Sur les pages d’un cahier d’écolier…

Je viens de recevoir l’acte de décès d’une de mes arrières grands-mères paternelles, Octavie Louise MEREAUX qui est décédée à Athies sous Laon, le 30 octobre 1917.

Scan (1)

 

 

La guerre fait rage… La région picarde se trouve en territoire occupé par l’ennemi et elle le restera pendant quatre ans. Les réquisitions et la pénurie de matières premières obligent la population à se débrouiller et à innover dans leur quotidien.

Les gens survivent… La vie va, bon gré, mal gré !

A Athies,  la mairie ne possédant plus de registres, les actes d’état civil sont transcrits sur des cahiers d’écolier !

Et en découvrant cette simple page,  je ne peux m’empêcher de penser que les civils ont, eux aussi, subi  bien des épreuves !

 

 

Source : Acte de décès Mairie d’Athies sous Laon.

 

 

 

 

Fusillé pour espionnage pendant la Grande Guerre…

Depuis quelques jours, le site « Mémoire des Hommes » a mis en ligne une base concernant les fusillés de la Première Guerre Mondiale. (cliquez pour atteindre la base)

Par curiosité, j’ai effectué une recherche « par département », là où vécurent mes ancêtres. J’ai constaté que chaque département concerné possède son lot de malheureux exécutés.

Mon attention s’est plus particulièrement portée sur l’Aisne.  Dans ce département, j’ai compté onze fusillés : neuf militaires et deux civils, ces derniers ayant été accusés d’espionnage.

La Picardie se trouve dans la zone occupée par l’ennemi. J’ai d’ailleurs écrit un article que vous trouverez, ici. Et dans ces temps où régnaient suspicion, délation, exaction et condamnation, si l’Armée n’a pas épargné ses soldats, elle n’a guère épargné les civils, non plus !

Voici résumé le procès d’un pauvre hère qui a été condamné et exécuté, à mon avis, sommairement  :

Louis Ernest HIRSON dit « Nénès » est né le 15 septembre 1878 à Vailly sur Aisne.  Il mesure 1m60, il est blond et ses yeux sont couleur ardoise. Il est célibataire et exerce le métier de forain et de journalier. Il est décrit comme  marginal vivant au jour le jour et ne travaillant qu’occasionnellement.  Il vit dans une roulotte mais lorsque celle-ci est détruite par les bombardements, il trouve refuge chez des femmes seules du village qui l’hébergent dans leur cave.

Le 19 novembre 1914, il comparait devant le Conseil de Guerre de la VIe Armée à Villers-Cotteret. Il est accusé de vol mais aussi d’avoir entretenu des intelligences avec l’ennemi dans le but de favoriser ses entreprises ; autrement dit, il est un espion.

Il est informé que les témoins assignés contre lui sont le Sieur Louis Harlé, domestique et le Sieur Durrès, Inspecteur de la Police Mobile. Louis Harlé étant hospitalisé, il est représenté par Régnié, gendarme de la Prévôté du quartier général de la VIe Armée.

Le procès débute le 22 novembre à 8:00 par la lecture de plusieurs dépositions dont celles du frère, de la sœur et de la nièce de l’accusé contredisant ses déclarations.

Concernant l’accusation de vol :

En octobre 1914, aidé par un ouvrier, Hirson s’est introduit dans l’usine Wolber sise sur la commune de Vailly et y a dérobé deux enveloppes et deux chambres à air pour équiper son vélo au cas où il serait obligé d’évacuer précipitamment le village. Entre temps, l’usine a été incendiée lors des bombardements.

De plus, lors de son arrestation, Hirson dit posséder la somme de 150 Frs. Mais, en réalité,  il détient 200 Frs et semble l’ignorer… Suspect, suspect… pour un homme qui ne travaille guère ! Il déclare que cet argent représente ses économies depuis trois ans et qu’étant célibataire, ses dépenses sont très succinctes.

Concernant l’accusation d’espionnage :

– Louis Harlé est fait prisonnier par les allemands entre le 3 et le 16 octobre 1914 avant de s’évader. Il a aperçu Hirson, dans la nuit du 5 octobre, dans une tranchée allemande discutant avec un officier, lui communiquant des renseignements sur les troupes anglaises et leur Etat Major dont le Q.G se trouve dans la maison de Mr. Cadot, située à 150 m derrière l’église de Vailly.

Un rapport précise que la zone anglaise a été bombardée mais qu’il est impossible de dire si cela s’est produit lorsque l’Etat Major se trouvait dans la dite maison. Par ailleurs, Vailly étant sous occupation allemande, il n’a pas été possible de découvrir si des personnes avaient vu Hirson pénétrer dans les lignes allemandes. En outre, la gendarmerie connait très bien le jeune Harlé, domestique chez un certain Sieur Vilain, actuellement sous la domination allemande.

– L’inspecteur Durrès rapporte que Hirson est très mal considéré dans la commune et qu’on ne lui connait aucune ressource. Des gens notables du pays ont même déclaré que si Hirson avait de l’argent en sa possession, il était forcément de provenance suspecte.

Dans les documents mis en ligne, je n’ai rien lu concernant la défense du prévenu, à part un télégramme provenant de Paris et émanant du Ministère de l’Intérieur – Sureté Recherches confirmant que Hirson est inconnu à l’identité judiciaire ainsi qu’aux archives centrales du contrôle général.

Le procès a duré deux jours. Le 22 novembre 1914, Hirson est reconnu, à l’unanimité, coupable des chefs d’accusation. Il est condamné à la peine de mort après dégradation civique, ainsi qu’aux frais envers l’Etat.

Le 23 novembre 1914, au petit matin, Louis Ernest Hirson dit « Nénès » est exécuté dans le parc du Château de Villers-Cotteret.

Le 24 novembre 1914, le Greffier du Conseil de Guerre a adressé 200 Frs à la Caisse des Dépôts et Consignations.

 

 

Sources : SHD/GR 11 J 142 – Conseil de guerre – Photo :  SHD

#Généathème : 1 Jour 1 Poilu…

Pour le généathème de novembre, j’ai choisi de vous parler de ma contribution au programme « d’Indexation Collaborative » sur le site « Mémoire des hommes ».

C’est en pensant  aux générations futures  que je me suis, bien volontiers, soumise à cet exercice dont nous fêtons aujourd’hui le premier anniversaire de sa création sous l’égide de Jean-Michel Gilot.

J’ai relevé le défi en débutant par les Poilus de ma commune résidentielle, Verrières le Buisson dans l’Essonne.

Monument aux morts VlB

J’habite à Verrières  depuis de nombreuses années et j’avoue que je ne m’étais jamais vraiment intéressée au passé de ces personnes. A ma décharge, le monument aux Morts se trouve dans le cimetière communal et n’est guère visible pour le promeneur lambda. Je me suis donc rendue sur place pour le photographier.

En septembre dernier, l’Association Historique « Connaissance de Verrières » m’a remis une revue éditée en 2008 à l’occasion de son 40e anniversaire . Cette publication est entièrement consacrée aux Verriérois morts pour la France lors de la Première Guerre Mondiale.

Poilus VlB

Ce document de 195 pages est très bien documenté. Une première partie est consacrée aux Poilus de la commune avec leur biographie,  des textes,  des photos provenant de divers témoignages. La seconde partie est plus générale et relate différents aspects du conflit comme la vie des soldats dans les tranchées.

J’ai, ainsi, découvert que 86 Verriérois avaient perdu la vie en défendant leur Patrie. Leurs noms sont à jamais gravés dans la pierre (ou plus exactement, ici, dans la mosaïque).

Monuments aux morts VlB 2

Cependant, certains n’ont pas été recensés sur le site « Mémoire des Hommes » :

  • Georges Henri ARDILLON ° 06/09/1887 Verrières le Buisson + 07/07/1917 Verrières le Buisson
  • Henri Léon CASTANET ° 24/04/1874 Verrières le Buisson + 07/12/1915
  • Albert GODARD ° 14/04/1886 Mézières en Drouais (Eure & Loir) – Soldat 170e R.I + 13/01/1921 Paris 14e (Seine)
  • Henri Léopold Augustin LANDRY ° 26/09/1878 Ferrière aux Etangs (Orne) + 30/11/1917 Verrières le Buisson
  • Auguste Anatole FEUILLERET ° 03/07/1874 Verrières le Buisson + 19/12/1914 Verrières le Buisson (maladie contractée aux armées)
  • Joseph Marie Philippe LEVEQUE DE VILMORIN ° 21/05/1872 Antony (92) + 29/06/1917 Antony (92)

J’ai transmis ces noms au site « Mémoire des Hommes ». Il semblerait que ces hommes n’aient pas obtenu la mention « Mort pour la France ». Mon interrogation est sans doute naïve, mais tous ces militaires ne se sont’ ils pas battus pour la France ?  Toujours est-il qu’une demande doit être déposée auprès de l’ONAC (Office National des Anciens Combattants) en justifiant des états de service et du décès de chacun ainsi que tout document possédant la mention Mort pour la France ou pouvant aider à l’attribution de la dite mention.

En outre, 16 soldats Verriérois n’ont pas été inscrits sur le monument aux morts de la commune. On trouve leur nom sur des plaques commémoratives  dans d’autres villes :

  • Louis François ARNOUAT ° 06/02/1881 Nevers (Nièvre) – 2e Classe 352e R.I  + 17/09/1914 Fontenoy (Aisne)
  • Michel Auguste Léon BAUDET ° 31/03/1881 Verrières le Buisson – 2e Classe 224e R.I +17/12/1914 Maricourt (Somme)
  • Albert Paul CASTANET ° 26/10/1886 Verrières le Buisson – 2e Classe 98e R.I + 17/10/1918 Roanne (Loire)
  • Georges CASTANET (Frère d’Albert) ° 05/07/1896 – 2e Classe 131e R.I + 30/06/1916 Argonne (Meuse)
  • Eugène Arthur CHENNEVIERE ° 06/02/1885 Trun (Orne)- 2e Classe 54e R.I + 20/06/1915 Calonne (Meuse)
  • Désiré Joseph CORBEHEM ° 24/08/1886 Oisy le Verger (Pas de Calais) – Sapeur mineur 3e R.G + 04/08/1916 Wiencourt l’Equipée ( Somme)
  • Georges Adrien DELORME ° 27/11/1893 + 28/12/1919
  • Victor Léon Eugène FEUILLERET ° 07/04/1874 Verrières le Buisson – 2e Classe 17e R.I.T + 14/08/1918 Epernay (Marne)
  • Ernest Louis LEQUET ° 24/09/1889 Verrières le Buisson – Caporal 332e R.I + 16/04/1917 Berry au Bac (Aisne)
  • Jean-François LORIC ° 09/02/1889 Colpo (Morbihan) – 2e Classe 264e R.I + 24/07/1916 Estrées (Somme)
  • Louis Charles MARCONNES ° 21/07/1893 Paris 4e – 2e Classe 131e R.I + 22/08/1914 Gorcy (Meurthe & Moselle)
  • Eugène Pierre Marie MARTIN ° 02/10/1893 Guillac (Morbihan) – Soldat 123e R.I + 29/07/1919 Verrières le Buisson
  • Charles Henri MOREAU ° 09/09/1882 Sours (Eure & Loir) – 2e Classe 9e Section bis C.G.A + 12/12/1917 St Michel de Maurienne (Savoie)
  • Paul ROUSSEAU ° 1882 Solesmes (Nord)
  • Edmond SERVAT ° 19/10/1884 Paris 6e – 1e Classe 153e R.I + 15/07/1918 Couthiésy (Marne)
  • Albert Léon VINEUX °20/03/1881 Cappy (Somme) 2e Classe 120e R.I + 16/11/1914 Binorville (Marne)

Verrières le Buisson était, également, à l’époque une ville de soins pour les soldats blessés. Une propriété appartenant à un certain Mr Bourrelier servait de maison de repos. Le 55e Régiment d’Infanterie Territoriale était basé sur la commune. Ainsi, les médecins de la garnison ont rendu de grands services auprès de la population civile, notamment lors de l’épidémie de rougeole qui a touché les enfants au printemps 1915.

Puis, pendant le conflit, le statut de « Pupille de la Nation » ayant été instauré par la loi du 29 juillet 1917, plusieurs petits Verriérois  orphelins ont été adoptés par l’Etat.

Aujourd’hui, j’ai découvert une page de l’histoire de ma commune et je continue l’indexation sur le site Mémoire des Hommes !

Et vous, participez-vous également à ce programme ?

 

Sources : L’Historique de Verrières – Connaissance de Verrières

Photos : Collection personnelle

 

 

 

 

#Généathème : 100 mots pour une vie… d’un Poilu…

C’est en débutant « L’indexation Collaborative » sur le site Mémoire des Hommes que j’ai découvert ce jeune Poilu.

Sa fiche matricule militaire m’a appris qu’il était un membre de la famille Achon et j’ai voulu lui rendre ce petit hommage :

Il s’appelait René Jacques ACHON. Né le 9 avril 1897 à Saint-Just près Brioude (43), il était cultivateur.

Soldat 2e classe, il a été incorporé le 8 janvier 1916 au 28è Bataillon de Chasseurs.

Ses supérieurs le décrivaient ainsi :

Bon chasseur, belle attitude au feu, s’est particulièrement distingué le 25/10/1917 à l’assaut des positions ennemies…

Magnifique chasseur d’un allant et d’un entrain merveilleux, le 18/08/1918 à contribuer à enlever une position ennemie particulièrement bien défendue…

Le 31 août 1918, à Juvigny (02), il est tombé glorieusement au champ d’honneur en se portant à l’attaque d’une position ennemie.

René J. a perdu la vie,  gagné une Croix de Guerre et n’avait que 21 ans !

Les termes dithyrambiques utilisés pour le décrire sont révélateurs des mentalités de l’époque ! Ne trouvez-vous pas ?

 

Source : Fiche matricule militaire – AD Cantal- Cote : 1R1730 Image : Chasseur à pied d’Auguste Arnaud (1825-1883) du Pont de l’Alma (Wikipédia)