#MaCuisineAncestrale… Le mollet de noce noirmoutrin…

Collection personnelle

En juin, Ma Cuisine Ancestrale raconte le mollet de l’Ile de Noirmoutier.
Autrefois, ce mollet était servi lors des mariages où presque tous les noirmoutrins étaient invités. Il était donc confectionné en très grande quantité et tout en tendresse…

Le jour dit, les mariés suivis par tout le cortège et le joueur de *veuze arrivaient à la mairie de Noirmoutier, en charrette ou à pied. La cérémonie civile terminée, le cortège repartait vers l’église pour la célébration religieuse.
A la fin de la bénédiction nuptiale, le cortège, bras dessus-bras dessous, prenait la direction de la salle du banquet, en s’arrêtant dans presque tous les cafés trouvés le long de la route.

La fête commençait avec la famille, les amis et les voisins… une fête qui durait trois jours. En fait, elle avait commencé la veille avec les préparatifs, le jour même bien sûr et le lendemain des noces.

Les cuisinières s’étaient activées pour préparer les gâteaux qui allaient clore le repas. Il y avait bien sûr le gâteau de la mariée recouvert de dragées et ceux pour les invités. Chaque gâteau était découpé en quatre. Les parts étant énormes, les invités repartaient généralement avec leur morceau enveloppé dans un mouchoir.
Le lendemain, les mariés allaient en offrir aux absents, ceux qui n’avaient pas pu participer à la noce.

Les gâteaux cuisaient dans des fours à bois souvent chauffés avec des sarments de vigne. Par la suite, ce sont les boulangers qui prirent le relais et proposèrent leurs fours aux familles.
Et de nos jours, certains boulangers perpétuent la tradition et continuent à préparer les mollets.

Création CANVA (cliquez sur l’image pour l’agrandir)
Collection personnelle

A noter que cette tradition du gâteau de mariage n’est pas propre à Noirmoutier. Après avoir emprunté le passage du Gois pour rejoindre le continent et parcourir le bocage vendéen, on retrouve cette coutume du gâteau de noces dans de nombreux foyers.

La fête se termine avec une dernière bouchée du mollet de noce et en attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait !

*Veuze : sorte de cornemuse spécifique à la Vendée et au pays nantais

Sources :
Origine du mollet : unecuillereepourpapa.net/le-gateau-de-noce-de-noirmoutier/

Recette : julieandrieu.com/recettes/mollet-de-noce-noirmoutrin-de-pierre
Images : collection personnelle
You Tube : Sur une air de veuze

Le garde-côte…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

Mes rêveries m’emmènent à Ploujean dans le Finistère aux confins des XVIIe et XVIIIe siècle. En ce temps-là, la petite bourgade n’était qu’un quartier de Morlaix, bordé par la rivière Dosenn.

Je me trouve dans l’église de Ploujean, non pas dans la nef comme on pourrait le penser, mais dans le clocher et pour quelqu’un qui a le vertige, la situation est périlleuse.

Je ne suis pas seule dans le lieu… Un de mes ancêtres s’y trouve également.
Revêtu d’un uniforme, il se tient droit, les jambes ancrées dans le sol, les mains dans le dos. Imperturbable, son regard scrute l’horizon.
Sentant ma présence, il se retourne promptement et en me dévisageant, me dit:

-Je t’attendais… Je sais que tu t’interroges sur ma fonction, mais j’ai peu de temps à te consacrer, alors faisons vite… Que veux-tu savoir ?

– Tout, réussis je à balbutier en gardant les yeux mi-clos par peur du vide.

– Et bien… comme tu le sais, je m’appelle Yves STEUN. Je suis ton Sosa 926 et 10 générations nous séparent.
Je suis né le 7 février 1672, ici même. Le 23 janvier 1702, j’ai épousé ton aïeule, Catherine MEL, alors jouvencelle de 17 ans. Aujourd’hui, nous avons 10 enfants.

Actuellement, je suis Lieutenant de la milice des gardes-côtes, un grade similaire à celui d’un lieutenant d’infanterie.

Comme toutes les paroisses situées au bord de la mer ou à moins de deux lieues dans les terres, Morlaix est soumise au guet et à la garde, c’est à dire qu’une milice est présente afin de prévenir les dangers venant de la mer.
Cette surveillance existe depuis le XVIe siècle en Picardie, en Normandie et en Bretagne, mais en on trouve trace dès le Moyen-Âge.

Dans notre région, les provinces des côtes sont divisées en plusieurs capitaineries (20 à 30 selon les périodes). Chaque capitainerie est composée de plusieurs paroisses où sont formées les milices placées sous les ordres d’un capitaine, deux lieutenants, deux sous-lieutenants, quatre sergents, deux tambours, puis les caporaux, *les anspessades et les soldats.

Tous les hommes âgés entre 18 et 60 ans sont tenus de posséder un fusil, une baïonnette, un porte baïonnette, un fourniment avec le cordon, une demi livre de poudre et deux livres de balles, ainsi qu’un uniforme.
Chaque milicien est soumis aux entrainements et à la revue des troupes, une fois par
mois, un dimanche ou un jour de fête.
Toute insoumission est tributaire d’une amende (20 sous) ou d’un emprisonnement (15 jours). Toute abandon de poste est passible d’une condamnation aux galères ou selon les circonstances, de la peine de mort.

Chaque semestre, en mai et en novembre, le Capitaine ou le Major passent en revue les troupes. Ils visitent, également chaque paroisse, une fois par mois en temps de guerre et trois fois par an, en temps de paix.
Si mes supérieurs sont absents, je suis missionné pour les remplacer.

Par ailleurs, les habitants des paroisses doivent construire, par corvée, des corps-de-garde. Ils fournissent les matériaux et le mobilier nécessaire à leur installation.
Les corps-de-garde sont établis le long de la côte et sur les hauteurs. Leur établissement n’a lieu qu’en temps de guerre mais leur emplacement est désigné à l’avance.

Exemple de Corps-de-garde – Baie du Mont St-Michel Collection personnelle

En compensation, les officiers sont exemptés de ban et d’arrière-ban, de la Taille et de toutes les autres impositions et charges de ville.
Dans sa grande générosité, le roi nous abandonne, également, le dixième de ce qui lui revient sur les épaves échouées sur les côtes en temps de guerre
et la moitié des prises faites sur des objets de contrebande.

Voilà, j’espère que mes explications te conviennent… Je dois te quitter… Une inspection a lieu sous peu.
Kénavo !


Sur cet au revoir, mon ancêtre disparait et moi, je reviens au XXIe siècle, rassurée de retrouver la terre ferme.

Après des années consacrées à la surveillance des côtes, Yves STEUN s’est éteint le 12 décembre 1727 à l’âge de 55 ans.
Les milices gardes-côtes ont perduré jusqu’au Premier Empire et ont été supprimées par une ordonnance du 11 août 1815.

De Yves STEUN à moi :

Fichier personnel HEREDIS Roue de descendance

*anspessade : grade de rang inférieur à celui de caporal et supérieur à celui de simple soldat

Sources :
Gallica BnF : les milices gardes-côtes par Léon HENNET (1853-1929)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k840767g/f1.item

Image : Collection personnelle