le 10 septembre 1892, à Samoussy, dans l’Aisne et la journée s’annonce chaude. Alors que 10 heures du matin sonnent à l’horloge de la mairie, plusieurs personnes pénètrent dans la salle commune. Jules André MARLY, 24 ans et Octavie Alphonsine WALLON, 21 ans, tous deux manouvriers, se marient.
Ils ne savent pas qu’ils sont mes futurs grands-parents paternels et ne le sauront jamais. Mais, le destin a fait que le 10 septembre est un jour très particulier pour nous trois.
Cela devait être le plus beau jour de leur vie… cependant les visages sont graves et un voile de tristesse plane sur l’assemblée. Jules André n’est pas totalement heureux… Adeline Adolphine MARLY, son unique sœur et son époux, Joseph Victor MATHIEU, sont absents.
Et pour cause… un évènement dramatique s’est déroulé, trois heures auparavant, plongeant le couple dans un immense chagrin.
Adeline Adolphine, 35 ans, était enceinte de son septième enfant et a accouché d’un petit garçon mort-né, le matin même, à sept heures. Joseph Victor ira déclarer le décès demain à onze heures accompagné de deux voisins.
L’acte de décès suit l’acte de mariage dans le registre d’état-civil.
La vie reprend ses droits… Les ventres d’Octavie Alphonsine et d’Adeline Adolphine s’arrondissent presque en même temps.
Sept mois plus tard, le 22 avril 1893, Octavie Alphonsine accouche d’un petit garçon nommé Jules Alphonse mais, l’enfant meurt le 8 mai. Joseph Victor MATHIEU, 47 ans, assiste son beau frère, Jules André, lors de la déclaration du décès de l’enfant. Qui mieux qu’un père ayant subit la perte d’un enfant pour accompagner un autre père dans son deuil.
Le temps passe et le malheur frappe encore et encore… Adeline Adolphine accouche une nouvelle fois d’un enfant mort-né, le 13 juillet 1893. Cet enfantement est le dernier pour elle. Elle décède, le lendemain, 14 juillet.
Côté généalogie : J’ai trouvé, récemment, l’acte de décès du premier enfant mort-né d’Adeline Adolphine me permettant de reconstituer la chronologie de ces évènements et cette découverte m’a émue plus que je ne le souhaitais mais,
Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas. (Blaise Pascal)
Sources : Acte de mariage MARLY X WALLON A.D Aisne – Samoussy – 5Mi0111 1863 1892 Vue 233 Acte de décès BB Mathieu A.D Aisne – Samoussy – 5Mi0111 1863-1892 – Vue 234 Météo septembre 1892 : prevision-meteo.ch/almanach/1892
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
-Avis à la population… Marchais est en liesse… Le mardi 21 septembre 1869, Son Altesse Sérénissime, Albert Honoré Charles GRIMALDI, 20 ans, futur Prince Albert 1er de Monaco épouse Lady Mary Victoria de Douglas-Hamilton, 18 ans, dans ce petit village de l’Aisne.
Cette annonce se propage telle une traînée de poudre pour arriver à mes oreilles.
-Vite, pas de temps à perdre ! Je vais assister à cet évènement ! Cela tombe bien, Adolphe André COULON, berger et frère d’Adeline Octavie, Sosa 9, réside dans le village. Il m’hébergera et nous participerons ensemble à la fête.
Marchais abrite un château, dit le « Domaine du Prince », habité par la famille Grimaldi depuis 1854. Cette bâtisse du XVIe siècle est entourée de 2000 hectares de terres agricoles employant la majorité des villageois. Aujourd’hui, la Principauté leur accorde un jour de congé pour la circonstance.
Euphorique, j’arrive devant le château… Que voulez-vous, les années passent et je suis incorrigible… La fleur bleue qui sommeille ne demande qu’à revivre. Je longe les jardins décorés d’où proviennent de joyeuses mélodies et des rires. La gaieté est communicative et les préparatifs de la cérémonie me donnent l’envie de danser et de chanter. J’atteins la demeure d’Adolphe André COULON et de Marie Joséphine LONGUET, son épouse. Je pousse la porte, la maison semble inhabitée. Le silence qui y règne contraste avec l’effervescence ambiante. J’appelle… Personne… Je reste là, décontenancée…
Un passant m’interpelle : – Pauvres gens, vous les trouverez au cimetière, me lance-t-il,
– Que s’est-il passé, dis-je, abasourdie,
– Vous l’ignorez !… Ils enterrent leur dernier né, un nourrisson de quelques jours.
Soudain, le ciel s’obscurcit. Tonnerre et éclairs déchirent l’azur devenu noir. La nouvelle me foudroie… Plus de mariage, plus de danses, ni de chants. De la joie au chagrin, il n’y a qu’un pas… Et ce pas assassin m’étreint le cœur.
Je repars comme je suis venue sans que personne ne me remarque. La vie n’est pas un conte (même pour les princes) et mes ancêtres me rappellent que la nôtre n’est pas faite pour les châteaux.
Côté Histoire :
Par l’entremise de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III), Albert 1er, surnommé « le Prince savant » ou « le Prince navigateur », épouse en 1869 au Château de Marchais, Lady Mary VictoriaHamilton (des ducs d’Hamilton), petite-fille de la grande-duchesse de Bade, Stéphanie de Beauharnais.
Ils ont un fils unique, le prince Louis, né le 12 juillet 1870, dont son père ne fait la connaissance qu’en 1880. Le 3 janvier 1880 a lieu l’annulation du mariage avec Mary Victoria Hamilton par la Cour de Rome. Leur fils est reconnu comme légitime.
Le 10 septembre 1889, le prince Albert Ier accède au trône au décès de son père, Charles III, le jour même, au château de Marchais. Il prend le deuil pour six mois à compter du lendemain.
Albert Ier se remarie civilement le 30 octobre 1889 avec Alice Heine, duchesse douairière de Richelieu, à la Légation de Monaco à Paris et à la mairie du 8e arrondissement. Le 31 octobre, le mariage religieux a lieu en la chapelle de la Nonciature. Le prince a rencontré Alice Heine dix ans auparavant, lors d’un séjour à Madère. Albert et Alice n’auront pas d’enfants. (Source : Wikipédia.fr)
Côté Généalogie :
Adolphe André COULON est le numéro 2 des 3 enfants de Etienne André COULON, Sosa 18 et de Ursule Adélaïde BRASSELET, Sosa 19 (Héroïne de La fillette et la comète)
Il est né le 18 juin 1832 à Chermizy-Ailles (02) Il est tout à tour berger, tisseur et paveur.
Il épouse Marie Joséphine Octavie LONGUET, le 17/04/1860 à Marchais, où le couple demeure quelques années. Le 26/08/1869, Marie Joséphine met au monde un garçon nommé Alfred André Théodore. L’enfant décède 12 jours plus tard.
Adolphe André & Marie Joséphine quittent Marchais pour Reims. Marie Joséphine y décède le 14/02/1880. Adolphe André épouse en secondes noces, Marie Hubertine LEBOURCQ, veuve de Paul WAFFLARD, le 16/10/1880. Adolphe André décède, à son tour, le 01/01/1897, à 64 ans.
Le hasard veut que l’acte de décès d’Alfred André et l’acte de mariage du Prince Albert se suivent dans le registre d’état-civil de Marchais… une invitation fortuite pour une de mes rêveries.
Source Géoportail.gouv.fr
Sources : A.D Aisne – MARCHAIS : -Acte de décès de Alfred André Théodore COULON – 5Mi0538 – 1869 1882 – Vue 24/387 -Acte de mariage de S.A.S. Albert Honoré Charles GRIMALDI & Lady Mary Victoire de Douglas-Hamilton – 5Mi0538 – 1869 1882 – Vue 26/387
Les mois se suivent et ne se ressemblent pas… Alors qu’en mars, je vivais un instant de bonheur… en avril, mes rêveries m’entraînent dans le monde des ténèbres.
Nous sommes le 1er Floréal An V à Saint-Eloy, un village du centre Finistère à l’ouest des Monts d’Arrée, en pleine période révolutionnaire. Si l’Histoire marque les esprits, en Bretagne, les légendes influencent aussi la vie de chacun … Il paraît que des personnages terrifiants rôdent partout… Bien que mon esprit repousse ces croyances, je ne suis pas rassurée d’être seule au milieu de la lande. Et, c’est en courant que je me dirige vers la maison de Guillaume GUILLOU, Sosa 234, au lieu-dit Roz. Le pauvre homme s’est éteint et je suis conviée à ses obsèques.
Anne et Guillaume BILLAND, Sosa 116 et 117, la fille et le gendre du défunt m’accueillent. Anne a tout juste quarante ans et 8 enfants. En l’apercevant, je me souviens qu’elle est la plus jeune mariée de ma généalogie (cliquez) Elle pleure son père qui était âgé de 69 ans, veuf de Corentine HERGOUALCH, maman d’Anne et de Catherine KERNEIS, sa seconde épouse. Je serre Anne dans mes bras… un geste, un silence valent mieux qu’un discours.
Nous pénétrons dans la maison où quelques parents et amis sont réunis dans la pièce commune . La veillée s’organise alors que la nuit tombe. La conversation est animée, chacun racontant ses souvenirs avec le défunt. Un voisin, plus expansif, s’exclame, qu’il y a quelques temps, mon aïeul avait rencontré l’Ankou, ce qui est toujours un mauvais présage.
Je me tourne vers Anne, l’œil interrogateur.
– Qui est cet Ankou ? lui dis-je.
– Chut ! me répond-elle, il vaut mieux éviter de prononcer ce nom !
Je sens la peur et l’angoisse planer autour de nous. Chaque bruit exacerbe l’inquiétude de chacun : le souffle du vent glissant sur la lande, le hululement de la chouette, le grincement des portes, mais aussi, le craquement des bûches incandescentes dans la cheminée. Je frissonne malgré la douce chaleur… mais, perplexe, j’insiste auprès d’Anne pour qu’elle me donne des explications. Effrayée, elle reste muette. C’est Guillaume, son mari, qui me confie à voix basse : -L‘Ankou est le serviteur de la Mort qui collecte l’âme des défunts.
– …???…
Il continue : – Il a l’apparence d’un vieil homme aux cheveux blancs, maigre, couvert d’un feutre à large bords, une cape en velours noirs et il est armé d’une faux. Il se déplace sur une charrette, tirée par un cheval blafard. Deux silhouettes sombres la suivent, la première tenant le cheval par la bride et le second ouvrant les barrières et les portes. Les deux l’aident aussi à ramasser les âmes des défunts, pour les empiler dans la charrette.
– Ne me dites-pas… que vous l’attendez, bredouillé-je, ébranlée par ces révélations.
Je suis en plein cauchemar… J’ai l’impression de me trouver dans un film d’horreur et je n’ai nullement l’envie de rester là, à attendre, la venue d’un zombi… mais, comment disparaître, à mon tour, sans heurter mes hôtes.
Guillaume a compris mon désarroi et me rassure. Il précise que l’Ankou est déjà passé… que je ne crains rien.
– Personne ne l’a vu, ici… c’est bon signe… car seuls, ceux qui vont trépasser dans l’année l’aperçoivent ou l’entendent ! insiste-t-il.
Je reste sans voix… J’ai beau me convaincre qu’il s’agit d’un mythe, cette discussion me déstabilise plus que je ne le veux.
Dans quelques heures, nous nous rendrons en l’église Notre-Dame-du-Fresq dans le bourg de Saint-Eloy pour rendre un dernier hommage à Guillaume GUILLOU et sauf le respect qui lui est dû, j’ai hâte que la cérémonie se termine.
Je n’ai jamais autant souhaité revenir au XXIe siècle… lorsque que je sens quelqu’un m’attraper le bras… Paniquée, je me débats et je hurle : – Au-secours ! Anne, Guillaume…
– Cela ne va pas… encore une de tes rêveries, s’écrie Mr, sur un ton railleur.
J’ouvre les yeux, stupéfaite… Remise de mes émotions, je lui raconte mon histoire en concluant : –Mais, pourquoi m’as-tu secouée… Quelle frayeur ! J’ai cru quec’était lui qui… … Et puis, je n’ai pas eu le temps de dire au revoir à Anne et à Guillaume.
Goguenard, Mr rétorque : -Et bien, retourne les voir ! en me tournant le dos pour vaquer à ses occupations et en me laissant seule avec mes fantômes.
Côté généalogie :
Ligne de vie Guillaume GUILLOU créée avec Frisechrono.fr
Descendance de Guillaume GUILLOU
L’Ankou est une figure importante de la mythologie bretonne. Selon certains érudits, il serait associé au dieu gaulois Sucellos, ayant pour fonction d’assurer la perpétuation des cycles des saisons, l’alternance de la nuit et du jour, de la mort et de la renaissance.
Souvent confondu avec la Mort, il n’en est pourtant que le serviteur. C’est en effet un personnage « psychopompe », il collecte les âmes des défunts dans sa charrette et les conduit dans l’Autre Monde en passant par les Monts d’Arrée. On le retrouve d’ailleurs figurant sur de nombreux calvaires et colonnes des églises bretonnes.
Quand on entend le WIG HA WAG de sa charrette, on sait que quelqu’un va bientôt mourir… On dit que celui qui le voit trépassera dans l’année ! On raconte qu’il est vêtu d’un grand manteau noir ou d’une cape, d’un chapeau à bords larges, que sa tête ne tient qu’à peine sur ses épaules décharnées. Son corps est bien fait de chair et d’os puisqu’il a été jadis l’un des nôtres ! Il prend le corps du dernier mort de l’année qui fera son office pendant un an et une nuit, tenant toujours dans sa main sa faux à la lame retournée pour renverser les trépassés. (Sources : https://broceliande.guide/La-legende-de-l-Ankou)
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
Il y a des matins où on aimerait que tout soit plus léger… un rayon de soleil pour illuminer la maison, un doux parfum pour annoncer le printemps et songer à des jours meilleurs… Et parfois, il suffit d’ouvrir sa porte pour vivre son rêve…
…Ce matin je sors de chez moi Il m’attendait, il était là Il sautillait sur le trottoir Mon Dieu, qu’il était drôle à voir Le p’tit oiseau de toutes les couleurs Le p’tit oiseau de toutes les couleurs Ça faisait longtemps que j’n’avais pas vu Un petit oiseau dans ma rue Je ne sais pas ce qui m’a pris Il faisait beau, je l’ai suivi Le p’tit oiseau de toutes les couleurs Le p’tit oiseau de toutes les couleurs Où tu m’emmènes, dis Où tu m’entraînes, dis Va pas si vite, dis Attends-moi! Comme t’es pressé, dis T’as rendez-vous, dis Là où tu vas, dis J’vais avec toi…
J’ai suivi l’oiseau qui m’a menée jusqu’à Athies-sous-Laon, petit village axonais. Nous sommes le jeudi 20 mars 1845, en fin d’après-midi. Demain sera le vendredi saint annonçant les fêtes de Pâques.
Je me trouve à proximité de la maison de Louis François MEREAUX, Sosa 22. C’est un homme d’âge mur. Il a 43 ans et exerce le métier de cordier. Son visage porte les stigmates d’une vie faite de labeur, de joies et de peines.
Dissimulée derrière un bosquet, je l’observe… Je n’ose pas le déranger. Je sens l’homme fébrile, nerveux et impatient… Il fait les cent pas devant la maison…
A côté de moi, l’oiseau s’est posé sur une branche. Il sautille sur place et semble me dire : – Allez… Vas-y… Vas lui parler !
Je m’approche de Louis François : -Bonjour, Puis-je vous être utile, vous semblez si inquiet !
Il me regarde comme si j’étais une extra-terrestre (ce qui est un peu le cas) -Oui, oui, je suis inquiet ! Marie, ma femme est en train d’accoucher de notre onzième enfantet elle n’est plus toute jeune. (Marie Louise Marceline LAVANCIER, Sosa 23 a 39 ans) C’est une femme solide, mais… Et le bébé à venir, va t-il survivre ? Nous en avons déjà perdu quatre âgés de moins d’un an.
J’aimerai le rassurer, lui dire que tout se passera bien pour la mère et l’enfant… lui dire que c’est une fille qui va naître, qu’elle vivra, qu’elle se mariera à 17 ans, qu’elle habitera à Saint-Denis en région parisienne et qu’elle sera la petite dernière de la famille.
Mais, je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche que des voix s’élèvent dans la maison. La sage-femme sort de la chambre portant un précieux fardeau au creux des bras. Louis François se précipite à l’intérieur. Soulagé, il embrasse Marie et s’émerveille devant cette petite fille que le couple nomme Louise Octavie. Louis François ira la déclarer à la mairie, demain matin, accompagné par deux voisins. Etonnés, ses six frères et sœurs tendent le cou pour observer la petite poupée emmaillotée.
C’est le printemps et l’enfant paraît… Discrètement, je laisse mes ancêtres savourer ces tendres moments d’intimité.
Je retrouve mon petit compagnon à plumes et nous continuons notre voyage…
…On est arrivé sur le port Il chantait de plus en plus fort S’est retourné, m’a regardé Au bout d’la mer s’est envolé J’peux pas voler, dis J’peux pas nager, dis J’suis prisonnier, dis M’en veux pas Et bon voyage, dis Reviens-moi vite, dis Le p’tit oiseau de toutes les couleurs Bon voyage! Reviens vite, dis! Bon voyage!
La réalité me rattrape alors que la radio diffuse les dernières notes de la chanson de Gilbert Bécaud. L’instant d’après, un journaliste annonce qu’aujourd’hui, 20 mars, nous célébrons la Journée Internationale du Bonheur, du Conte et du Moineau… Tout ce qu’il faut pour rédiger un #RDVAncestral !
Qu’en pensez-vous ?
Juste pour le plaisir d’écouter :
Sources : Image gratuite Pixabay : Birds on the tree branch 3610104_1280 YouTube : TempsChronos Acte de naissance de Louise Octavie = A.D Aisne – Athies-sous-Laon-5Mi0095-1843-1852 Vue 71/374
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
Image gratuite Arek SOCHA-Pixabay
-Quel jour, sommes-nous ?
Une petite voix intérieure, me répond : –Nous sommes le 20 février !
-Le 20 février, jour du RDVAncestral ! Dommage, je ne peux pas y participer car je suis invitée à un mariage. Plus précisément, je dois assister à deux mariages.
-Deux mariages, le même jour… Cette coïncidence est étrange pour ne pas dire bizarre.
-Tu as dit bizarre !
–Etrange, bizarre,
-Que diras-tu quand je t’aurai précisé que le futur marié des deux cérémonies est une seule et même personne… Et oui !
Oh ! non… d’un coup, je réalise… les, les… pauvres épouses ! C’est, c’est monstrueux… je ne peux pas être complice de cette mascarade ! Je refuse… je ne veux pas… je n’irai pas…
Je tremble et mes mains sont moites… Que dois-je faire ? Aller trouver le promis pour lui dire ce que je pense de son « modus operandi »… Il n’aurait que ce qu’il mérite ! Aller réconforter les mariées mais, trouverai-je les mots justes pour les consoler… Cette histoire est saugrenue… ce qui doit être un beau jour n’est finalement qu’un mauvais rêve ! Mon esprit est torturé… J’ai envie de crier !
Bip, bip, bip… Je sursaute ! Mon coeur s’emballe ! Quelques instants sont nécessaires pour m’aider à sortir de cette agitation… Bip, bip, bip… C’est l’alarme de mon téléphone qui manifeste… Bip, bip, bip… Je réalise, enfin… Ce n’était qu’un affreux cauchemar !
Il faut vraiment que je cesse de chercher mes ancêtres, le soir. Je me suis endormie sur le clavier de mon ordinateur et… j’ai encore rêvé !
Sur l’écran, mon logiciel de généalogie est ouvert sur la fiche de –Etienne BONNAIRE, clerc laïque à Pierrepont dans l’Aisne (02). Il est né le 26 décembre 1734 à Monceau-le-Waast (02) et est le quatrième des douze enfants d’Etienne, clerc laïque & de Marguerite BALOSSIER, Sosa 172 et 173. J’ai déjà parlé de mes ancêtres,ICI
Le mardi 20 février 1759, Etienne épouse Marie-Françoise CERVEAU à Goudelancourt-lès-Pierrepont (02). Ils ont respectivement 24 et 21 ans. Trois enfants naissent de leur union. Le mardi 20 février 1770, il épouse en secondes noces, Marie Madeleine VAIRON, à Coucy-lès-Eppes (02). Ils ont cinq enfants dont trois décèdent à moins d’un an.
Quel hasard rocambolesque, n’est-ce-pas… Se marier deux fois, le même jour et le même mois mais, fort heureusement, à onze ans d’intervalles !
Fichier personnel Hérédis
Sources : -acte de naissance de Etienne Bonnaire : A.D Aisne -Monceau-le Waast – 2Mi0491 – Vue 121 -acte de mariage Etienne Bonnaire & Marie Françoise Cerveau : A.D Aisne – Goudelancourt-lès-Pierrepont – 2Mi0530 – Vue 42 -acte de mariage Etienne Bonnaire & Marie Madeleine Vairon : A.D Aisne – Coucy-lès-Eppes – 5Mi0525 – Vue 153
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
Il était une fois… en Normandie dans le village de Tournebu…
C’est la veillée de Noël dans la maison de Jacques et Renée (Sosa 2012 et 2013). Le feu crépite dans la cheminée. les flammes dansent et scintillent telles des étoiles. Petits et grands sont blottis autour de l’âtre… Un vieil homme, à la barbe blanche, raconte une histoire transmise depuis la nuit des temps… l’histoire d’un enfant né dans une étable et de trois mages venus le célébrer !
La voix du vieillard raisonne dans la maison silencieuse… Dehors, seul, le vent lui répond de temps en temps tandis que la neige étend son manteau blanc.
L’auditoire recueilli écoute religieusement… les minutes s’égrainent lentement… Minuit va bientôt sonner… Alors, il sera l’heure pour la maisonnée de fêter la naissance de l’enfant roi !
Cette histoire se répète inexorablement depuis plus de deux mille ans. Et parfois, la magie de Noël fait que le conte et la réalité se confondent l’un et l’autre…
Le dimanche 25 décembre 1695, Nicolas (Sosa 1006) et Jeanne, les enfants de Jacques et Renée accompagnent leur père à l’église. Jacques porte un précieux présent dans le creux de ses bras… C’est un bébé… un fils né avec les premières lueurs de ce jour de joie.
François est baptisé le jour même en présence de François JEANNE et Marie LIEGARD, ses parrain et marraine.
Mon conte de Noël s’achève avec ce dernier détail : mon ancêtre se nommait DIEULAFAIT … (et ça, je ne l’ai pas inventé !)
Acte de baptême de François DIEULAFAIT – A.D Calvados – Tournebu – 1692-1792 – Page 29
Descendance de Jacques DIEULAFAIT jusqu’à moi
…C’est l’histoire de la vie Le cycle éternel Qu’un enfant béni Rend immortel…
Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année ! Prenez soin de vous et de tous ceux que vous aimez !
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
J’ai besoin d’évasion et pour ce #RDVAncestral, mes rêveries m’emmènent vers le Ponant, dans le Finistère…
Nous sommes le 26 octobre 1716 et j’arrive devant le manoir de Coatserho situé à Ploujean, à proximité de Morlaix. Le manoir est une bâtisse ancienne autrefois appelée « Coasterhou », ce qui veut dire « bois des amoureux « . Une jeune fille m’attend devant la porte d’entrée.
–Bienvenue !… Entrez ! Je vous attendais… Il faut nous dépêcher… Il reste peu de temps avant le mariage et il y a encore tant à faire !
Nous traversons plusieurs pièces, empruntons un escalier de pierre puis, nous pénétrons dans un boudoir attenant une chambre à coucher. Une robe brodée et ses accessoires sont étalés sur le lit.
– Qu’attendez-vous… Aidez-moi à me vêtir, le temps presse !
Je la regarde, interloquée !
– Vous vous méprenez ! Je ne suis pas là… pour cela ! Je suis venue car je souhaite écrire mon histoire familiale… Je pense que vous appartenez à ma parentèle. Serait-il possible que vous confirmiez mon pressentiment ! En contrepartie, je veux bien vous aider à vous préparer…
Mais, qu’est-ce qui me prend à vouloir jouer les soubrettes ! Je m’épate moi-même, mais il est trop tard pour revenir sur ma proposition.
La demoiselle s’installe devant sa coiffeuse tout en m’observant dans son miroir.
– Que voulez-vous savoir ?
– Tout ! lui dis-je,
Je m’approche d’elle… c’est une jeune fille d’une vingtaine d’année. Elle est si jeune… Que pourrait-elle me dévoiler sur sa vie et celle de ses ancêtres ?
-D’accord, ne perdons pas de temps, répondit-elle ! Je me nomme Marguerite DU PLESSIX, Demoiselle de Kertanguy. J’appartiens à la noblesse de ce pays. Je suis née le 21 juin 1696 à Garlan mais, j’ai grandi, ici même dans le manoir familial. Mon père, Charles Martel DU PLESSIX, Sieur de Kertanguy et écuyer, a épousé en 1694, ma mère, Claudine GUYOMARC’H, alors jeune fille roturière de la paroisse. Ils ont eu deux enfants, moi-même et Jean. Mon frère est mort en bas âge, me laissant seule héritière. Mon père est également né ici en 1655, mais ses lointains ancêtres étaient originaires de Navarre et proches d’Henri IV.
Elle parle et je l’aide à revêtir sa robe de mariée.
-Je partage avec Aliénor d’Aquitaine, Reine de France et d’Angleterre et mère de trois rois, quelques 27 liens de parenté. J’admire cette aïeule qui a sans cesse sillonnél’Europe pour préserver la paix. Plus près de moi, mon grand-père paternel, François DU PLESSIX, est décédé subitement, en 1659, en se rendant à la foire de Guingamp. Il s’était marié en 1642 à Renée de Lanloup avec qui il a eu 13 enfants, mais tous n’ont pas été baptisés. On suppose alors que le curé posa ses conditions à l’inhumation de mon grand-père dans l’église. Ma grand-mère, fille de l’ancien serviteur d’Henri IV, dut se soumettre … Du coup, mon père âgé de 4 ans et deux de ses frères ont été baptisés ensemble « pour urgente nécessité », le dimanche suivant l’inhumation de mon grand-père.
Tout en écoutant son récit, je m’applique à lacer les jupons, le corset… Heureusement que les tenues vestimentaires ont évolué… pensé-je ! Quel travail !
De son côté, Marguerite continue son récit.
– Mon arrière–grand-père, Claude de Lanloup, était un des cent gentilshommes de la chambre d’Henri IV. Quant à mon trisaïeul, Yves de LISCOËT, calviniste et maréchal de camp de ce bon roi Henri, mourut en combattant les espagnols à Crozon. Il était un farouche ennemi de La Ligue. Il perdit sa main droite lors du siège de Carhaix. Voilà, je vous ai tout dit !
Surprise par ses révélations toutes romanesques, je reste silencieuse quelques instants, puis je m’aventure à lui demander :
-Et aujourd’hui, vous vous mariez ! Puis-je savoir qui est l’heureux élu ?
– L’aristocratie voyait en moi un bon parti, mais mon mariage est une mésalliance comme l’union de mes parents. J’épouse l’homme que j’aime… Il se nomme Ollivier MORVAN, un honnête propriétaire cultivateur, lieutenant de la milice paroissiale.
-Je sais qui est Ollivier, répondis-je, Nous avons des ancêtres communs, Allain MORVAN & Perrine GARION. Ils sont mes très lointains ancêtres directs puisqu’il me faut remonter 12 générations et Ollivier est un de leurs arrière-petits-fils. Il descend de leur fils aîné, Ollivier, son grand-père, né en 1626, et je descends d‘Yves, son frère, né en 1635.
-Nous appartenons donc à la même famille, convenons-nous toutes deux, étonnées et ravies.
Je finis d’ajuster la robe et je fixe la coiffe en dentelle dans ses cheveux relevés en chignon.
-Je vous remercie de m’avoir aidée à me parer pour la cérémonie. Je suis fin prête. Désirez-vous m’accompagner ? Je vous présenterai mes parents ainsi que la famille !
-Vous êtes une ravissante mariée ! Je vous souhaite beaucoup de bonheur ! Se marier en octobre est de bon augure, vous pouvez me croire !
Ce moment d’intimité avec Marguerite me ramène à mes propres souvenirs… Nous nous dirigeons vers les pièces de réception du manoir. Un groupe de sonneurs annoncent les invités au son des bombardes et des binious. Les festivités peuvent commencer !
Ollivier et Marguerite regardent sereinement vers l’avenir. L’avenir tient dans leur nombreuse descendance… Ils auront treize enfants. Cependant, leur dernière née sera baptisée le jour du décès de son père, le 16 août 1739. Marguerite, Dame de Kertanguy, s’éteindra le 15 octobre 1747 dans son manoir.
A la fin de mon rêve éveillé, des recherches plus approfondies me révèleront qu’Elisabeth II, Reine d’Angleterre ainsi que S.A.S Albert II, prince souverain de Monaco possèdent également des liens de parenté avec Marguerite DU PLESSIX, dernière héritière des Seigneurs de Coatserhou… Alors, faut-il penser que j’appartiens aussi à leur parentèle ! Je n’ose le croire !
Aujourd’hui, le manoir de Coatserho existe toujours. Il est la propriété de François de Beaulieu et il a fait l’objet d’une importante restauration entre 2010 et 2011.
Sources : Ploujean Patrimoine – Hervé TEURNIER, un de mes cousins à la mode de Bretagne – que je remercie pour tout son travail réalisé sur Ploujean et son histoire. Image : Manoir de Coatserho- Ploujean-Patrimoine
Dessin de la comète de 1811, par Mary Evans – vaonis.com
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
Nous sommes en septembre 1811 et j’ai rendez-vous avec mon Sosa 19, Ursule Adélaïde BRASSELET en Picardie.
Je l’aperçois alors qu’elle quitte la maison de ses parents, Jean-Baptiste, scieur de long et Geneviève LAMBERT à Brayes-en-Laonnois, un petit village axonais.
C’est une fillette âgée de 7 ans, aînée d’une fratrie de trois enfants. Geneviève, leur mère, est décédée, il y a un peu plus d’un mois, le 16 août. Ursule Adélaïde a beaucoup pleuré mais, on lui a dit qu’elle avait atteint l’âge de raison… Donc, à présent, elle doit sécher ses larmes et elle doit travailler.
Ursule Adélaïde, descendante de vignerons et de tonneliers, est placée comme domestique.
– Bonjour… me permets-tu de t’accompagner un moment, lui dis-je doucement.
Elle me regarde et je lis dans ses yeux tant de tristesse que les miens se remplissent de larmes. Je fais un gros effort pour les retenir. Elle est encore si petite, si frêle… Nous marchons côte à côte, silencieuses, sous un soleil de plomb. Nous traversons les coteaux recouverts de vignes où les raisins gorgés sont pleins de promesse.
Je fouille dans mon sac et sors des petits gâteaux. – C’est moi qui les ai confectionnés ! dis-je en souriant En, veux-tu ? Ursule Adélaïde accepte mon cadeau et mange en m’observant… Peu à peu, elle semble moins réservée. – Comment t’appelles-tu, dit-elle en croquant un biscuit ? – Je m’appelle Evelyne… Je viens de loin, de très loin… Nous sommes parentes… Je sais que tu as du chagrin et que ta maman te manque énormément… J’aimerai tant t’aider et te voir sourire.
Nous marchons longtemps en faisant connaissance et nous arrivons, à la nuit tombée, devant la maison des maîtres d’Ursule Adélaïde. Au-dessus de nos têtes, Vénus, l’étoile du berger scintille et des milliers d’autres étoiles brillent peu à peu… Tout à coup, une comète traverse la voûte céleste traînant, derrière elle, sa longue chevelure lumineuse.
Ursule Adélaïde glisse sa main dans la mienne et la serre. – N’aie pas peur ! Tu ne crains rien ! Regarde, c’est magnifique, lui dis-je, éblouie. C’est une grande chance de voir un si beau spectacle !
Autour de nous, les adultes sont moins enthousiastes. Superstitieux, ils voient dans cette bizarrerie un mauvais présage annonciateur de calamités… sans doute la fin du monde !
Je les rassure :
– Non, ce n’est pas la fin du monde… Il s’agit simplement d’un phénomène astronomique ! En mon for intérieur, je pense : -Sinon, je ne serai pas là à écrire ce texte…
Je regarde Ursule Adélaïde tendrement. Notre rencontre s’achève tandis que la comète disparait dans la nuit. En guise d’adieu, je lui confie un secret:
– Quand tu auras de la peine, regarde un ciel étoilé ! Chaque étoile est l’âme d’une personne que nous avons aimée. Ta maman est parmi ces étoiles et veille sur toi !
Courageuse et rassurée, Ursule Adélaïde me sourit, m’embrasse et s’éloigne. Je la regarde entrer dans sa nouvelle maison tout en songeant à sa vie future.
Jean-Baptiste, son père, se remariera et aura trois autres enfants dont deux mourront en bas âge. Le 27 octobre 1829, âgée de 24 ans, Ursule Adélaïde épousera Etienne André COULON, Sosa 18, un berger tisserand. Ils auront quatre enfants. Jean-Baptiste décédera, deux ans plus tard, en 1831. Ursule Adélaïde rejoindra les étoiles à 69 ans, le 27 octobre 1873, à Samoussy (02).
A leur tour, les vignes des coteaux laonnois disparaîtront avec la Première Guerre Mondiale.
En attendant, demain, les raisins seront récoltés, le vin coulera à flot… Ce sera un bon cru ! 1811 restera dans les annales comme une année viticole exceptionnelle autant en quantité qu’en qualité en Europe.
La Grande comète de 1811 (C/1811 F1) est une comète qui fut découverte par Honoré Flaugergues, astronome amateur et juge de paix, à Viviers en Ardèche, le 25 mars 1811. Visible pendant 9 mois à l’œil nu, et 17 mois avec instruments, elle est restée associée à une année d’excellents vins en Europe. Elle est aussi nommée la comète de Napoléon. En Europe, les caractéristiques extrêmement spectaculaires de la comète ont profondément marqué les contemporains. Sa conjonction avec une vague de chaleur inédite a suscité des inquiétudes de fin du monde, dont on trouve des échos dans la littérature de l’époque, même beaucoup plus tard, et dans des ouvrages aussi inattendus que par exemple la Physiologie du goût de Brillat-Savarin, pourtant publiée seulement en 1825, soit 14 ans plus tard. Par la suite, Léon Tolstoï la décrit dans Guerre et Paix comme un présage de mauvais augure. (Source : Wikipédia.fr)