Le bois des amoureux…

Manoir de Coatserho – Ploujean-Patrimoine

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

J’ai besoin d’évasion et pour ce #RDVAncestral, mes rêveries m’emmènent vers le Ponant, dans le Finistère…

Nous sommes le 26 octobre 1716 et j’arrive devant le manoir de Coatserho situé à Ploujean, à proximité de Morlaix.
Le manoir est une bâtisse ancienne autrefois appelée « Coasterhou », ce qui veut dire « bois des amoureux « .
Une jeune fille m’attend devant la porte d’entrée.

Bienvenue !… Entrez ! Je vous attendais…
Il faut nous dépêcher… Il reste peu de temps avant le mariage et il y a encore tant à faire !

Nous traversons plusieurs pièces, empruntons un escalier de pierre puis, nous pénétrons dans un boudoir attenant une chambre à coucher. Une robe brodée et ses accessoires sont étalés sur le lit.

Qu’attendez-vous… Aidez-moi à me vêtir, le temps presse !

Je la regarde, interloquée !

Vous vous méprenez ! Je ne suis pas là… pour cela !
Je suis venue car je souhaite écrire mon histoire familiale… Je pense que vous appartenez à ma parentèle.
Serait-il possible que vous confirmiez mon pressentiment !
En contrepartie, je veux bien vous aider à vous préparer…


Mais, qu’est-ce qui me prend à vouloir jouer les soubrettes ! Je m’épate moi-même, mais il est trop tard pour revenir sur ma proposition.

La demoiselle s’installe devant sa coiffeuse tout en m’observant dans son miroir.

– Que voulez-vous savoir ?

– Tout ! lui dis-je,

Je m’approche d’elle… c’est une jeune fille d’une vingtaine d’année. Elle est si jeune… Que pourrait-elle me dévoiler sur sa vie et celle de ses ancêtres ?

-D’accord, ne perdons pas de temps, répondit-elle !
Je me nomme Marguerite DU PLESSIX, Demoiselle de Kertanguy. J’appartiens à la noblesse de ce pays
.
Je suis née le 21 juin 1696 à Garlan mais, j’ai grandi, ici même dans le manoir familial.
Mon père, Charles Martel DU PLESSIX, Sieur de Kertanguy et écuyer, a épousé en 1694, ma mère, Claudine GUYOMARC’H, alors jeune fille roturière de la paroisse. Ils ont eu deux enfants, moi-même et Jean. Mon frère est mort en bas âge, me laissant seule héritière.
Mon père est également né ici en 1655, mais ses lointains ancêtres étaient originaires de Navarre et proches d’Henri IV.


Elle parle et je l’aide à revêtir sa robe de mariée.

-Je partage avec Aliénor d’Aquitaine, Reine de France et d’Angleterre et mère de trois rois, quelques 27 liens de parenté. J’admire cette aïeule qui a sans cesse sillonné l’Europe pour préserver la paix.
Plus près de moi, mon grand-père paternel, François DU PLESSIX, est décédé subitement, en 1659, en se rendant à la foire de Guingamp. Il s’était marié en 1642 à Renée de Lanloup avec qui il a eu 13 enfants, mais tous n’ont pas été baptisés.
On suppose alors que le curé posa ses conditions à l’inhumation de mon grand-père dans l’église. Ma grand-mère, fille de l’ancien serviteur d’Henri IV, dut se soumettre … Du coup, mon père âgé de 4 ans et deux de ses frères ont été baptisés ensemble « pour urgente nécessité », le dimanche suivant l’inhumation de mon grand-père.


Tout en écoutant son récit, je m’applique à lacer les jupons, le corset… Heureusement que les tenues vestimentaires ont évolué… pensé-je ! Quel travail !

De son côté, Marguerite continue son récit.

– Mon arrièregrand-père, Claude de Lanloup, était un des cent gentilshommes de la chambre d’Henri IV.
Quant à mon trisaïeul, Yves de LISCOËT, calviniste et maréchal de camp de ce bon roi Henri, mourut en combattant les espagnols à Crozon. Il était un farouche ennemi de La Ligue. Il perdit sa main droite lors du siège de Carhaix.
Voilà, je vous ai tout dit !


Surprise par ses révélations toutes romanesques, je reste silencieuse quelques instants, puis je m’aventure à lui demander :

-Et aujourd’hui, vous vous mariez ! Puis-je savoir qui est l’heureux élu ?

– L’aristocratie voyait en moi un bon parti, mais mon mariage est une mésalliance comme l’union de mes parents.
J’épouse l’homme que j’aime… Il se nomme Ollivier MORVAN, un honnête propriétaire cultivateur, lieutenant de la milice paroissiale.

-Je sais qui est Ollivier,
répondis-je,
Nous avons des ancêtres communs, Allain MORVAN & Perrine GARION. Ils sont mes très lointains ancêtres directs puisqu’il me faut remonter 12 générations et Ollivier est un de leurs arrière-petits-fils.
Il descend de leur fils aîné, Ollivier, son grand-père, né en 1626, et je descends

dYves, son frère, né en 1635.

-Nous appartenons donc à la même famille, convenons-nous toutes deux, étonnées et ravies.

Je finis d’ajuster la robe et je fixe la coiffe en dentelle dans ses cheveux relevés en chignon.

-Je vous remercie de m’avoir aidée à me parer pour la cérémonie. Je suis fin prête.
Désirez-vous m’accompagner ? Je vous présenterai mes parents ainsi que la famille !

-Vous êtes une ravissante mariée ! Je vous souhaite beaucoup de bonheur !

Se marier en octobre est de bon augure, vous pouvez me croire !

Ce moment d’intimité avec Marguerite me ramène à mes propres souvenirs… Nous nous dirigeons vers les pièces de réception du manoir.
Un groupe de sonneurs annoncent les invités au son des bombardes et des binious. Les festivités peuvent commencer !

Ollivier et Marguerite regardent sereinement vers l’avenir.
L’avenir tient dans leur nombreuse descendance… Ils auront treize enfants.
Cependant, leur dernière née sera baptisée le jour du décès de son père, le 16 août 1739.
Marguerite, Dame de Kertanguy, s’éteindra le 15 octobre 1747 dans son manoir.

A la fin de mon rêve éveillé, des recherches plus approfondies me révèleront qu’Elisabeth II, Reine d’Angleterre ainsi que S.A.S Albert II, prince souverain de Monaco possèdent également des liens de parenté avec Marguerite DU PLESSIX, dernière héritière des Seigneurs de Coatserhou…
Alors, faut-il penser que j’appartiens aussi à leur parentèle ! Je n’ose le croire !

Aujourd’hui, le manoir de Coatserho existe toujours. Il est la propriété de François de Beaulieu et il a fait l’objet d’une importante restauration entre 2010 et 2011.

Sources :
Ploujean Patrimoine – Hervé TEURNIER, un de mes cousins à la mode de Bretagne – que je remercie pour tout son travail réalisé sur Ploujean et son histoire.
Image : Manoir de Coatserho- Ploujean-Patrimoine






Le manoir de Kervingant…

Depuis plus d’un an, je participe au Challenge #1J1Ancetre, #1J1Collateral, le but étant de mettre en lumière un aïeul ou un collatéral né, marié ou décédé à la date du jour.
J’ai, d’ailleurs, écrit un petit billet sur le sujet, à lire ICI

Mon ancêtre du jour se nomme Guillaume KERVOLLIER.
Il est mon Sosa 478 et il est le fils de Yves et de Anne GUILLOU, Sosa 956-957.
Comme la plupart de mes ancêtres bretons, je suppose qu’il a travaillé la terre.
Le 30 juillet 1726, à Plouégat-Moysan (29), il a épousé, à l’âge de 22 ans, Marguerite LE MERCIER, orpheline et mineure, Sosa 479.
Marguerite a bénéficié, comme il était d’usage en Bretagne au XVIIIe siècle, d’un décret de justice pour se marier lorsque l’on était orphelin de père.
Le couple a eu 12 enfants dont la moitié n’a pas atteint pas l’âge adulte.

Ancêtre du jour dit visite sur les sites de Généanet et Filaé afin de trouver les informations manquantes : il se trouve qu’aujourd’hui, j’ai découvert les dates de décès de Guillaume et de Marguerite.
Une vérification sur le site du Cercle Généalogique du Finistère me confirme l’exactitude des données.

Guillaume est décédé le 24 mai 1754 à l’âge de 50 ans, au Manoir de Kervingant à Trémel (Côtes d’Armor), mais il a été inhumé dans le cimetière de Plouégat-Moysan (Finistère) situé à 3,5 kms de Trémel.

Marguerite est décédée, à l’âge de 64 ans, le 2 février 1769 à Plouégat-Moysan.

Une recherche rapide sur Internet me permet de visualiser Kervingant.
Construite au XVIe siècle, cette bâtisse a d’abord été un manoir, puis une ferme.
Autrefois, l’habitat breton répondait à diverses normes de construction.
Découvrez-les , ici :
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/les-maisons-logis-fermes-et-dependances-sur-le-territoire-de-tremel/2b06727a-edef-4bcc-a712-a06af766c73e :

Source : Patrimoine.bzh

Aujourd’hui, Kervingant est une demeure vouée au tourisme comme le montre la photo de mise en avant.

Le fantôme de Guillaume rode-t’il encore autour de ces belles pierres ?

J’irai sans doute le découvrir à l’occasion, en attendant, je suis ravie et émue de voir les lieux où ont vécu mes ancêtres.

#MaCuisineAncestrale… Les Chocards…

Le rendez-vous mensuel de #MaCuisineAncestrale vous invite en Bretagne, et plus exactement à Yffiniac dans les Côtes d’Armor.
Pendant la seconde moitié de novembre, ce village d’irréductibles gourmands célèbre la fête des chocards (chocarts ou choquards), une spécialité locale.

Cette fête est née au 19ème siècle, sans que l’on connaisse avec exactitude la date. C’était à l’époque un grand événement avec une importante foire aux bestiaux animée par deux bals et une fête foraine.

Et, c’est un certain Mr Domalain,  boulanger local, qui créa le chocard, un chausson fait avec un reste de pâte à pain et des pommes coupées en dés car rien ne se jetait et appelé ainsi, parce qu’en novembre, nichaient dans le clocher de l’église des Choucas, une sorte de corneilles.

Aujourd’hui, le marché aux bestiaux n’existe plus mais les forains sont toujours présents. La fête bat son plein : on s’y amuse, on y danse et on y goûte les chocards.
Et, la pâte à pain a été remplacée par de la pâte feuilletée.

Pour réaliser 4 chocards :

2 abaisses de pâte feuilletée (environ 400 g)
800 g pommes de reinette
125 g de sucre roux
1 citron
1 ou 2 cuillères à café de cannelle selon votre goût
1 jaune d’oeuf

Peler les pommes, couper en deux, ôter le cœur et les pépins
Couper en morceaux
Faire cuire dans une casserole avec 2 cuillères à soupe d’eau, le sucre roux et la cannelle pendant 15 à 20 minutes.
La compote doit rester épaisse et sèche
Incorporer le zeste du citron râpé à la compote et laisser refroidir
Abaisser la pâte feuilletée et découper 8 disques de 18 cm de diamètre (j’ai choisi un emporte-pièce de 14 cm de diamètre)
Répartir la compote sur 4 disques
Humidifier le contour de chaque disque avec un peu d’eau
Recouvrir le tout avec les 4 autres disques
Pincer les bords des disques pour bien les souder
Mélanger le jaune d’œuf avec une cuillerée d’eau
Badigeonner le dessus des chocards
Ranger sur une plaque de cuisson
Cuire au four chauffé à 220° pendant 20 minutes.

Ensuite, c’est la fête pour les papilles et rien ne vous empêche de danser à la mode de Bretagne en dégustant les chocards chauds ou tièdes.

Et en attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait !


Sources :

Dictionnaire gourmand des desserts de nos régions de A à Z
Site : http://www.ouyena.com/specialites/
Carte des départements : cartesfrance.fr
Image : Collection personnelle