#ChallengeAZ… P comme Pachade…

En Haute-Loire, du côté de Brioude, la pachade est une crêpe rustique et épaisse semblable à une omelette et cuite sur ses deux faces. Elle peut être salée ou sucrée.
Dans le Cantal, on la nomme « farinette ».

Ce plat populaire auvergnat semble exister depuis la fin du 19e siècle. Il se dégustait surtout en période de Carême, nature ou, pour les plus aisés, avec du sucre et de la  confiture.
Avec le temps, la recette s’est agrémentée d’ingrédients tels que échalotes, oignons, fines herbes, champignons, fromages, pommes de terre râpées, etc. ou dans la version sucrée de fruits de saisons (pommes, pruneaux… )

Jadis, la pachade était un des plats récurents de l’alimentation  dans les campagnes auvergnates . Nos ancêtres la consommait le matin, lors du casse-croûte, entre autres mets. Puis, aux beaux jours, lors de la collation de fin d’après-midi lorsque les paysans travaillaient dans les champs toute la journée.

Pour la version salée, j’ai réalisé une pachade aux pommes de terre :

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Ingrédients pour 4 : 700 g de pommes de terre, 2 œufs, sel & poivre, beurre.

Epluchez les pommes de terre. Lavez-les.
Râpez-les avec une grille moyenne.
Egouttez en pressant entre vos mains sans rincer.
Dans une jatte, mélangez les pommes de terre râpées avec deux œufs entiers –
Salez & poivrez
Personnellement, j’ajoute une cuillère à soupe de crème fraîche (mon côté normand ! )
Faites fondre une noix de beurre dans une poêle.
Versez-y la préparation. Etalez et aplatissez de façon régulière.
Couvrez et faîtes cuire à feu moyen pendant une dizaine de minutes.
Passé ce temps, retournez la pachade en utilisant un plat et glissez-la à nouveau dans la poêle pour cuire la seconde face.
Couvrez et laissez cuire encore une dizaine de minutes.
Les deux côtés de la pachade doivent être bien dorés.

Servez nature avec une salade verte, ou bien accompagnée de charcuterie.

Vous pouvez également agrémenter la préparation selon votre inspiration !

Dans le Sud, on appelle cette recette : crique ou paillasson.

Et pour la version sucrée, j’ai réalisé une pachade aux pommes :

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Ingrédients pour 2/3 : 4 œufs, 4 cuillères à soupe de farine, 3 cuillères à soupe de sucre en poudre , une pincée de sel, 20 cl de lait, une belle pomme.

Dans une jatte, battez les œufs.
Ajoutez le sel, le sucre, la farine tamisée et le lait au fur et à mesure afin d’obtenir une pâte à crêpe.
Epluchez une pomme et coupez la en lamelles
Incorporez à la pâte.
Faites fondre une noix de beurre dans une poêle
Versez le mélange –
Laissez prendre et dorer comme une crêpe.
Retournez la pachade à l’aide d’un plat ou pour les audacieux, faites-la sauter !
Faites cuire l’autre côté.

Servez chaud.

Voilà deux recettes simples qui raviront petits et grands gourmands !

 

 

 

Sources :  Sites Wikipédia – Keldélice.com – Escoutoux.net
Images : Collection personnelle

 

 

 

 

#ChallengeAZ… M comme Milliard…

Ah, si j’étais riche…

Et non, je ne vais pas vous délivrer la recette pour le devenir !

Car avec la lettre M, il n’est pas question d’argent… mais de cerises.

Le milliard est en une déclinaison du clafoutis, version auvergnate !

Il est également appelé : millard, millas, millat, mias, tuillard… Autant de variantes pour un même dessert dont la recette change d’un village à un autre et qui autrefois, était cuit sur des feuilles de chou.

Alors, êtes vous prêts pour gagner préparer un milliard :

Ingrédients pour 4 : 750 g de cerises noires, 3 œufs, 150 g farine, 100 g de sucre, 30 g beurre, un grand verre de lait, sucre vanillé, une pincée de sel

Lavez, séchez, équeutez les cerises, ne pas les dénoyauter
Beurrez un plat à gratin à haut bord 
Versez les cerises dans le plat sur plusieurs rangs
Dans une jatte : versez la farine, le sucre,
Faites une fontaine
Ajoutez les œufs et le sel
Mélangez et versez le lait pour délayer le tout
Versez sur les cerises pour les recouvrir
Ajoutez le beurre coupé en morceaux
Placez le plat dans un four préalablement chauffé à 180° (Th.6/7)
Laissez cuire pendant 30/40 mn
Saupoudrez le sucre vanillé à la sortie du four
Dégustez chaud ou tiède

Notre chère Margaridou écrit : « Les enfants adorent le milliard, qui leur barbouille les lèvres et leur fait des moustaches, c’est un plat familial, honnête, mais qui n’est pas aimé des personnes qui ne savent pas où elles doivent ranger leurs noyaux dans leur assiette. Il est fait pour les gens adroits. »
CQFD…

 

Sources : Margaridou, journal et recettes d’une cuisinière au pays d’Auvergne. Suzanne Robaglia
Photo : Collection personnelle

 

 

 

 

 

 

 

#ChallengeAZ… L comme Lentille verte du Puy-en-Velay…

La lentille verte du Puy-en-Velay a traversé les époques et s’est forgée une belle notoriété.
Cette légumineuse bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée depuis 1996 et d’une appellation d’origine protégée depuis 2008. Elle est produite dans une zone délimitée et sa culture est restée traditionnelle, sans recours aux produits chimiques et à l’irrigation

La lentille est originaire du bassin méditerranéen et fut l’une des premières légumineuses a être domestiquée probablement depuis l’Antiquité.

La Genèse raconte qu’un jour, Esaü, fils d’Isaac et de Rebecca, revint d’une partie de chasse très affamé et qu’il vendit son droit d’ainesse à son jumeau, Jacob, contre un plat de lentilles…

En Arverne, la lentille est attestée depuis 1643 dans la ville du Puy-en-Velay où elle aurait été apportée par les légionnaires romains lors de la conquête de la Gaulle…

Autrefois appelée le caviar des pauvres, elle est, aujourd’hui, inscrite aux menus des grands Chefs.
En Auvergne, elle se déguste traditionnellement en salade ou avec le petit salé.
Mais en hommage aux ancêtres brivadois, je vous propose une recette de lentilles vertes accompagnées de saumon.

Jadis, Brioude était considérée comme la capitale du saumon avant que ce poisson ne disparaisse de l’Allier et de l’Allagnon.

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Ingrédients pour 4 : 200 g de lentilles vertes du Puy – 4 tranches de saumon – 2 carottes – deux échalotes – un bouquet garni – sel & poivre – huile d’olive

Epluchez les échalotes et les carottes – Emincez
Rincez les lentilles – Versez dans une grande casserole
Ajoutez les échalotes, les carottes et le bouquet garni
Couvrez avec de l’eau froide – Poivrez mais salez qu’en fin de cuisson pour éviter que les lentilles ne durcissent
Laisser cuire pendant 20/30 mn
Saisir les tranches de saumon à l’unilatéral (côté peau) dans une poêle pendant quelques minutes.
Retournez côté chair en fin de cuisson – Salez & poivrez
Egouttez les lentilles – Rectifiez l’assaisonnement si nécessaire
Servez le tout arrosé d’un filet d’huile d’olive et parsemé de persil frais.

Voilà une recette du terroir simple et diététique !

 

Sources : Site Wikipédia – http://www.legume-sec.com/lentilles/un-brin-dhistoire/
Images : Une belle pêche au saumon site :  http://cpauvergne.over-blog.com/tag/Brioude/
Photo : Collection personnelle

 

 

 

#ChallengeAZ… E comme Echaudés…

Notre voyage continue et avec la lettre E… Je vous propose une recette ancestrale de la cuisine occitane remontant au Moyen Age.

Les échaudés sont des biscuits qui doivent leur nom au fait qu’ils sont plongés dans l’eau bouillante avant d’être cuits dans un four.
Ce mode de cuisson a la particularité de faire éclater les grains d’amidon contenu dans le gluten, ce qui rend les gâteaux plus digestes et leur permet de se conserver longtemps.
Selon leur terroir, ils sont parfumés avec de l’eau de fleur d’oranger ou avec des graines d’anis. Et ils sont modelés soit en anneaux, soit en tricorne.

Les échaudés sont mentionnés dans une charte de l’Eglise catholique en 1202.
Saint-Louis qui avait interdit aux boulangers de travailler le dimanche et les jours de fête, les autorisait à cuire des échaudés, ces jours-là, pour les pauvres.
La légende raconte que le bon roi aurait emporté des échaudés lors de ses croisades.
Par ailleurs, les pèlerins empruntant les chemins de Saint Jacques de Compostelle se réconfortaient en dégustant des échaudés.

Alors, gentes dames et preux chevaliers, une dégustation d’échaudés vous plairait-elle?

Ingrédients pour 30 échaudés : 500 g de farine – 100 g de sucre Un sachet de levure – 2 œufs – 10 cl de crème liquide – 2 cuillère à soupe d’huile d’olive – Eau de fleur d’oranger ou 10 g graines d’anis – Une pincée de sel – Un jaune d’œuf –

Dans une jatte, mélangez la farine, le sucre, la levure, le sel (et/ou graines d’anis)
Formez une fontaine et ajoutez l’huile, les œufs et la crème (et/ou eau de fleur d’oranger)
Mélangez le tout afin d’obtenir une boule de pâte homogène.
*Etalez la pâte sur 1/2 cm d’épaisseur
*Coupez la pâte en plusieurs cercles à l’aide d’un verre
*Replier les cercles en trois bords égaux vers le centre pour former des petits tricornes.
Recommencez l’opération(*)  jusqu’à épuisement de la pâte
Faites bouillir de l’eau dans une grande casserole.
Plongez les échaudés dans l’eau bouillante jusqu’à ce qu’ils remontent à la surface.
Egouttez les et dorez les avec le jaune d’œuf
Enfournez sur une plaque de cuisson pendant 30 mn Th. 180/200°

 

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Sources : Wikipédia – Histoire de la vie privée des françois, volume 2, P. 294/295 – Pierre J.B. Le Grand Bussy, Laurent Beaupré – 1815
http://deguster.blog.tourisme-aveyron.com/recettes/
Photos : Collection personnelle

 

 

 

 

#ChallengeAZ…. C comme Coufidou…

Après la Picardie, nous descendons vers l’Auvergne et avec la lettre C… Je vous propose une vieille recette paysanne, attestée depuis des temps très reculés.

Aujourd’hui, la viande fait partie de notre alimentation, mais pour nos ancêtres, manger de la viande était un évènement. Elle était donc réservée aux repas de fête.

Le mot « Coufidou » vient de l’Occitan « coufir » qui signifie « mijoter« . Et sous ce nom se cache une daube… une daube auvergnate qui était servie traditionnellement à Pâques ou à Noël !

Pour réaliser un Coufidou :

Ingrédients pour 4 :

0,800 kg à 1 kg de bœuf à braiser ( gîte, macreuse… mais c’est avec de la joue que ce plat est le plus moelleux…) – 2 oignons – 1 gousse d’ail – 2 carottes – 150 g de poitrine demi-sel – 3 cuillères à soupe de saindoux ou 25 g de beurre – Une cuillère à soupe de farine – Un bouquet garni – Une bouteille de vin rouge corsé (75 cl) – Marc d’Auvergne (5 cl) – Sel & Poivre – 

Retirez la couenne  de la poitrine demi-sel et découpez la en lardons
Pelez les oignons et les carottes – Emincez
Pelez la gousse d’ail et écrasez la
Coupez la viande en cubes réguliers pas trop petits
Dans une cocotte à fond épais, faites chauffer le saindoux (ou du beurre avec un peu d’huile)
Versez y les oignons et les carottes  et laissez les blondir doucement
Retirez et remplacez par les lardons. Laissez rissoler.
Retirez les lardons et faites revenir la viande sur tous les côtés Salez & poivrez –
Remettez les oignons, les lardons et la gousse d’ail.
Saupoudrez la farine et remuez bien.
Faites chauffez le Marc d’Auvergne et versez dans la cocotte – Flambez
Mouillez avec le vin rouge – Ajoutez le bouquet garni –
Salez & poivrez
Portez à ébullition quelques instants
B
aissez le feu et laissez mijoter pendant 3 h au moins en couvrant la cocotte
Retirez le bouquet garni
Servez dans un plat creux parsemé de persil frais et accompagné de pommes de terre cuites à l’eau ou pourquoi pas d’un aligot.

Ce plat est économique, peut se préparer à l’avance et être réchauffé.

J’ai réalisé ce Coufidou pour un repas dominical et j’ai acheté de la joue de bœuf pour sa confection.
Je vous le recommande vraiment… La viande est fondante, moelleuse… Un vrai régal… Un repas de fête !

 

 

 

Sources :  http://deguster.blog.tourisme-aveyron.com/recettes/la-recette-traditionnelle-le-coufidou#.VSqK92dO7IU
Photos – collection personnelle

 

 

 

 

 

#Généathème : Gabriel, du Jean-Jean à l’indigent…

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Gabriel CHAZAL est le Sosa 40 de mon époux. Il est né le 23 Nivôse An 3 (12 janvier 1795) à La Roche, commune de Bournoncle Saint-Pierre en Haute-Loire.

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Ses parents, Jean & Marie Merle, sont cultivateurs au même lieu-dit.
Gabriel est l’aîné d’une fratrie de neuf enfants et deviendra, également, cultivateur.

Le 24 novembre 1814, Gabriel a 19 ans et vit chez ses parents. Néanmoins, ce jour-là, accompagné de son père et de son grand-père maternel, il déclare à la mairie, une enfant née la veille à 10h du soir et qu’il nomme Marie.
Elle est le fruit de ses œuvres avec Louise Coutarel, 17 ans.

La paternité n’empêche pas Gabriel, jeune *jean-jean de  partir faire sa conscription. Ses classes effectuées, il devient un  *marche à terre, un sous-pied de guêtre ou un tourlourou. Il porte une *clarinette à cinq pieds garnie d’une fourchette à l’épaule.
Ainsi armé, il rejoint les troupes de Napoléon 1er.

Il est incorporé au 31e Régiment d’Infanterie de Ligne, 4e compagnie, 3e bataillon.
Le 31e RIL est formé en 1814 et participe à la Bataille de Quatre Bras,
prélude à Waterloo et qui a eu lieu le 16 juin 1815.
Le lieu se situe à quelques kilomètres au sud du champ de la grande Bataille.

A son retour, Gabriel épouse Louise, le 27 septembre 1815, à Bournoncle Saint-Pierre.
Un contrat de mariage est établi chez Maître Grenier à Brioude (j’ai demandé ce contrat via le Fil d’Ariane mais malheureusement, je ne l’ai pas encore reçu…)
Le couple a cinq enfants :
– Marie née en 1814
– Françoise ° 1817 + 1818
– Pierre ° 1819 +1842
– Jean ° 1822 +1895
– Louis ° 1825 +1902

Mais, le 13 septembre 1827, Louise décède à  30 ans.
A sa mort, ses enfants vivants ont respectivement : 13, 8, 5, et 2 ans.

Passent trois années , Gabriel qui a 35ans, épouse en secondes noces, Antoinette Serre 24 ans, le 28 juillet 1830 à Léotoing (43).

Quatre mois plus tard, le 24 novembre 1830, c’est au tour de Marie 16 ans, sa fille ainée d’épouser Pierre Granet, 22 ans.

De l’union de Gabriel & d’Antoinette nait :
– Antoine (Sosa 20), le 17 octobre 1834,

mais sa naissance n’est enregistrée à la mairie que le 31 décembre de la même année.
Antoinette ne se relève pas de son accouchement et décède 14 Jours plus tard, le 1er novembre 1834.
Le petit Antoine est orphelin dès sa naissance et n’existe pas civilement pendant deux mois et demi.

En  juillet 1846, Gabriel est recensé à Bournoncle, vivant avec Antoine 12 ans, Jean 24 ans et Louis 22ans, ses trois fils.

Recensement+bournoncle+saint+pierre+1846+CHAZAL

Après douze années de veuvage, il convole une troisième fois, à 51 ans, avec Jeanne Lauvergnat de 20 ans sa cadette, le 1er octobre 1846 à Brassac les Mines dans le Puy de Dôme (63). Le couple réside dans cette commune.
Ils ont deux enfants :

– Pierre ° 29 juin 1847 + le 19 juillet à 20 jours
– Marie ° 10 juin 1848.

Puis, Jeanne s’éteint à son tour, le 30 avril 1852.

En 1857, Gabriel est recensé à Bournoncle Saint-Pierre comme récipiendaire de la médaille de Sainte-Hélène.
Il a 61 ans et dans son dossier, il est annoté qu’il est infirme (a t’il été blessé pendant les guerres napoléoniennes ?) et indigent n’ayant pas obtenu de pension militaire.

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Gabriel est décédé le 30 décembre 1875 à 80 ans à La Roche, le village qui l’a vu naître :

Si Gabriel fut un « invisible« , il eut une vie remplie et mouvementée : une guerre, trois mariages, huit enfants et une médaille !

*Un Jean-jean est un conscrit
– Un marche à terre, un sous-pied de guêtre ou un tourlourou est un fantassin
– La clarinette à cinq-pieds est le fusil et la Fourchette est la baïonnette.
J’ai emprunté ces termes dans le livre : Les soldats d’Empire au quotidien de Jean-Pierre MIR

Sources :
Actes NMD : AD Haute-Loire et Puy de Dôme 6 E 37/2 – 6 E 37/10
Recensements Bournoncle Saint Pierre 6 M 64
Dossier médaille de Sainte-Hélène : AD Haute-Loire et Site : stehelene.org

Mes remerciements à Raymond Caremier pour son aide précieuse.

#Généathème : 100 mots pour une vie… d’un Poilu…

C’est en débutant « L’indexation Collaborative » sur le site Mémoire des Hommes que j’ai découvert ce jeune Poilu.

Sa fiche matricule militaire m’a appris qu’il était un membre de la famille Achon et j’ai voulu lui rendre ce petit hommage :

Il s’appelait René Jacques ACHON. Né le 9 avril 1897 à Saint-Just près Brioude (43), il était cultivateur.

Soldat 2e classe, il a été incorporé le 8 janvier 1916 au 28è Bataillon de Chasseurs.

Ses supérieurs le décrivaient ainsi :

Bon chasseur, belle attitude au feu, s’est particulièrement distingué le 25/10/1917 à l’assaut des positions ennemies…

Magnifique chasseur d’un allant et d’un entrain merveilleux, le 18/08/1918 à contribuer à enlever une position ennemie particulièrement bien défendue…

Le 31 août 1918, à Juvigny (02), il est tombé glorieusement au champ d’honneur en se portant à l’attaque d’une position ennemie.

René J. a perdu la vie,  gagné une Croix de Guerre et n’avait que 21 ans !

Les termes dithyrambiques utilisés pour le décrire sont révélateurs des mentalités de l’époque ! Ne trouvez-vous pas ?

 

Source : Fiche matricule militaire – AD Cantal- Cote : 1R1730 Image : Chasseur à pied d’Auguste Arnaud (1825-1883) du Pont de l’Alma (Wikipédia)

L’affaire de la Tapounelle…

Je vous ai déjà raconté plusieurs chroniques sur Saint Ilpize, ici et

Voici, aujourd’hui, une nouvelle histoire : L’affaire de la Tapounelle !Dont voici le récit :

LA SEIGNEURIE DE SAINT ILPIZE :

Entre le XIVe et le XVIIe siècle, la localité de Saint Ilpize a une très grande vitalité. Située sur les rives escarpées de la rivière Allier, c’est une forteresse qui domine et permet à ses possesseurs de contrôler toute la vallée.

Noble Emo cède la seigneurie de Saint Ilpize en 1201 au Dauphin d’Auvergne. En 1262, Robert 1er assigne la seigneurie à son second fils. Les enceintes du château sont imposantes au point que la ville compte près de 5 000 habitants au XIVe siècle !

La prospérité des lieux se propage jusqu’au XVIIe siècle.

Après avoir subi les outrages de la Guerre de Cent ans où la ville est pillée et brûlée par Thomas de la Marche allié au non moins célèbre Seguin de Badefol, la seigneurie échoit par mariage à Guy d’Amboise pour passer ensuite dans les familles de Luxembourg de Roussy, de Larochefoucault, de Langeac et terminer chez les d’Espinasse en 1698.

Siège d’une prévôté royale en 1781, le château est vendu à la Révolution.

UNE CHAPELLE EST CONSTRUITE A TAPON :

Cassini

Aux côtés de la « grande ville » de Saint Ilpize, à quelques encablures, se trouve le village de Tapon qui compte entre 300 et 400 âmes. Les chemins pour se rendre à Saint Ilpize sont forts malaisés et comportent de nombreux obstacles. Les paroissiens lassés de l’obligation de parcourir régulièrement ces pénibles sentiers sollicitent l’autorisation de construire un lieu de culte.

De généreux donateurs tels qu’Antoine Portal, Antoine et Gilbert Pastourel et bien d’autres donnent 27 livres pour la célébration des messes les dimanches et jours de fête dans le futur bâtiment.

Après bien des vicissitudes, l’évêché leur donne l’autorisation d’édifier une chapelle en 1647.

Dédiée à Saint-Roch, le nouvel édifice est inauguré le 23 novembre 1650 par M. Jean-Baptiste Dorcival, délégué de l’évêque de Saint- Flour. La première messe y est célébrée. Mais un litige oppose le prêtre et sacristain de l’église de St-Ilpize, en la personne de M. Antoine de Vazeille, chanoine régulier de Saint Augustin en l’Abbaye de Pébrac, et les habitants de Tapon. La réception d’offrandes et de cire de reynage par la chapelle de Tapon ne convient pas à l’homme d’église.

Finalement, un accord est trouvé devant Jacques Fournier, tabellion de St-Ilpize, le 25 novembre 1657.  Les Taponais perdent la partie et sont mis dans l’obligation de verser, chaque année au mois d’août, une somme de trois livres au sacristain de St-Ilpize. Cette décision leur permet de conserver les offrandes reçues.

Mais la célébration des messes n’a lieu que les dimanches d’hiver, ce qui ne convient pas aux paroissiens de Tapon. Le 9 avril 1729, ils présentent une requête à l’évêque de St-Flour, Monseigneur Joaquim d’Estaing, afin que l’office dominical soit célébré les dimanches et jours de fête tout au long de l’année.

Après enquête, M. Chalvon, Curé de la paroisse de Saint-Jean de Brioude délivre une ordonnance le 2 juin 1729 par laquelle les messes seront bien célébrées comme demandé moyennant chaque année, pour les habitants de Tapon, de payer la somme de 80 livres au prêtre desservant la chapelle.

Les gens font fondre une cloche qui dorénavant va faire partie de leur quotidien. Cette dernière est bénite le 18 mai 1732 par M. Lamothe alors curé de St-Ilpize et va obtenir de la notoriété sous le nom de « Tapounelle »

La réputation de la chapelle de Tapon arrive jusqu’à Rome où le Pape Clément XII établit deux bulles la concernant. La première accorde une indulgence de 7 ans (9 août 1734), puis une indulgence perpétuelle (31 janvier 1735) à tous ceux qui visiteront la chapelle selon des postures bien déterminées.

Et  jusqu’à la Révolution les choses vont bien se passer.

LA REVOLUTION PASSE PAR LA :

La chapelle est habitée par un particulier, et l’on considère qu’il est convenable d’en sortir la cloche. Le bâtiment est désaffecté et la cloche, d’abord suspendue à un arbre, est mise à l’abri sous un hangar.

Suite aux décrets de 1792 et 1793 relatifs au mobilier des églises désaffectées, la « Tapounelle » est attribuée à St-Ilpize et va être placée dans le clocher de l’église du chef-lieu de la paroisse.

Les Taponais sont mécontents de cette décision car ils gardent le secret espoir de rétablir la chapelle dès que les circonstances deviendront meilleures.

En 1834, à St-Ilpize, le clocher est déplacé dans le donjon du château après consolidation de la tour. Les Taponais semblent avoir oublié leurs intentions sur le devenir de leur cloche.

Mais en 1848, on reconstruit, vraisemblablement dans la précipitation, la chapelle de Tapon et comme il se doit les habitants du village revendiquent la restitution de leur cloche.

Les Ilpidiens sont peu enclin au retour de la « Tapounelle » au bercail ; furieux, les Taponais mènent une opération « manu militari » pour récupérer l’objet du litige.

Cette manœuvre n’est pas du goût des gens de St-Ilpize et sous la houlette du commandant de la Garde Nationale de Brioude, une force armée fait irruption à Tapon et de gré ou de force, récupère la « Tapounelle » qui est ramenée à St-Ilpize après avoir au préalable emprisonné quelques malheureux de Tapon.

Hélas pour les Taponais, la rapidité de construction de la chapelle a entraîné des malfaçons, au point que la voûte de la chapelle s’écroule. Ce nouvel épisode rend caduque le retour de la cloche à Tapon.

Grâce au volontariat des Taponais, la construction de la chapelle est terminée en 1875. L’année suivante, l’évêque du Puy accorde la célébration d’une messe mensuellement et le jour où l’on célèbre la fête patronale à l’occasion de la Saint-Roch.

Mais toujours pas de cloche au clocher !

LES ILPIDIENS TIENNENT A CONSERVER « LA TAPOUNELLE »

A St-Ilpize, les autorités civiles et religieuses tiennent à conserver la « Tapounelle ».

En 1877, soixante chefs de famille de Tapon présentent une pétition au Préfet de la Haute-Loire pour réclamer leur cloche et avant d’agir ils saisissent le Conseil Municipal et le Conseil de Fabrique.

Pour soutenir leur cause, les Taponais proposent de participer largement à l’acquisition d’une cloche pour remplacer leur « Tapounelle » dans le clocher de St-Ilpize.

Malgré cette offre, le 8 avril 1877, on tient un Conseil Municipal Extraordinaire ; les élus communaux considèrent que la moyenne partie des habitants de la commune de St-Ilpize, s’oppose au déplacement de la cloche, la majorité du Conseil suit cette opposition et vote pour ne pas prendre la demande en considération.

Le Conseil de Fabrique, composé de six membres, délibère sur le sujet le 28 avril 1877 ; trois reconnaissent la légitimité de la demande des gens de Tapon et les trois autres sont d’un avis contraire. Parmi ces trois opposants se trouve le Président dont la voix est prépondérante, et on a bien des difficultés à exploiter la décision du Conseil.

Le 22 juillet 1877, les conseillers municipaux maintiennent fermement leur position : on garde la « Tapounelle » à St-Ilpize !

Par exploit d’huissier daté du 10 octobre 1878 présenté au curé de St-Ilpize, détenteur des clés du clocher, les Taponais l’informent qu’ils vont faire opérer, deux jours plus tard, à la récupération de la cloche. Mais l’opposition et la résistance des Ilpidiens sont d’une telle force que les Taponais cèdent à la vindicte.

Le Conseil Municipal de St-Ilpize réexamine la demande des Tapenais le 18 février 1878 ; le refus de restituer la « Tapounelle » est confirmé.

DEVANT LA JUSTICE

Jean Chapaveyre, Trésorier du Conseil de Fabrique est assigné à comparaître le 9 avril 1878 devant le Tribunal Civil de Brioude. Huit jours, plus tard, c’est le Maire,  Jules Pierre Trouillier qui est convoqué.

Ni l’un, ni l’autre ne se présentent à la barre. Par défaut, ils sont condamnés à restituer la cloche par jugement du 28 mai 1878. Les élus communaux contestent le jugement et après bien des vicissitudes, l’affaire est jugée aux audiences des 12 et 13 mars 1879.

Par jugement contradictoire du 30 avril 1879, les Taponais sont déboutés et l’on fait droit à la municipalité de St-Ilpize ; mieux encore, les Taponais sont condamnés aux dépens et ils en sont pour 697 francs et quelques centimes de leur poche.

Rien de tel pour chauffer les esprits et inciter les Taponais à se faire justice…

Par une nuit noire, deux revanchards se faufilent dans les rues de St-Ilpize, grimpent au clocher et frappent furieusement la « Tapounelle » au point de la fêler. Et c’est ainsi que la cloche perdit toute sa résonnance et tous les bienfaits qui lui étaient attribués.

Si la « Tapounelle » annonçait les évènements qu’ils furent joyeux ou parfois bien tristes, lorsque le ciel était noir, prémices de grêle et d’orage, les Ilpidiens la faisaient sonner à toute volée, et pour cause, les battements de la « Tapounelle » avaient, parait-il, le pouvoir de détourner la tempête vers d’autres cieux sauvant ainsi les récoltes des méfaits des intempéries !

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LES HABITANTS DE TAPON SONT TENACES (1848)

En 1848, le village de Tapon comprend 48 foyers et près de 300 habitants.Une cinquantaine d’entre eux sauf François Marcon du lieu de Seniqueute se rendent
chez Maître Regourd notaire à Villeneuve d’Allier pour procéder à l’établissement de
l’acte de création d’une « Société » .Daté du 27 juin 1848, l’acte officiel apporte toutes les précisions sur la constitution de la
société, sur son financement et les conditions de construction de la chapelle (dimensions,
matériaux …etc..).Les « nouveaux actionnaires » font valoir « que le village de Tapon possédait une chapelle
pour l’invocation de Saint Roch et qu’elle était desservie au moyen des revenus de certaines
propriétés ». Ils rappellent que l’éloignement du chef-lieu de la paroisse, les mauvais chemins ,
« d’autres raisons encore » et que le besoin de rétablir la chapelle se fait de plus en plus pressant.L’acte précise que la chapelle sera construite sur la place publique du village située au
Coudert-Haut et que le capital de la dite société est d’un minimum de 1 800 francs.Outre l’apport en argent, « les actionnaires de bonne volonté » accorderont des journées
de prestations en nature et pourront concourir aux travaux de main d’œuvre.La société sera administrée par un Conseil (ou comité) d’agence composé de 5 membres choisis
parmi les actionnaires.
Les actionnaires

  • Belmont Antoine
  • Pastourel Pierre
  • Brun Pierre
  • Fournier Antoine oncle
  • Fournier Antoine neveu
  • Delomenède gendre de Vital Jouve
  • Trioullier Cirgues
  • Trioullier Gabriel
  • Gaspard Michel
  • Augier Jean Baptiste
  • Pastourel Cirgues André
  • Bonafoux Jean
  • Pireyre Jean, Trésorier de la société
  • Tourette Vital représentant défunt Dominique Tourette son père
  • Pagès Jean dit « Paysan »
  • Lazinier Vital
  • Lazinier Antoine dit « Jouzet »
  • Roche Pierre
  • Clément Vital
  • Delorme Vital, Membre du conseil d’agence
  • Souliagoux Guilhaume
  • Robert Jean père, Syndic du Conseil d’agence
  • Chantel Pierre
  • Ramain Jean, gendre Grellat
  • Ramain Vital dit « Galat »
  • Delomenède Cirgues
  • Triouillier Vital, dit « Le Faure »
  • Vigouroux Vital
  • Vigouroux Antoine dit « Blaise »
  • Tixier Vital
  • Ramain Pierre dit « Ponceton »
  • Roche Guilhaume
  • Tixier Gilbert dit « Garrigue »
  • Portal Pierre neveu
  • Gaspard François
  • Bourleyre Pierre, Membre du Conseil d’agence
  • Delomenède Pierre dit « Le Tailleur »
  • Belmont Pierre
  • Rigaud Jacques
  • Ramain Noël
  • Vigouroux Antoine dit « L’Ombret »
  • Triouillier André
  • Lacombe Jean
  • Saby Jacques
  • Rigaud Vital dit « Bioulaigue »
  • Chicoutel Antoine
  • Duffaud Jean « jeune », Président du Conseil d’agence
  • Portal Antoine
  • Esculier Pierre
  • Roche Vital
  • Triouillier Vital
  • Veyrière Pierre
  • Frugier Jean
  • Boyer André
  • Duffaud Jean aîné
  • Ramain Jean-Baptiste dit « Ponceton »
  • Triouillier Anne
  • Marcon François du village de Seniqueute

 

 


SOURCES & BIBLIOGRAPHIE:

Avec l’aimable autorisation de Raymond CAREMIER : http://gw.geneanet.org/symi43

Archives Départementales de la Haute-Loire :

  • Création d’une société pour la construction d’une chapelle dédiée à Saint-Roch au hameau de Tapon – Cote 1J 874,
  • Châteaux de La Haute-Loire – Dix siècles d’Histoire – Maître d’Ouvrage Régis Thomas – Saint-Ilpize – Jacques Raflin – p 304 – Editions Watel (1993)
  • Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » – 1965
  • Sites Internet :
  • Bibliothèque Nationale de France :
    • Almanach de Brioude et de son arrondissement : organe de la Société d’études archéologiques, historiques et littéraires de la région de Brioude – Les Seigneurs de Saint-Ilpize et le Cardinal Dominique de La Rochefoucauld – Georges Paul – 1924

      Septembre 2014