#MaCuisineAncestrale… Les gâteaux de l’âme…

La Toussaint approche et sans doute, irez-vous vous recueillir et fleurir les tombes des personnes que vous avez aimées.
Ma Cuisine Ancestrale, elle, les commémore à sa manière en partageant la recette des gâteaux de l’âme, des biscuits qui posséderaient un pouvoir.

Avant de vous dévoiler ce pouvoir, une petite précision s’impose : la Toussaint n’est pas la fête des morts !
La Toussaint est une fête catholique, instituée au 8ème siècle et célébrée le 1er novembre en l’honneur de tous les saints connus ou inconnus.
Le jour des morts, est célébré officiellement, le 2 novembre.
Le 1er novembre est en France, depuis 1801, l’une des quatre fêtes religieuses chômées contrairement à la fête des morts.
Cette dernière a été créée en 998 par le Monastère bénédictin de Cluny et a été inscrite par l’Église dans son calendrier universel à partir du 13e siècle, mais elle n’est jamais devenue un jour férié.
C’est pour cette raison que nous avons pris l’habitude de nous rendre dans les cimetières le jour de la Toussaint fusionnant ces deux commémorations.

Dans les pays de tradition catholique, des desserts sont confectionnés pour la Toussaint et en souvenir des défunts.
Voici quelques gâteaux, pains ou biscuits réalisés pour ces deux fêtes en France (en cliquant sur leur nom, vous trouverez leur recette) :

  • En Seine-et-Marne, on confectionne des niflettes.
    Les niflettes remonteraient au Moyen-Âge et seraient originaires de la ville de Provins, mais elles pourraient aussi bien provenir de Coulommiers ou de Nangis. 
    Les niflettes étaient préparées pour le 1er novembre.
    Selon la tradition, cette pâtisserie était offerte aux orphelins qui pleuraient devant la tombe de leurs parents, en leur disant « ne flete » qui signifie « ne pleure pas ».
    Cette phrase de consolation serait à l’origine du nom de cette délicieuse pâtisserie.
    Les niflettes sont des petites tartelettes composées d’un rond de pâte feuilletée, garnie de crème pâtissière. Elles se consomment froides ou tièdes, comme dessert mais aussi à n’importe quel autre moment de la journée !
    Pour la recette, je vous invite à visiter le blog : L’arbre de vie de Pascal.
  • Une seconde spécialité régionale de Provins ou de Meaux… nommée Gâteau briard de la Toussaint aurait vu le jour au 18e siècle.
    Certaines pâtisseries et congrégations de la région briarde et de la région parisienne en perpétuent la tradition lors de la fête de la Toussaint.
    C’est un gâteau composé d’une dacquoise à la pistache, d’une crème Chiboust au citron, surmonté de citron confit et de framboise.
  • Dans le nord de la Corse, vers Bastia, on confectionne la Salviata ou Serviade, un gâteau en forme de S.
    J’y avais fait allusion lors de mon #ChallengeAZ en 2015 réservé aux spécialités culinaires de mes ancêtres.
    En Corse du sud, à Bonifacio, on réalise le pain de Bonifacio ou pain des morts, à l’origine appelé « üga siccata« .
    Il est préparé le soir de la Toussaint, la veille de la fête des défunts, et laissé sur la table à l’intention des défunts, mais en réalité il est destiné aux plus pauvres.
    C’est un pain à base de farine, levure de boulanger, eau, beurre, sucre, sel, œufs, lait, raisins secs, noix et citron.
  • En Bretagne, l’usage voulait qu’à la Toussaint, on mange des crêpes de blé noir en prenant soin de garder la « part des morts ». Autrefois, on voyait les enfants aller de village en village, munis d’une sonnette pour quêter la « crêpe des trépassés.
  • Aux confins de la Normandie et de la Picardie, dans le pays de Bray, on mange le Pâté aux poires de Fisée.
    La poire de Fisée ou poire de Fusée ( Fisée étant la forme dialectale normande de fusée)  est une spécialité normande de cette région. 
    La Poire de Fisée serait la Fusée d’Automne, une variété ancienne originaire de Haute-Saxe, mentionnée en 1628 par le procureur du roi  à Orléans. 
    Devenu rare, l’arbre est toujours cultivé dans le nord du département de Seine-Maritime. Sa chair est dure et blanche mais, devient rougeâtre à la cuisson. La poire n’est consommable que cuite sous forme de confitures, de fruits confits et de tarte. Elle est aussi utilisée pour la fabrication du poiré, cidre obtenu à partir des poires.
    Le pâté de poires de Fisée est un gâteau aux senteurs d’automne qui se déguste à la Toussaint autour de Dieppe et de Neufchâtel-en-Bray, période de récolte de ces poires. 
  • En Catalogne, on fabrique des panellets (petits pains), un dessert catalan traditionnel de la Toussaint, consommé à l’occasion de la « Castanyada », fête populaire célébrée la veille ou le jour de la Toussaint, issue d’une ancienne fête rituelle funéraire.
    Ils existeraient depuis le XVIIè siècle où ils étaient considérés comme un aliment béni à partager après certaines fêtes sacrées. 
    Les panellets bénéficient depuis le 2 octobre 2008 de l’appellation européenne « spécialité traditionnelle garantie »
  • Dans les Ardennes françaises et belges, on mange la Rouillotte, une brioche qui se présente sous la forme d’une couronne hérissée de petits pics. Selon les dires des anciens, ces pics représentaient les épines de la couronne du Christ. Autrefois, elle était fabriquée pour les fêtes de la Toussaint et autres cérémonies. Lors des messes de ces célébrations, c’est elle que le prêtre consacrait en remplacement du pain béni.
    Elle est aussi appelée bracelet, boute à bras, tourniot, tournioles, rouillot, rouiette, roulot, caroniot, mayolle, tournisset, wasté

Une fois n’est pas coutume, Ma Cuisine Ancestrale s’invite chez nos voisins Grands-Bretons, pays des soul cakes (traduction anglaise)
Autrefois, les gâteaux de l’âme étaient distribués aux enfants et aux pauvres qui allaient de porte en porte, mendiant l’aumône, le jour de la Toussaint . 
Chaque gâteau mangé libèrerait une âme du purgatoire… J’avoue que cette éventualité m’enchante.
Le don et la réception des gâteaux de l’âme ont commencé au Moyen Âge et sont considérés comme à l’origine du « Trick or Treat » d’All Hallow’s Eve, une fête plus connue sous le nom d’Halloween et célébrée la veille de la Toussaint.
Mais ça, c’est une autre histoire !

Pour réaliser une trentaine de biscuits :

Composition CANVA

Ma petite touche personnelle : j’ai remplacé le vinaigre de vin blanc par du vinaigre balsamique blanc (que j’avais dans mon placard) et j’ai ajouté une cuillère à soupe d’eau pour bien amalgamer la pâte.

Ces sablés ressemblent beaucoup aux shortbreads… So british et parfaits avec le thé !

Ce serait merveilleux qu’en unissant notre goût pour la pâtisserie d’autrefois, ces gâteaux libèrent les âmes… Rien ne nous empêche d’y croire et en attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait !



Sources :
Origine de la Toussaint et de la Fête des morts : Dictionnaire Larousse et lexilogos.com
Recette gâteaux de l’âme : sempereademelizabeth.wordpress.com

Recette des niflettes : larbredeviedepascal.com
Recette de la salviata : les-papilles-sucrees-salees-de-lisulana.over-blog.com

Recette du pain de Bonifacio : www.bonifacio.fr
Recette du pâté aux poires de Fisée : Keldelice.com
Recette des Panellets : jesuisuncuisinier.fr

Recette de la Rouillotte : valdardennetourisme.com
Photos : collection personnelle

Cinquante nuances d’émotion…

Image gratuite Alexandra Haynak de Pixabay

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

La généalogie est un curieux mélange de raison et d’affect.
Personnellement, lors de mes recherches, l’esprit et le cœur sont souvent en conflit, les sentiments l’emportant sur la raison et faisant naître une multitude de nuances émotionnelles comme dans l’histoire qui suit.

Nous sommes le 10 septembre 1892, à Samoussy, dans l’Aisne et la journée s’annonce chaude.
Alors que 10 heures du matin sonnent à l’horloge de la mairie, plusieurs personnes pénètrent dans la salle commune.
Jules André MARLY, 24 ans et Octavie Alphonsine WALLON, 21 ans, tous deux manouvriers, se marient.

Ils ne savent pas qu’ils sont mes futurs grands-parents paternels et ne le sauront jamais.
Mais, le destin a fait que le 10 septembre est un jour très particulier pour nous trois.

Cela devait être le plus beau jour de leur vie… cependant les visages sont graves et un voile de tristesse plane sur l’assemblée.
Jules André n’est pas totalement heureux… Adeline Adolphine MARLY, son unique sœur et son époux, Joseph Victor MATHIEU, sont absents.

Et pour cause… un évènement dramatique s’est déroulé, trois heures auparavant, plongeant le couple dans un immense chagrin.

Adeline Adolphine, 35 ans, était enceinte de son septième enfant et a accouché d’un petit garçon mort-né, le matin même, à sept heures.
Joseph Victor ira déclarer le décès demain à onze heures accompagné de deux voisins.

L’acte de décès suit l’acte de mariage dans le registre d’état-civil.

La vie reprend ses droits… Les ventres d’Octavie Alphonsine et d’Adeline Adolphine s’arrondissent presque en même temps.

Sept mois plus tard, le 22 avril 1893, Octavie Alphonsine accouche d’un petit garçon nommé Jules Alphonse mais, l’enfant meurt le 8 mai.
Joseph Victor MATHIEU, 47 ans, assiste son beau frère, Jules André, lors de la déclaration du décès de l’enfant.
Qui mieux qu’un père ayant subit la perte d’un enfant pour accompagner un autre père dans son deuil.

Le temps passe et le malheur frappe encore et encore… Adeline Adolphine accouche une nouvelle fois d’un enfant mort-né, le 13 juillet 1893.
Cet enfantement est le dernier pour elle. Elle décède, le lendemain, 14 juillet.

Côté généalogie :
J’ai trouvé, récemment, l’acte de décès du premier enfant mort-né d’Adeline Adolphine me permettant de reconstituer la chronologie de ces évènements et cette découverte m’a émue plus que je ne le souhaitais mais,

Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas.
(Blaise Pascal)

Sources :
Acte de mariage MARLY X WALLON A.D Aisne – Samoussy – 5Mi0111 1863 1892 Vue 233
Acte de décès BB Mathieu A.D Aisne – Samoussy – 5Mi0111 1863-1892 – Vue 234
Météo septembre 1892 : prevision-meteo.ch/almanach/1892




#MaCuisineAncestrale… Le Garriguet…

Voyage, voyage… Ma dernière escapade mi-septembre m’a menée aux confins de l’Ariège et de l’Aude. Région ancestrale, elle est chargée d’Histoire mais, elle est aussi réputée pour sa gastronomie, une belle occasion pour rapporter une recette locale.
Cela tombe bien puisqu’il s’agit d’un gâteau cathare dit de voyage !

Mais, qu’est-ce qu’un gâteau de voyage ?
Par définition, c’est un gâteau fait pour les transports, à l’époque où les voyages duraient longtemps et où il était impératif d’avoir des denrées pas trop périssables, pouvant supporter de longs trajets faits à pied, à cheval, en bateau…
Certains gâteaux se conservaient jusqu’à un mois et il en existe autant que de régions.
L’origine de ces pâtisseries est très lointaine puisque les galettes sèches additionnées ou non de miel que les peuples nomades anciens emportaient dans leur migration préfiguraient ces gâteaux de voyage.
(Dictionnaire de la gourmandise -Annie Perrier-Robert)

Aujourd’hui, nous voyageons plus vite mais, un gâteau qui tient la route, c’est toujours appréciable et il n’y a pas de mal à se faire plaisir, même assis dans son canapé.

Sans détour, voici la recette :

Composition CANVA

Il paraît que le Garriguet se conserve un mois… Hum… Je n’ai pas eu le temps de le vérifier 😊

En attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est fait !

Sources :
Recette : Audetourisme.com
Images : collection personnelle