#RDVAncestral : Une capsule temporelle…

Dans ma grand’ malle aux ancêtres, j’ai découvert une lettre virtuelle… Rien qu’un simple parchemin jauni par le temps et rédigé il y a 270 ans :

Moi, Antoine MARLY, suis votre aïeul. J’ai 52ans et j’arrive au crépuscule de ma vie. J’habite à Erlon, un petit village de l’Aisne, où je suis né le 22 décembre 1692. 

Notre paroisse se situe à environ *5 lieues de Laon.

Comme mon père qui s’appelle aussi Anthoine, je suis charpentier.

J’exerce également la fonction de greffier de la paroisse. Je transcris les actes de baptême, de mariage et de sépulture sur le registre. Je signe les actes en tant que témoin car ici les gens, pour la plupart, ne savent ni lire ni écrire et de plus, les villageois ne parlent que le patois picard.

Avec ma famille, nous habitons une chaumière basse  au toit moussu bâtie en torchis comme la plupart des maisons du village.

Je me suis marié trois fois. Je suis veuf deux fois. De mes trois unions, j’ai 12 enfants (7 filles et 5 garçons) nés entre 1717 et 1744. Mais, six d’entre eux sont morts en bas âge.

Nous appartenons au Royaume de France gouverné par un roi, Louis le Quatorzième, dit le Roi-Soleil…

Notre vie ici-bas est bien tourmentée… Nous devons nous battre contre les éléments… à croire que la colère divine s’est abattue sur nous !

Entre 1692 et 1694, la météo est désastreuse : les hivers sont extrêmement rigoureux, les printemps et les étés très pluvieux. Les faibles récoltes engendrent des famines dans toutes les provinces.  Pour subsister, le pain est fabriqué à partir de fougères ou de glands. La population se nourrit d’herbes bouillies.

En 1694, le *setier de blé atteint le prix record de 52 Livres… du jamais vu ! Le gouvernement ordonne trois jours de procession dans toutes les paroisses du Royaume pour implorer la clémence de Dieu.

Affaibli, le peuple est fauché par une épidémie de fièvres putrides (typhoïde). En deux ans, la démographie passe de 22, 3 millions à 20,7 millions d’habitants.

De plus , notre Roi aime guerroyer. Certes, les guerres agrandissent le Royaume mais elles sont coûteuses. Nous sommes soumis à une hausse des impôts continuelle, et également à en payer de nouveau comme la « capitation ».

Nous connaissons un autre évènement météorologique désastreux pendant les hivers 1709 et 1710 : Un froid polaire envahit le Royaume entraînant crise frumentaire, famine et mortalité.  Les anciens disent n’avoir jamais vu cela. D’ailleurs, cet épisode glaciaire restera dans la mémoire collective comme le « Grand hiver ». Peut-être en entendrez-vous parler ?

Après 54 ans de règne, Louis le Quatorzième trépasse le 1er septembre 1715. Il laisse le Royaume exsangue suite à 33 années de guerre. D’ailleurs, le peuple le regrette à peine…  Il a supporté trop de privations et de souffrances. Il n’a plus de larmes à verser pour le Roi.

En 1720, la peste envahit le sud du Royaume et 120 000 personnes périssent.

En 1723 et 1724, les récoltes sont encore mauvaises et provoquent une autre crise frumentaire. Le prix du pain passe de 3 ou 4 sous à 6 ou 8 sous la livre, alors qu’un manouvrier ne gagne que 10 sous par jour.

L’année suivante, en 1725, l’été est pourri… Pas de récoltes… La famine persiste ! Des émeutes frumentaires éclatent dans les villes à cause de la cherté du pain !

En 1728, une importante disette touche le Royaume !

En 1740, l’hiver est si long et si froid qu’il nous rappelle le « Grand hiver » Là encore, la disette s’installe partout faisant des ravages parmi les vieillards et les enfants.

En 1744, c’est une importante épizootie qui décime le bétail.

Mes chers enfants, je vous souhaite une vie bien meilleure ! Fasse que vous ne connaissiez jamais les affres de la misère, de la famine, et des guerres ! Je prie pour que mon vœu s’accomplisse et que le Ciel soit plus clément avec vous !

Si un jour, l’un d’entre vous trouve cette lettre, qu’il raconte à son tour nos heurs et malheurs afin que l’on ne  nous oublie pas !

Ecrit en l’An de Grâce 1745, le 15 mars.

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*Une lieue équivalant à environ 4 km, Erlon se situe à 20 km de Laon *Un setier pèse 120 kg environ.

 

Antoine MARLY est mon Sosa 128. Il est décédé, à Erlon, le dimanche 6 août 1747 à l’âge de 54 ans.

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Son dernier fils, Jean-François (1744-1805), mon Sosa 64 est manouvrier. Il décède à l’âge de 62 ans.

Son petit-fils, André (1765-1818) mon Sosa 32 est également manouvrier. Il meurt à 52 ans. Il est mendiant.

Tous les descendants d’Antoine sont manouvriers jusqu’à mon grand-père paternel. Des « invisibles » qui connaîtront aussi le courroux du Ciel avec la misère, la faim et les guerres.

 

 

Sources :

Contexte – Thierry Sabot – Editions Thisa

Chronologie de l’Histoire de France – Bescherelle- Editions Hatier

A.D Laon : 5 MI 0493

Monographie Commune d’ Erlon – Histoire et généalogie axonaise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Unis jusque dans la mort…

De tout temps, la Picardie a subi les invasions et les guerres.

Mais, on ne choisit pas l’endroit où l’on nait…  Et mes ancêtres paternels ont, ainsi, vécu entre guerre et paix.

Eppes

A Eppes (jadis Aippes), petit village axonais à l’est de Laon, mes Sosa 34 & 35,  Simon FERY et son épouse Marie Elizabet COCHET dite Babet sont manouvriers.

En 1787, ils se marient le jour de la Saint Sylvestre…  Ce n’est pas la première union pour Simon puisqu’il est veuf de Françoise BOTTIER… Mais, aujourd’hui, leur vie conjugale débute à l’aube d’une nouvelle année. Peut-être, pensent ils que cela est de bon augure ?

Mais, en 1789, la fronde populaire gronde… La Révolution va bouleverser leur existence. Pendant une dizaine d’années, ils vont supporter les contraintes et les misères de cette période.

Simon & Babet ont, au moins, deux enfants :

-Geneviève Séraphine, mon Sosa 17, née le 2 janvier 1791. Elle épouse Jean Charles Casimir MARLY, le 25 février 1829.

-Simon Auguste, né le 21 Messidor An 5 (9Juillet 1797). Il épouse Thérèse MOURAT, le 28 novembre 1820.

A nouveau, en 1814, Simon & Babet endurent les hostilités puisque Napoléon 1er et son armée livrent bataille à la sixième coalition européenne obligeant l’Empereur à abdiquer et entraînant l’occupation de la Picardie par les troupes russes et prussiennes… C’est la Campagne de France ! (cliquez pour accéder au déroulement des opérations militaires)

La vie de Simon et de Babet se passe, ainsi, entre résignation et dénuement…

Puis, le 28 janvier 1815, à 7h00 du matin, Simon, 64 ans, s’éteint dans sa maison.

Deux heures plus tard, c’est au tour de Babet, elle a 54 ans et elle rejoint Simon pour l’éternité.

Ce sont Louis Charles, 48 ans et Jean Antoine Cochet, 56 ans, les frères de Babeth, qui déclarent les décès à la mairie d’Eppes.

+ Simon FERY & Elisabet COCHET 28 janvier 1815

Pourquoi Simon & Babet sont ils décédés simultanément ?

Sont-ils morts d’une maladie due à la période hivernale… Ou bien à cause des calamités engendrées par la Campagne napoléonienne et par l’occupation ennemie tel le typhus qui faisait des ravages à cette époque ?

Je ne le saurai, sans doute, jamais…

Quoi qu’il en soit, découvrir la vie de ses ancêtres est toujours un moment particulier empreint d’émotion… Et ce fut le cas en recevant les deux actes de décès et en découvrant qu’ils étaient conjoints comme l’ont été Simon & Babet dans la vie… puis dans la mort !

 

 

 

 

Sources : actes de décès de Simon FERY & Marie Elizabet Cochet-                     Mairie d’Eppes

Image : Scène de la Campagne de France 1814 – toile d’Horace Vernet – XIXe siècle – Wikimedia Commons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur les pages d’un cahier d’écolier…

Je viens de recevoir l’acte de décès d’une de mes arrières grands-mères paternelles, Octavie Louise MEREAUX qui est décédée à Athies sous Laon, le 30 octobre 1917.

Scan (1)

 

 

La guerre fait rage… La région picarde se trouve en territoire occupé par l’ennemi et elle le restera pendant quatre ans. Les réquisitions et la pénurie de matières premières obligent la population à se débrouiller et à innover dans leur quotidien.

Les gens survivent… La vie va, bon gré, mal gré !

A Athies,  la mairie ne possédant plus de registres, les actes d’état civil sont transcrits sur des cahiers d’écolier !

Et en découvrant cette simple page,  je ne peux m’empêcher de penser que les civils ont, eux aussi, subi  bien des épreuves !

 

 

Source : Acte de décès Mairie d’Athies sous Laon.

 

 

 

 

Fusillé pour espionnage pendant la Grande Guerre…

Depuis quelques jours, le site « Mémoire des Hommes » a mis en ligne une base concernant les fusillés de la Première Guerre Mondiale. (cliquez pour atteindre la base)

Par curiosité, j’ai effectué une recherche « par département », là où vécurent mes ancêtres. J’ai constaté que chaque département concerné possède son lot de malheureux exécutés.

Mon attention s’est plus particulièrement portée sur l’Aisne.  Dans ce département, j’ai compté onze fusillés : neuf militaires et deux civils, ces derniers ayant été accusés d’espionnage.

La Picardie se trouve dans la zone occupée par l’ennemi. J’ai d’ailleurs écrit un article que vous trouverez, ici. Et dans ces temps où régnaient suspicion, délation, exaction et condamnation, si l’Armée n’a pas épargné ses soldats, elle n’a guère épargné les civils, non plus !

Voici résumé le procès d’un pauvre hère qui a été condamné et exécuté, à mon avis, sommairement  :

Louis Ernest HIRSON dit « Nénès » est né le 15 septembre 1878 à Vailly sur Aisne.  Il mesure 1m60, il est blond et ses yeux sont couleur ardoise. Il est célibataire et exerce le métier de forain et de journalier. Il est décrit comme  marginal vivant au jour le jour et ne travaillant qu’occasionnellement.  Il vit dans une roulotte mais lorsque celle-ci est détruite par les bombardements, il trouve refuge chez des femmes seules du village qui l’hébergent dans leur cave.

Le 19 novembre 1914, il comparait devant le Conseil de Guerre de la VIe Armée à Villers-Cotteret. Il est accusé de vol mais aussi d’avoir entretenu des intelligences avec l’ennemi dans le but de favoriser ses entreprises ; autrement dit, il est un espion.

Il est informé que les témoins assignés contre lui sont le Sieur Louis Harlé, domestique et le Sieur Durrès, Inspecteur de la Police Mobile. Louis Harlé étant hospitalisé, il est représenté par Régnié, gendarme de la Prévôté du quartier général de la VIe Armée.

Le procès débute le 22 novembre à 8:00 par la lecture de plusieurs dépositions dont celles du frère, de la sœur et de la nièce de l’accusé contredisant ses déclarations.

Concernant l’accusation de vol :

En octobre 1914, aidé par un ouvrier, Hirson s’est introduit dans l’usine Wolber sise sur la commune de Vailly et y a dérobé deux enveloppes et deux chambres à air pour équiper son vélo au cas où il serait obligé d’évacuer précipitamment le village. Entre temps, l’usine a été incendiée lors des bombardements.

De plus, lors de son arrestation, Hirson dit posséder la somme de 150 Frs. Mais, en réalité,  il détient 200 Frs et semble l’ignorer… Suspect, suspect… pour un homme qui ne travaille guère ! Il déclare que cet argent représente ses économies depuis trois ans et qu’étant célibataire, ses dépenses sont très succinctes.

Concernant l’accusation d’espionnage :

– Louis Harlé est fait prisonnier par les allemands entre le 3 et le 16 octobre 1914 avant de s’évader. Il a aperçu Hirson, dans la nuit du 5 octobre, dans une tranchée allemande discutant avec un officier, lui communiquant des renseignements sur les troupes anglaises et leur Etat Major dont le Q.G se trouve dans la maison de Mr. Cadot, située à 150 m derrière l’église de Vailly.

Un rapport précise que la zone anglaise a été bombardée mais qu’il est impossible de dire si cela s’est produit lorsque l’Etat Major se trouvait dans la dite maison. Par ailleurs, Vailly étant sous occupation allemande, il n’a pas été possible de découvrir si des personnes avaient vu Hirson pénétrer dans les lignes allemandes. En outre, la gendarmerie connait très bien le jeune Harlé, domestique chez un certain Sieur Vilain, actuellement sous la domination allemande.

– L’inspecteur Durrès rapporte que Hirson est très mal considéré dans la commune et qu’on ne lui connait aucune ressource. Des gens notables du pays ont même déclaré que si Hirson avait de l’argent en sa possession, il était forcément de provenance suspecte.

Dans les documents mis en ligne, je n’ai rien lu concernant la défense du prévenu, à part un télégramme provenant de Paris et émanant du Ministère de l’Intérieur – Sureté Recherches confirmant que Hirson est inconnu à l’identité judiciaire ainsi qu’aux archives centrales du contrôle général.

Le procès a duré deux jours. Le 22 novembre 1914, Hirson est reconnu, à l’unanimité, coupable des chefs d’accusation. Il est condamné à la peine de mort après dégradation civique, ainsi qu’aux frais envers l’Etat.

Le 23 novembre 1914, au petit matin, Louis Ernest Hirson dit « Nénès » est exécuté dans le parc du Château de Villers-Cotteret.

Le 24 novembre 1914, le Greffier du Conseil de Guerre a adressé 200 Frs à la Caisse des Dépôts et Consignations.

 

 

Sources : SHD/GR 11 J 142 – Conseil de guerre – Photo :  SHD

#Généathème : Octavie, 100 mots pour une vie…

Il était une fois… Une jeune fille, Octavie, manouvrière de son état qui attendait son prince charmant…

Il se présenta sous les traits d’un jeune homme, Jules, manouvrier également…

Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… Mais la vie n’est pas un conte de fée…

Octavie Wallon, ma grand-mère paternelle épousa Jules Marly, mon grand-père, le 10 septembre 1892 à Samoussy (02).  Ils fondèrent  une grande famille et eurent treize enfants  !

Ils déménagèrent trois fois vraisemblablement à cause du travail.

Une vie de labeur, les  nombreuses grossesses eurent raison de la santé d’ Octavie qui décèda à l’âge de 53 ans en 1923 à Laon.

Mon Grand-père et la justice….

Semaine 3 – du 15 au 21 février : Une découverte que vous n’auriez pas pu faire sans vous rendre aux archives.

Ces services d’archives qui nous manquent tellement depuis des mois, rendons leur hommage en mettant en avant une découverte généalogique que nous n’aurions pas pu faire si nous n’étions pas allé leur rendre visite. Sans ce contrat de mariage, ou cette déclaration de succession, que nous avons dénichée dans une salle de lecture, tant de pistes nous resteraient fermées.

Pour l’occasion, je ressors un article écrit en 2014.

Dans mon billet : Découvrir les traits de caractère de ses ancêtres au travers des archives, je partageais une découverte concernant mon grand-père paternel, Jules Marly.

Pour rappel : mon aïeul avait été, par deux fois, condamné par le tribunal correctionnel de Laon pour coups & blessures et les sanctions pénales ont été  annotées sur sa fiche matricule militaire.

Evidemment, cela a attisé ma curiosité et j’ai voulu en savoir davantage sur ces condamnations.

J’ai donc profité de la période estivale pour me rendre aux Archives départementales de l’Aisne afin d’y consulter les archives judiciaires dans la  série U.

J’ai trouvé les procès-verbaux des deux jugements :

* Le premier datant du 22 mai 1896 :  Mon grand-père, 28 ans, et un acolyte, Prudent Fauchard, tous deux bouviers,  sont appelés à comparaître devant le tribunal de Grande Instance de Laon afin d’y être jugés pour coups & blessures volontaires sur la personne du Sieur Bleu (cela ne s’invente pas) en date du 2 février 1896.

Le greffier a fait lecture du procès-verbal et précise que Jules ne s’est pas présenté malgré plusieurs citations. Le tribunal donne défaut contre lui et ordonne qu’il soit passé outre aux débats.

La preuve étant faite de la culpabilité des deux prévenus : ils sont condamnés à huit jours d’emprisonnement pour coups & blessures volontaires sans qu’il en résulte une incapacité de travail de plus de vingt jours. Ils sont également condamnés aux dépens (frais de justice), soit : vingt quatre francs quatre vingt dix huit centimes.

* Le second datant du 2 mai 1903 : Jules, 35 ans, domestique comparait contre Félix Hemmery, débitant à Samoussy pour coups & blessures volontaires réciproques.

Les deux parties sont présentes ainsi que les témoins.

Après avoir délibéré, attendu que de l’information et des débats il ne résulte pas suffisamment la preuve que le 29 mars 1903, à Samoussy, le prévenu Hemmery a volontairement porté des coups et blessures au sieur Marly ; qu’Hemmery en se défendant contre Marly a repoussé ce dernier qui est tombé et s’est blessé à la tête. Que dans ces conditions, le délit de coups & blessures volontaires ne peut être retenu contre Hemmery.

Mais attendu que de l’information et de ses débats, il résulte suffisamment la preuve, que ledit jour et audit lieu, le prévenu Marly a volontairement porté des coups et fait des blessures au sieur Hemmery, sans qu’il en résulte pour ce dernier, une incapacité de travail de plus de vingt jours.

Attendu que ces faits constituent un délit par l’article 311 du code pénal,

(Petit rappel de l’article 311 : Lorsque les blessures ou les coups, ou autre violence ou voies de fait, n’auront occasionnés aucune maladie ou incapacité de travail personnel de l’espèce mentionnée en l’art. 309, le coupable sera puni d’un emprisonnement de six jours à deux ans et d’une amende de seize francs à deux cents francs, ou de l’une de ces deux peines seulement)

Par ces motifs, le tribunal acquitte Hemmery…

Déclare Marly coupable du délit de coups et blessures volontaires Condamne Marly à cinquante francs d’amende et aux dépens liquidés à vingt deux francs dix-huit centimes.

Le procès verbal précise que Hemmery était assisté d’un avocat, en la personne de Maître Baillet, avocat au barreau de Laon.

Curieusement, il n’est rien précisé concernant mon grand-père.

Quoi qu’il en soit,  les archives sont bavardes : outre les condamnations, j’ai  également appris que mon aïeul avait été bouvier et domestique.

Et ces deux procès-verbaux sont révélateurs  d’une facette de sa personnalité  : il était bagarreur et frondeur !

Personne n’est parfait !

Et vous, avez-vous trouvé des ancêtres « délinquants » ?

Sources : A.D Aisne – Série U : 50 U 81 – 50 U 108 – Image : Collection personnelle

#Généathème : La Seconde Guerre Mondiale… 3

Ce dernier billet sur la Seconde Guerre Mondiale rend hommage à mon père, André Marly, qui fut déporté dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO) :
* Dès 1942, Hitler exige de la France et de la Belgique des ouvriers qualifiés pour combler le manque de main d’œuvre disponible en Allemagne.
Après la défaite de 1940, l’Allemagne avait exigé de la France une énorme contribution de guerre, la réquisition de sa production industrielle et agricole, maintenant, elle exigeait les français eux-mêmes.
Il y eu plusieurs étapes avant que les ouvriers soient envoyés de force en Allemagne. En premier lieu, cette force ouvrière fut constituée de prisonniers de guerre, puis de volontaires (la propagande fut grandement utilisée)…
Fin 1942, Fritz Sauckel, responsable du recrutement des ouvriers lance le principe du travail obligatoire, valable dans la zone occupée ; Laval rédige un décret pour appliquer cette réforme en zone libre.

Le 16 février 1943, la loi sur le Service du Travail Obligatoire est appliquée et stipule que tous les jeunes gens âgés de 20 à 22 ans peuvent être envoyés en Allemagne, peu importe leurs qualifications.
En juin 1943, Sauckel réclame 220 000 hommes, en août 500 000. Il finira par en exiger un million.
La France est le pays qui a fourni la plus grande main-d’œuvre à l’Allemagne pendant la guerre :
400 000 volontaires (qui furent souvent traités de traitres en 1945),
650 000 envoyés de force,
un million de prisonniers de guerre et un million qui travaillaient dans des usines françaises au service de l’ Allemagne.
Au total, 3 000 000 de français travaillèrent pour la machine de guerre allemande, de gré ou de force.

C’est dans ce contexte, qu’André, 33 ans et célibataire, fut recensé dès octobre 1942. Il résidait à Paris et travaillait comme métallurgiste chez Johannes à Saint-Ouen (Seine Saint-Denis).
Il fut déporté en Allemagne le 21 septembre 1943 à Hennigsdorf.

Hennigsdorf est situé au nord-ouest de Berlin, dans le district de Haute Havel, dans le Brandebourg.

Le « kommando extérieur Berlin-Hennigsdorf » était rattaché au KL Sachsenhausen. Ce camp abrita, dès 1936, l’administration du système concentrationnaire sous le sigle I.K.L (Inspektion der Konzentrationslager)
Ses « kommandos extérieurs », au nombre de 70, fournirent l’ensemble de l’industrie du nord de l’Allemagne.

André travailla pour le compte de Borsig-Lokomotive-Werke G.m.b.H, filiale de la société A.E.G. Cette entreprise fabriquait des véhicules ferroviaires et produisit 1230 locomotives entre 1931 et 1944.
Lors de la destruction de Berlin en 1945, l’usine fut démolie à 80 %.

 

Les conditions de vie des travailleurs déportés furent très éprouvantes : des cadences de travail soutenues,  des rations alimentaires insuffisantes,  des contrôles, des brimades, des dortoirs insalubres… Sans oublier les bombardements…
André fut rapatrié le 6 juin 1945 après 624 jours de détention.
A la fin du conflit, les travailleurs déportés dans le cadre du S.T.O furent, également, reconnus comme des victimes des camps nazis.

Sources :
* Le S.T.O. – Site : http://secondeguerre.net
Dossier déporté STO : A. Marly – SHD Caen
Photos :
Usine Borsig-Lokomotiv-Werke – 1940 – Site : http://borsigwalde.eu
Werk-Ausweiss – collection personnelle
Vitrail Eglise de Marols – Monts du Forez
   

Une rencontre inattendue…

Dans mon dernier billet, Généathème : Avril, le mois des Ancêtres, je vous ai raconté ma rencontre imaginaire avec mon grand-père paternel !

En écrivant cet article, je ne me doutais pas que ma rencontre imaginaire se transformerait en une rencontre inattendue !

Parfois, le rêve et la réalité se rejoignent…
La généalogie engendre des « petits miracles »  et procure des instants de bonheur indicible que je ne résiste pas au plaisir de partager :

Mes grands-parents me sont inconnus et je ne possède aucun document familial les concernant hormis leurs actes de naissance, de mariage et de décès trouvés lors de mes recherches aux Archives Départementales ou dans les Mairies.

Mais, il y a quelques jours, Sylvie, une cousine germaine au second degré, m’a contactée via le site Généanet où elle a découvert mon arbre.
Nous ne nous connaissons pas.
Cependant, après avoir échangé quelques courriels, Sylvie m’écrit qu’elle détient une photo de ses arrières grands-parents donc de mes grands-parents…

Aujourd’hui, elle m’a envoyé la photo de Jules André Marly & d’Alphonsine Octavie Wallon.
Et je la remercie infiniment de m’avoir offert ce trésor !

Très émue, je découvre le portrait de mes ancêtres…

Je suppose que la photo a été prise lors d’une cérémonie, sans doute un mariage, car Jules a une boutonnière accrochée de sa veste.
Jules & Alphonsine sont visiblement intimidés et quelque peu empruntés devant l’objectif, mais ne sont-ils pas magnifiques, mes aïeux, surgi du passé !

Et, j’ai envie de leur dire :

« Chers Grands-parents,  

Je suis si heureuse de vous rencontrer… Enfin ! « 

Et vous, avez-vous fait des rencontres inattendues ?

#Généathème : Avril, le mois des Ancêtres…

Lors d’un voyage imaginaire, je musardais dans la campagne.
Chemin faisant, je rencontrais un vieil homme, assis sur un banc de pierre.

-Bonjour…

-Bonjour,
me répondit-il, l’œil malicieux… Que fais-tu ici ?

– Je suis à la recherche de mes ancêtres paternels !
Je participe au généathème organisé par Sophie de la Gazette des Ancêtres et je dois mettre en lumière un de mes aïeux.

Le vieux monsieur tressaillit ! Il me dévisagea…
Visiblement ému,  il me demanda de m’asseoir à coté de lui :

– Je vais te raconter une histoire,
dit-il doucement.

-Je suis arrivé au monde, le mercredi 8 janvier 1868 à 7:00 du matin

Nous sommes sous le Second Empire et Napoléon III est l’empereur des français depuis 15 ans. La France compte un peu plus de 38 millions d’habitants dont 70% sont des ruraux.

Je suis le cadet de la famille. Ma sœur, Adeline, a 12 ans à ma naissance.
Mes parents Joseph & Adeline sont manouvriers, autant dire que nous sommes des gens pauvres mais fiers comme ceux d’ici.

Nous habitons le petit village de Samoussy au nord-est de Laon. Il est bordé par une immense forêt domaniale et des marais et abrite quelques 200 âmes.
On raconte que l’illustre Charlemagne y est né en 771.
Le village est constitué d’une vingtaine de maisons et de quatre grosses fermes qui exploitent les terres alentours et emploient les habitants.
Nous travaillons durement et nous gagnons notre vie chichement.
En été, le salaire moyen est de 3 Frs pour les hommes, 2 Frs pour les femmes et de 1 Frs pour les enfants. L’hiver, les salaires sont inférieurs.
Pour subsister, nous nous nourrissons essentiellement de pommes de terre,  de soupe de légumes et de lard.
Les jours de fête, nous mangeons parfois de la viande.
Le dimanche, durant la belle saison, nous nous rencontrons entre voisins et nous organisons des jeux.
         

-En 1870, j’ai deux ans

… La France déclare la guerre à la Prusse ! Mais après la défaite des français à Sedan, l’ennemi envahit notre région.
Ce n’est pas la première fois, déjà en 1814, les prussiens ont occupé nos campagnes et ont tout dévasté.

Après cette guerre, un décret gouvernemental ordonne aux communes d’ériger des monuments pour commémorer les morts pour la patrie.

A l’école, j’ai appris à écrire, à lire et à compter. D’ailleurs, lors du recrutement militaire, l’armée indique que mon degré d’instruction est de niveau 3.

-Au printemps 1877, Adeline ma sœur, met au monde un fruit défendu : une petite Jeanne Marthe.
Fort heureusement, en octobre de la même année, elle épouse le père de l’enfant : Joseph Victor MATHIEU, un jeune veuf.

Le 14 juillet 1880, nous célébrons pour la première fois la Fête nationale.
Nous jouissons de nouvelles libertés : les réunions publiques sont autorisées et la presse est libre de s’exprimer comme elle le souhaite.
Et Jules FERRY instaure l’école laïque, gratuite et obligatoire.

-Le 8 mars 1889, j’ai 21 ans. Je mesure 1m72. Je suis brun et j’ai les yeux gris. Je m’engage comme volontaire dans l’armée pour cinq ans. J’intègre le 3ème Bataillon d’Artillerie de Forteresse.

Tandis qu’à Paris, un certain Eiffel construit une immense tour en fer pour la grande Exposition Universelle.

-Puis, je passe dans la réserve en mars 1892 et j’entre dans le Bataillon d’artillerie à pied de Maubeuge.
Démobilisé, j’épouse Alphonsine Octavie Wallon, le samedi 10 septembre 1892. C’est une jeune fille du village voisin , Athies-sous-Laon. Elle a 22 ans et elle est manouvrière. Nos parents et nos amis sont présents à la mairie de Samoussy.
Nous signons l’acte de mariage, excepté ma belle-mère et son frère qui ont déclaré ne pas savoir.
Sept mois plus tard, le 22 avril 1893, notre premier enfant vient au monde, un garçon que nous appelons Jules Alphonse. Trop fragile, il ne vit que 17 jours avant de rejoindre les anges.
Puis, le 14 juillet, pendant que le pays est en liesse… nous pleurons la disparition de ma sœur.
Un an après, le 19 juin 1894, Alphonsine accouche d’une petite fille : Elise Germaine. 

Cette même année, la France est secouée par une affaire d’état : un capitaine nommé Dreyfus est accusé de trahison au profit de l’Allemagne. Il est condamné à la dégradation et à la déportation à vie… La controverse divise le pays…!

-Ici, la vie continue et au fil des années, entre 1895 et 1911, nous aurons 11 autres enfants, 4 garçons et 7 filles : Germaine, Julienne, Emilienne, Andréa, Marcelle, René, Ida, Jules, André, Michel et Alice.

-Nous nous installons successivement à Athies-sous-Laon, à Samoussy puis à Gizy ; là où je trouve du travail car je suis également manouvrier et je dois travailler durement pour nourrir mes petits.

Pendant ce temps, une découverte bouleverse le monde…
Les frères Lumière inventent : le cinématographe ! C’est un énorme succès qui attire la foule…

-Mais cela n’amadoue pas mon caractère, je suis querelleur. Par deux fois, je suis condamné pour coups et blessures volontaires par le Tribunal Correctionnel de Laon. La première fois, le 22 mai 1896, par défaut, à huit jours de prison et la seconde fois, le 2 mai 1903, à cinquante francs d’amende.

-Puis, mon père s’éteint le 29 décembre 1902, dans sa maison. Il avait 73 ans.

Il ne connaîtra pas les bouleversements émergents avec la naissance du XXe siècle : le pays s’industrialise néanmoins, dans nos campagnes, les choses évoluent plus lentement.
D’ailleurs, certains d’entre nous vont chercher une vie meilleure dans des contrées lointaines comme l’Algérie.
La République est partisane de la laïcisation et vote, en 1905, la loi sur la séparation de l’Église et de l’Etat.

Et bientôt, des évènements internationaux vont mener l’Europe vers un cataclysme : l’assassinat d’un Archiduc et un jeu d’alliances nous oblige à entrer, de nouveau, en guerre.
En août 1914, plus de trois millions d’hommes sont mobilisés.
Le conflit est mondial !

Pendant quatre ans, notre région est occupée par l’ennemi.
Les tranchées, où les soldats se battent, ne sont qu’à quelques kilomètres à vol d’oiseau de nos habitations.
Nous, les civils, subissons les exactions, les privations et les vexations que les allemands nous infligent.

-Cinq ans après la Première Guerre Mondiale, Alphonsine décède à l’Hôtel-Dieu de Laon, le 16 février 1923.

Tu sais, la guerre nous a traumatisés… Aujourd’hui, certains veulent tourner la page et retrouver l’insouciance d’avant.
Nous vivons les « Années Folles » !
On m’a raconté qu’à Paris, une jeune danseuse noire, Joséphine Baker, se produit dans un spectacle appelé « La Revue Nègre ».

-Moi aussi, j’aspire à une certaine quiétude. Je me remarie avec Marie Elvire VANPUYVELDE, le samedi 7 juillet 1928 à 16:45 à la mairie d’Athies s/Laon…
J’ai 60 ans et je ne veux pas finir ma vie, seul…

Pendant l’été 1936, le Front Populaire fait voter deux lois : la réduction du temps de travail hebdomadaire et l’octroie de deux semaines de congés payés.

Après une période de paix appréciable, la montée du fascisme en Europe, laisse à nouveau, planer le spectre d’un nouveau conflit…
Le 3 septembre 1939, soutenus par le Royaume Uni, nous déclarons la guerre à l’Allemagne.
C’est la Seconde Guerre Mondiale !

-Hélas, je ne verrai pas la fin des combats !
Pour moi, l’ultime moment est arrivé. Je m’éteins le 6 janvier 1942 à 22h00 à mon domicile.
Ainsi, s’achève mon récit…

-Mais, je ne me suis pas présenté,
Je m’appelle Jules André Marly. Je suis ton grand-père…

Signature de Jules André Marly

Sources :
Acte de naissance de Jules : A.D Aisne : 5Mi0111(1863-1892) vue 33
Acte de mariage de Jules & Octavie : Mairie de Samoussy
Acte de décès de Jules : Mairie d’Athies S/Laon
Fiche matricule militaire de Jules : A.D Aisne : 20R051 (1888) 
Acte de mariage de Adeline & Joseph : Mairie de Samoussy
Monographie de la commune de Samoussy : www.genealogie-aisne.com
 Contexte – Thierry Sabot – Editions Thisa
 Bescherelle – Chronologie de l’Histoire de France – Hatier
 Images :
– Collection personnelle – Les carrières d’images aux Baux de Provence
– Carte de Cassini – BNF – http://www.gencom.org
– Construction de la tour Eiffel en 1888 – Gallica -BNF
– Affiche Cinématographe Lumière -Gallica – BNF

Découvrir les traits de caractère de ses ancêtres au travers des archives…

Il est toujours émouvant de découvrir les traits physiques ou les traits de caractère de ses ancêtres, voire surprenant….

Outre les documents ou les photos de famille (lorsque nous en possédons, mais ce n’est pas mon cas), les archives peuvent nous révéler certains détails relatifs au physique ou à la personnalité  de nos aïeux… Les fiches matricules militaires en sont un exemple :

Ainsi en découvrant celle de mon grand-père paternel

– Jules Victor MARLY, né le 8 janvier 1868 à Samoussy dans l’Aisne

J’apprends : qu’il mesurait 1m72, qu’il avait les cheveux et les sourcils noirs, que son visage était ovale, ses yeux étaient gris, son front était petit, son nez était ordinaire et sa bouche était moyenne.

Archives Aisne : FRAD002_20R051_0043 (1888)

 Je découvre, également, qu’il s’était engagé volontairement dans l’armée pour cinq ans, le 8 mars 1889.
Il avait intégré le 3è bataillon d’artillerie de forteresse dans l’armée active, puis le 2è bataillon d’artillerie à pied à Maubeuge.
Il passa dans la réserve le 8 mars 1892, l’armée territoriale en 1902 et il fut libéré de ses obligations militaires en 1915.

Rien d’extraordinaire, me direz-vous ?

Surprise.., la fiche militaire me révèle, également, que mon grand-père fut condamné par deux fois par le tribunal correctionnel de Laon :
– le 22 mai 1896 à huit jours de prison, par défaut, pour coups
– le 2 mai 1903 à cinquante francs d’amende pour coups et blessures volontaires !

Ainsi, mon aïeul aimait la castagne…!

Alors que mon père, à l’opposé, était un homme calme, posé et pacifiste.

Déconcertant, non…

Et vous, avez-vous découvert certains traits de caractère de vos ancêtres au travers des archives ?