#Généathème : Avril, le mois des Ancêtres…

Lors d’un voyage imaginaire, je musardais dans la campagne.
Chemin faisant, je rencontrais un vieil homme, assis sur un banc de pierre.

-Bonjour…

-Bonjour,
me répondit-il, l’œil malicieux… Que fais-tu ici ?

– Je suis à la recherche de mes ancêtres paternels !
Je participe au généathème organisé par Sophie de la Gazette des Ancêtres et je dois mettre en lumière un de mes aïeux.

Le vieux monsieur tressaillit ! Il me dévisagea…
Visiblement ému,  il me demanda de m’asseoir à coté de lui :

– Je vais te raconter une histoire,
dit-il doucement.

-Je suis arrivé au monde, le mercredi 8 janvier 1868 à 7:00 du matin

Nous sommes sous le Second Empire et Napoléon III est l’empereur des français depuis 15 ans. La France compte un peu plus de 38 millions d’habitants dont 70% sont des ruraux.

Je suis le cadet de la famille. Ma sœur, Adeline, a 12 ans à ma naissance.
Mes parents Joseph & Adeline sont manouvriers, autant dire que nous sommes des gens pauvres mais fiers comme ceux d’ici.

Nous habitons le petit village de Samoussy au nord-est de Laon. Il est bordé par une immense forêt domaniale et des marais et abrite quelques 200 âmes.
On raconte que l’illustre Charlemagne y est né en 771.
Le village est constitué d’une vingtaine de maisons et de quatre grosses fermes qui exploitent les terres alentours et emploient les habitants.
Nous travaillons durement et nous gagnons notre vie chichement.
En été, le salaire moyen est de 3 Frs pour les hommes, 2 Frs pour les femmes et de 1 Frs pour les enfants. L’hiver, les salaires sont inférieurs.
Pour subsister, nous nous nourrissons essentiellement de pommes de terre,  de soupe de légumes et de lard.
Les jours de fête, nous mangeons parfois de la viande.
Le dimanche, durant la belle saison, nous nous rencontrons entre voisins et nous organisons des jeux.
         

-En 1870, j’ai deux ans

… La France déclare la guerre à la Prusse ! Mais après la défaite des français à Sedan, l’ennemi envahit notre région.
Ce n’est pas la première fois, déjà en 1814, les prussiens ont occupé nos campagnes et ont tout dévasté.

Après cette guerre, un décret gouvernemental ordonne aux communes d’ériger des monuments pour commémorer les morts pour la patrie.

A l’école, j’ai appris à écrire, à lire et à compter. D’ailleurs, lors du recrutement militaire, l’armée indique que mon degré d’instruction est de niveau 3.

-Au printemps 1877, Adeline ma sœur, met au monde un fruit défendu : une petite Jeanne Marthe.
Fort heureusement, en octobre de la même année, elle épouse le père de l’enfant : Joseph Victor MATHIEU, un jeune veuf.

Le 14 juillet 1880, nous célébrons pour la première fois la Fête nationale.
Nous jouissons de nouvelles libertés : les réunions publiques sont autorisées et la presse est libre de s’exprimer comme elle le souhaite.
Et Jules FERRY instaure l’école laïque, gratuite et obligatoire.

-Le 8 mars 1889, j’ai 21 ans. Je mesure 1m72. Je suis brun et j’ai les yeux gris. Je m’engage comme volontaire dans l’armée pour cinq ans. J’intègre le 3ème Bataillon d’Artillerie de Forteresse.

Tandis qu’à Paris, un certain Eiffel construit une immense tour en fer pour la grande Exposition Universelle.

-Puis, je passe dans la réserve en mars 1892 et j’entre dans le Bataillon d’artillerie à pied de Maubeuge.
Démobilisé, j’épouse Alphonsine Octavie Wallon, le samedi 10 septembre 1892. C’est une jeune fille du village voisin , Athies-sous-Laon. Elle a 22 ans et elle est manouvrière. Nos parents et nos amis sont présents à la mairie de Samoussy.
Nous signons l’acte de mariage, excepté ma belle-mère et son frère qui ont déclaré ne pas savoir.
Sept mois plus tard, le 22 avril 1893, notre premier enfant vient au monde, un garçon que nous appelons Jules Alphonse. Trop fragile, il ne vit que 17 jours avant de rejoindre les anges.
Puis, le 14 juillet, pendant que le pays est en liesse… nous pleurons la disparition de ma sœur.
Un an après, le 19 juin 1894, Alphonsine accouche d’une petite fille : Elise Germaine. 

Cette même année, la France est secouée par une affaire d’état : un capitaine nommé Dreyfus est accusé de trahison au profit de l’Allemagne. Il est condamné à la dégradation et à la déportation à vie… La controverse divise le pays…!

-Ici, la vie continue et au fil des années, entre 1895 et 1911, nous aurons 11 autres enfants, 4 garçons et 7 filles : Germaine, Julienne, Emilienne, Andréa, Marcelle, René, Ida, Jules, André, Michel et Alice.

-Nous nous installons successivement à Athies-sous-Laon, à Samoussy puis à Gizy ; là où je trouve du travail car je suis également manouvrier et je dois travailler durement pour nourrir mes petits.

Pendant ce temps, une découverte bouleverse le monde…
Les frères Lumière inventent : le cinématographe ! C’est un énorme succès qui attire la foule…

-Mais cela n’amadoue pas mon caractère, je suis querelleur. Par deux fois, je suis condamné pour coups et blessures volontaires par le Tribunal Correctionnel de Laon. La première fois, le 22 mai 1896, par défaut, à huit jours de prison et la seconde fois, le 2 mai 1903, à cinquante francs d’amende.

-Puis, mon père s’éteint le 29 décembre 1902, dans sa maison. Il avait 73 ans.

Il ne connaîtra pas les bouleversements émergents avec la naissance du XXe siècle : le pays s’industrialise néanmoins, dans nos campagnes, les choses évoluent plus lentement.
D’ailleurs, certains d’entre nous vont chercher une vie meilleure dans des contrées lointaines comme l’Algérie.
La République est partisane de la laïcisation et vote, en 1905, la loi sur la séparation de l’Église et de l’Etat.

Et bientôt, des évènements internationaux vont mener l’Europe vers un cataclysme : l’assassinat d’un Archiduc et un jeu d’alliances nous oblige à entrer, de nouveau, en guerre.
En août 1914, plus de trois millions d’hommes sont mobilisés.
Le conflit est mondial !

Pendant quatre ans, notre région est occupée par l’ennemi.
Les tranchées, où les soldats se battent, ne sont qu’à quelques kilomètres à vol d’oiseau de nos habitations.
Nous, les civils, subissons les exactions, les privations et les vexations que les allemands nous infligent.

-Cinq ans après la Première Guerre Mondiale, Alphonsine décède à l’Hôtel-Dieu de Laon, le 16 février 1923.

Tu sais, la guerre nous a traumatisés… Aujourd’hui, certains veulent tourner la page et retrouver l’insouciance d’avant.
Nous vivons les « Années Folles » !
On m’a raconté qu’à Paris, une jeune danseuse noire, Joséphine Baker, se produit dans un spectacle appelé « La Revue Nègre ».

-Moi aussi, j’aspire à une certaine quiétude. Je me remarie avec Marie Elvire VANPUYVELDE, le samedi 7 juillet 1928 à 16:45 à la mairie d’Athies s/Laon…
J’ai 60 ans et je ne veux pas finir ma vie, seul…

Pendant l’été 1936, le Front Populaire fait voter deux lois : la réduction du temps de travail hebdomadaire et l’octroie de deux semaines de congés payés.

Après une période de paix appréciable, la montée du fascisme en Europe, laisse à nouveau, planer le spectre d’un nouveau conflit…
Le 3 septembre 1939, soutenus par le Royaume Uni, nous déclarons la guerre à l’Allemagne.
C’est la Seconde Guerre Mondiale !

-Hélas, je ne verrai pas la fin des combats !
Pour moi, l’ultime moment est arrivé. Je m’éteins le 6 janvier 1942 à 22h00 à mon domicile.
Ainsi, s’achève mon récit…

-Mais, je ne me suis pas présenté,
Je m’appelle Jules André Marly. Je suis ton grand-père…

Signature de Jules André Marly

Sources :
Acte de naissance de Jules : A.D Aisne : 5Mi0111(1863-1892) vue 33
Acte de mariage de Jules & Octavie : Mairie de Samoussy
Acte de décès de Jules : Mairie d’Athies S/Laon
Fiche matricule militaire de Jules : A.D Aisne : 20R051 (1888) 
Acte de mariage de Adeline & Joseph : Mairie de Samoussy
Monographie de la commune de Samoussy : www.genealogie-aisne.com
 Contexte – Thierry Sabot – Editions Thisa
 Bescherelle – Chronologie de l’Histoire de France – Hatier
 Images :
– Collection personnelle – Les carrières d’images aux Baux de Provence
– Carte de Cassini – BNF – http://www.gencom.org
– Construction de la tour Eiffel en 1888 – Gallica -BNF
– Affiche Cinématographe Lumière -Gallica – BNF

La Revue Française de Généalogie…

Avez-vous déjà éprouvé ce délicieux moment où un petit frisson vous envahit comme si  « un inconnu vous offrait des fleurs » ?

Et bien, c’est ce que j’ai ressenti, aujourd’hui…

La raison de ce bonheur est la lecture de la
Revue Française de Généalogie n° 211 (avril-mai 2014)
accompagnée d’un hors série n° 38 :
Généalogie et histoire familiale sur Internet !

Avec ce numéro spécial,  la RFG s’intéresse au monde des généablogueurs.

Dans la revue, vous trouverez des astuces et des conseils, les blogs qui ont participé au Challenge AZ 2013 organisé par Sophie Boudarel de la Gazette des Ancêtres, ainsi que :

  •  Une sélection des blogs à suivre
  • Comment être informé des meilleurs articles
  • 14 conseils pour créer et écrire sur votre blog
  • + 32 exemples originaux

Et parmi la sélection des 32 articles, choisis entre un peu plus d’un millier, se trouve un de mes billets : B comme Badestamier,  issu du Challenge AZ 2013.

Lorsque j’ai créé mon blog, je n’aurais jamais imaginé être éditée dans une revue nationale au milieu de blogs reconnus. Je n’y pensais même pas… C’est donc, une grande et belle surprise !

C’est avec beaucoup d’émotion que j’adresse mes remerciements à la Revue Française de Généalogie qui fêtera son 35e anniversaire dans quelques jours, ainsi qu’à Sophie Boudarel sans oublier, Hélène Soula, qui m’ont donné l’envie d’écrire !

 

# Fête de l’Internet…

Avec le retour du printemps, nous célébrons également cet espace virtuel qu’est Internet… Je réponds en cela à l’invitation de Sophie de la Gazette des Ancêtres.

Notre participation doit répondre à deux critères :

– Pourquoi avoir créer un blog :

En septembre 2012, j’ai participé à un stage organisé par la Revue Française de Généalogie et dont le thème était : « Écrire et raconter son histoire familiale ».
Je ne vais pas relater ici la genèse du stage, je l’ai déjà fait ; mais une intervenante convaincante : Sophie… nous a expliqué pourquoi et comment concevoir un blog…

Une semaine plus tard, je créais un blog généalogique et j’écrivais mon premier article.
Mes débuts ont été hésitants et je me suis posée beaucoup de questions, entre autres : la vie de mes ancêtres intéressait-elle d’autres personnes ? Mais les visites et les commentaires laissés sur le blog ont balayé mes doutes.
J’ai persévéré et aujourd’hui, je suis heureuse d’écrire et de partager mes billets :

Écrire : La généalogie n’est pas qu’une recherche d’actes, c’est aussi une quête qui m’emmène sur les traces de mes ancêtres : les replacer dans leur contexte historique, social, géographique… Et rédiger des articles sur leur histoire me permet de mieux les appréhender. J’ai, ainsi, l’impression de mieux les connaître.

Partager : Car il s’agit aussi de cela : je partage avec mes proches, bien sur, mais également avec la famille  des généablogueurs. Et, quelle Famille… Une famille qui me fait voyager et me fait découvrir des récits aussi divers que variés et également très enrichissants. J’apprends énormément et je suis ravie de faire partie de cette communauté !

– Mettre en avant un blog existant et pourquoi :

Quel dilemme ! Ce n’est pas un mais plusieurs blogs que je souhaiterai mettre en avant… Amis généablogueurs, ne m’en voulez pas, mais je dois jouer le jeu…
Aussi, j’ai choisi le blog de Fabien Larue :

                                http://www.genealecole.blogspot.com/

L’idée de partager cette passion avec nos « jeunes pousses » est une belle initiative qui leur permet d’aborder toutes les matières scolaires de façon personnelle et ludique. Quel plaisir !

J’aurais aimé apprendre de cette façon…

Et puis, cela fera taire les esprits chagrins qui pensent que la généalogie est réservée aux retraités poussiéreux et passéistes !

La Béate….

En Auvergne, la Béate était un personnage singulier.

 L’Église inquiète de l’ignorance religieuse dans laquelle se trouvait une grande partie de la population, surtout dans les villages reculés et difficiles d’accès, fonda au XVIIe siècle : « Les Demoiselles de l’instruction ».
L’institution dépendait de l’Évêcher du Puy-en-Velay….
Dans les familles nombreuses, il existait des filles « vilains petits canards » qui ne trouvaient pas à se marier. La congrégation des Demoiselles de l’Instruction recrutait parmi elles la future Béate.

Envoyée au couvent pour un an ou deux, elle y recevait un enseignement religieux et quelques rudiments scolaires : écriture, lecture et calcul. Elle y apprenait aussi l’art de la dentelle.
Bien que très pieuse, la demoiselle n’était pas religieuse et ne prononçait pas de vœux.
Elle était vêtue d’une robe de laine noire et d’un voile de la même couleur.
Puis à sa demande, elle se fixait dans un village. Sa maison construite par les villageois s’appelait « l’assemblée ». Elle était surmontée d’un petit clocheton qui rythmait la vie du village.
Dévouée entièrement aux habitants, la Béate recevait des dons en nature pour subsister.
La Béate servait d’intermédiaire avec le curé de la paroisse. Elle avait pour principale mission d’enseigner aux enfants, enseignement aléatoire car il était à la mesure de ses propres connaissances.

Elle jouait un grand rôle dans la formation des jeunes filles notamment pour apprendre la dentelle et contribuait au développement de ce métier.

C’est à l‘assemblée que la gente féminine se réunissait pour faire « couvige » (lire M comme métier).

La Béate avait, par ailleurs, beaucoup d’influence sur les villageoises.

Outre son rôle d’enseignante, elle faisait également office de garde-malade. Elle habillait et veillait les défunts. Elle consolait les malheureux et elle contribuait à la bonne harmonie dans le village.
Sa maison servait d’école mais également d’asile, de crèche et d’infirmerie.

Les villages ancestraux de Bournoncle, Saint Géron, Balsac, Saint-Beauzire et Saint-Ilpize ont recensé des Béates qui cohabitaient avec les aïeux de mon mari.

Entre le XVIIe et le XIXe siècle, le rôle de la Béate n’était pas négligeable. En 1847, on en comptait environ 1294 en Haute-Loire.
Mais les lois de Jules Ferry qui obligèrent la nomination d’institutrices laïques formées à l’École Normale sonnèrent la fin de l’existence des Béates.

Aujourd’hui, les Béates ont disparu mais, quelques unes de leurs maisons ont traversé le temps.
D’ailleurs, si vous vous promenez dans les villages altiligériens, vous les apercevrez, peut-être, surmontées de leur petit clocheton !

Sources : Almanach de Brioude : Les Béates dans la communauté de Brioude – Nicole Darpoux
                Histoire sociale Haute-Loire : Dentelles et dentellières 400 ans d’histoire – R. Vacheron
 Image :  site http://www.geneal43.fr

#Généathème : M comme Métier




En mars, nous retroussons nos manches et nous parlons « métier » !

Le généathème met à l’honneur un métier trouvé chez mes ancêtres normands et également chez les ancêtres auvergnats.
Un métier dont le produit fini est raffiné et délicat, un métier exigeant dextérité et application,  mais un métier rapportant un salaire de misère, un métier que nos aïeules pratiquaient une quinzaine d’heures par jour, cela dès l’âge de six ans et jusqu’à la fin de leur vie.
Ce métier est celui de dentellière.

La dentelle fait son apparition à Venise à la fin du XVe siècle. D’abord assimilé à la passementerie, le terme « dentelle » apparaît en France au XVIe siècle.
On distingue deux sortes de fabrication : la dentelle à l’aiguille et la dentelle aux fuseaux, moins noble que la première.

Au XVIIe siècle, la dentelle connaît un essor considérable. Les nobles s’entichent de ces tissus précieux : le volume de dentelle porté est proportionnel au nombre de titres de noblesse.  Au point que Louis XIII en réglemente l’usage par quatre édits dits lois somptuaires mais ceux-ci ne sont pas respectés.
Bien au contraire, l’engouement pour la dentelle est décuplé.

L’Église tient une place importante dans son développement : les couvents et les orphelinats emploient une main-d’œuvre bon marché. (voir article : L’hospice Saint-Louis)
Et sous Louis XIV, Colbert qui souhaite concurrencer la production étrangère, installe des manufactures royales à Alençon, Valenciennes et Aurillac.

En Haute-Loire, la dentelle apparaît dans la ville du Puy avant de se répandre dans les campagnes vellaves où chaque paysanne possède son carreau.
Les femmes font couvige : l’été, elles se rassemblent à l’ombre d’une grange et l’hiver, au coin de l’âtre pendant les veillées.
A la fin du XVIIe siècle, une profession d’intermédiaires se développe : les leveurs. Ils sillonnent les villages et collectent la production des denteleuses pour le compte des négociants. Ils fixent eux- mêmes le prix d’achat de la dentelle : beaucoup vont s’enrichir au détriment de ces laborieuses.
La dentelle est payée à la longueur mesurée sur une planchette en bois de 120cm appelée : l’aune.

La Révolution met un terme à la production et la dentelle a failli disparaître car elle est synonyme d’élégance aristocratique.

A partir de 1850, les manufactures se développent ; la dentelle se mécanise. Grâce à ces nouvelles technologies, la fabrication s’améliore considérablement ; c’est l’âge d’or de la dentelle.
Mais la mécanisation sonne le glas de la production manuelle.

Au début du XXe siècle, l’Assemblée Nationale vote une loi pour favoriser l’enseignement de la dentelle dans les écoles des départements où la fabrication est en usage ; principalement en Haute-Loire et dans le Calvados. Mais la Première Guerre mondiale a raison de cette initiative.

Malgré tout, quelques écoles subsistent encore à Alençon et au Puy où s’est créé en 1976 le Conservatoire National de la Dentelle du Puy.

Si aujourd’hui, la dentelle est un produit commun, difficile d’imaginer quelle a été la condition de vie des dentellières :
Des siècles durant, les femmes seules étaient extrêmement nombreuses : veuves, célibataires avec ou sans enfant. La fabrication de dentelle était leur seule ressource les obligeant à travailler 15 à 18 heures par jour pour un salaire dérisoire.
Le salaire journalier était de 30 centimes en 1820 et de 50 à 60 centimes en 1880.
A cela, s’ajoute la pénibilité du travail, le docteur F. Martel déclare en 1853 : «  La vie pénible des dentellières les rendaient sujettes à trois maladies caractéristiques : la cécité due aux efforts des yeux et au manque de lumière, la déformation de la colonne vertébrale consécutive à la position penchée, les troubles des voies respiratoires dus aux sels de plomb dits blancs de plomb qui servaient à blanchir les dentelles et qu’elles respiraient toute la journée. »

Si la dentelle est synonyme de raffinement, la vie de ces femmes a été frustre !





Source : Histoire locale Haute-Loire : Dentelle et dentellières, quatre cents ans d’histoire
                                                                        Raymond Vacheron
               Histoire de la dentelle en Normandie : Wikipédia

               Image : collection personnelle : dentelle aux fuseaux du Puy

L’Hospice Saint-Louis…

Lors de mes recherches sur mes ancêtres maternels, j’ai découvert une autre enfant abandonnée.
Il s’agit de mon Sosa 121, Clémence Euphémie. Elle a été trouvée le 4 avril 1808 aux portes de l’Hôpital Général de Caen, comme l’atteste son acte de naissance :

Du quatrième jour du mois d’avril l’an mil huit cent huit a une heure du soir
Acte de naissance de Clémence Euphémie nouvellement née…
trouvée exposée le jour d’hier à cinq du soir à la porte de l’hôpital général rue saint louis
Elle était vêtue d’un lange un bonnet et le reste en nécessaire…
Le sexe de l’enfant a été reconnu être féminin
Premier témoin : Michel Lamy employé de l’hospice âgé de cinquante sept ans
demeurant en cette ville rue Notre-Dame
Second témoin : Antoine Jean Binet portier de l’hôpital âgé de soixante treize ans
sur la réquisition à nous faire part par Jacques Thébault commissaire du dépôt des enfants trouvés qui s’en est ressaisi et ont signé après lecture

Constaté suivant la loi, par moi Michel Ducheval
maire par décret de la ville de Caen faisant les fonctions d’officier public de l’état civil

Comme beaucoup de petits malheureux d’alors, Clémence a grandi entre les quatre murs de l’Hospice Saint-Louis.

L’Hospice Saint Louis ou Hôpital Général de Caen est un établissement charitable fondé en 1655 sous Louis XIV et régi par la Congrégation des Servantes de Jésus. Cette communauté religieuse compte 8 sœurs en 1679 et 24 au moment de la suppression de l’ordre.

Sa vocation est d’y recevoir les mendiants et les vagabonds. L’hospice est un exemple d’institution disciplinaire. Cet établissement pratique la politique d’enfermement systématique des pauvres hères. Il accueille les miséreux de la ville ainsi que les petits orphelins après l’âge de 8 ans et les personnes âgés invalides.
En 1698, des ateliers de dentelle y sont créés pour faire travailler les filles et les garçons. Clémence y apprendra son métier.
Le travail est obligatoire pour tous : sa durée est de 8 heures par jour du 15 avril au 15 septembre et de 7 heures du 15 septembre au 15 avril.
Les enfants se lèvent à 5 heures du matin l’été et se couchent à 20 heures l’été et à la dernière heure du jour, les autres saisons.
Les enfants bénéficient d’une promenade le jeudi après-midi.
En matière disciplinaire, une injure proférée à l’encontre du personnel et des Sœurs en particulier est passible d’un séjour de 10 jours maximum au pénitencier.

Difficile d’imaginer un endroit plus sinistre pour ces petits…. et pour les plus grands également.

A la fin du XVIIIe siècle, les mendiants et les vagabonds sont transférés au centre de dépôt de mendicité de Beaulieu (actuel centre pénitentiaire de Caen)

Au début du XIXe siècle, les « Petits Renfermés » (centre d’accueil des orphelins ou des enfants abandonnés à la naissance créé par le prêtre Garnier en 1630) et l’hospice St-Louis deviennent une institution unique. Un décret de 1811 le désigne comme hospice dépositaire pour les enfants abandonnés du département du Calvados. Il abrite également les vieillards caducs.

En 1908, un nouvel hôpital, actuellement Hôpital Clémenceau, est inauguré et l’Hospice St-Louis est transféré dans les locaux de l’ancienne Abbaye aux Dames en 1914. C’est là que Marie et Emilienne sont accueillies en 1919 (voir article : Histoire d’un abandon)

Les anciens locaux servent d’hôpital militaire pendant la Première Guerre Mondiale avant d’être détruits en 1920.
Entre 1972 et 1984, l’Hospice St-Louis est transféré dans le couvent de la Charité et se spécialise dans l’accueil des personnes âgées et change de nom : centre pour personnes âgées, puis résidence  « La Charité  »

Quant à Clémence, jeune dentellière, elle épouse Jacques Aimé Marc Fouques, boucher, le 6 mars 1828 à Mondeville près de Caen. Elle a 20 ans.

Ils ont six enfants : Hélène Rosalie ° le 23 mai 1824
                                  Jacques Alexandre ° le 29 aout 1825 
                                 Alphonse Aimé Adolphe ° le 31 janvier 1828 – Sosa 60
Ces enfants sont  légitimés lors de leur mariage
Puis viennent :  Jean Baptiste Achille ° 16 novembre 1830
                          Adèle augustine ° 15 janvier 1833
                          Adelina Clémence ° 1835

Jacques Aimé décède le 28 mai 1839 à 35 ans.

Clémence épouse en secondes noces, Désiré Henri Verroye, un militaire à la retraite.

Elle disparaît le 2 janvier 1879 à 71 ans.

Sources : Wikipédia.org
                Les enfants de Saint-Louis de Paul Dartiguenave
Image : carte postale : L’Abbaye aux Dames et l’Hôtel Dieu – Collection personnelle
Acte : A.D Calvados – N 1808 [2 MI-EC 1582]  

 

 

# Lovegenealogie : Ma déclaration….


Photo E.A




En ce jour de la Saint Valentin, + Grégory Rhit, nous invite à faire une déclaration d’amour à la Généalogie.
J’ai trouvé l’idée originale et touchante.
Donc, j’ai pris ma plume :

Un jour, nos routes se sont croisées et tu m’as charmée.
Tu m’as prise par la main et tu m’as emmenée sur les chemins du passé.
Intimidée, je t’ai suivie malgré la crainte de m’égarer.
Il nous a fallu du temps pour nous apprivoiser.
Quand tu m’as présenté mes ancêtres, j’ai ri et j’ai pleuré
Et grâce à toi, j’ai appris à mieux me connaître.
Oh ! bien sûr, tu es exigeante et parfois envahissante.
Tu m’accompagne le jour et parfois la nuit
Tu es la cause de mes insomnies…
Mais je t’aime : Lovegénéalogie !

Voilà, c’est dit….

Grégory Rhit : http://www.rhit-genealogie.blogspot.fr

Une conférence aux Archives Départementales de Paris…

Cette semaine, les Archives de Paris proposait une conférence  :

           « La Première Guerre Mondiale vue par Rudyard Kipling & Arthur Conan Doyle »
                                                               par Laurent Bury
                                            Professeur de littérature anglaise à Lyon-II

à laquelle j’ai assistée.

C’est devant un auditoire attentif que le conférencier, Laurent Bury, débute son exposé et décrit le parcours de ces deux grands écrivains.

Si leur style est très différent, la vie des deux hommes présente beaucoup de similitudes :

Arthur Ignatius Conan Doyle est né le 22 mai 1859 à Edimbourg. Il est écossais mais ses ancêtres sont irlandais et catholiques. Son père, alcoolique sombre dans la folie et est interné.
Arthur est placé chez les jésuites.

Rudyard Kipling est né le 30 décembre 1865 à Bombay. Il est anglo-indien. Son père John Lockwood est professeur de sculpture architecturale. Après sa petite enfance, Rudyard quitte Bombay et est envoyé, avec sa sœur, en Grande Bretagne pour y débuter ses études. Il vit très mal ces années d’isolement et de solitude.

A.C Doyle suit des études de médecine à Edimbourg. Il y croise deux autres écrivains Stevenson et Barry (le créateur de Peter Pan).
Il est marqué par un certain Dr Bell qui dit-on inspira Arthur pour la création de son personnage : Sherlock Holmes.
Parallèlement à ses études de médecine, il publie une première nouvelle à 20 ans.
Puis, entre autre : Une étude en rouge (1887) – Signe des 4 (1890) – Le chien des Baskerville (1902)
A la fin de son cursus, il embarque sur un vaisseau en partance pour l’Afrique en tant que médecin.
Et en 1900, il participe à la guerre des Boers en Afrique du Sud.
Il publie, en 1902, La guerre en Afrique du Sud : ses causes et sa conduite, pour répondre aux accusations menées contre son pays ; ce qui lui vaut d’être anobli par le Roi Edouard VII.

Après ses études, R.Kipling retourne en Inde et y débute une carrière journalistique. Après la publication de plusieurs nouvelles, il part vivre aux Etats Unis.
C’est à la même période qu’il fait connaissance avec A.C Doyle
Il publie : L’homme qui voulut être roi (1888) – Le livre de la jungle (1894) – Capitaine courageux (1897) – Kim (1901)
Il entreprend plusieurs voyages en Afrique du sud et soutient, également, la cause britannique pendant la guerre des Boers.
En 1902, il est, surtout, connu comme poète dans tout le Royaume Uni. Son célèbre poème : « If » ( en français : « Tu seras un homme, mon fils ») écrit en 1910 est encore, de nos jours, le poème le plus prisé en Angleterre.
Il est, le premier britannique, à recevoir le prix Nobel de littérature en 1907.

Parallèlement, les deux hommes se marient.
A.C Doyle a deux enfants : Mary et Kingsley et R.Kipling, lui, a trois enfants : Elsie, John & Joséphine.

Avant la Première Guerre Mondiale, Doyle qui s’intéresse aux sports participe à une course automobile en Allemagne et découvre que le pays se prépare à entrer en guerre.
Kipling, lui, se préoccupe de la rivalité croissante entre l’Allemagne et l’Angleterre à cause de leur flotte navale. Il publie plusieurs articles sur le sujet.

Dès le début du conflit, Kipling et Doyle rejoignent le War Propaganda Bureau (WPB). Cette organisation recense pas moins de 25 grands noms de la littérature britannique. Son objectif est de manipuler l’opinion et d’influencer les Etats Unis afin qu’ils entrent en guerre.

Dans ce cadre, Kipling et Doyle se rendent sur le front et visitent les sites bombardés, entre autre :Ypres en Belgique pour Doyle et Reims pour Kipling.

En 1915, Kipling écrit : France at war (La France en guerre).
En 1916, Doyle publie : A visit to three fronts : glimpses of the british, italian and french lines (Visite sur les trois fronts : aperçu des lignes britanniques, italiennes et françaises)
Ces deux livres ont été traduits par Laurent Bury et n’avaient pas été republiés depuis leur parution.

La guerre marque à jamais les deux hommes. Ils perdent chacun leur fils « chéri » :
Kingsley Doyle né en 1897, est grièvement blessé pendant la bataille de la Somme en 1916 et meurt de la grippe espagnole en 1918.
John Kipling, né également en 1897, ne devait pas participer à l’effort de guerre à cause d’une myopie importante. Son père a fait jouer ses relations afin qu’il soit enrôlé. John est porté disparu en septembre 1915 pendant la bataille de Loos (Artois). Il a 18 ans.

Rudyard atteste de son accablante culpabilité lorsqu’il écrit en 1918 :

                   Si quelqu’un veut savoir pourquoi nous sommes morts,

                   Dites-leur : parce que nos pères ont menti.

Il meurt le 18 janvier 1936 à Londres.

Quand à Doyle, la guerre emporte, outre son fils : deux de ses neveux, deux de ses beaux-frères et son frère cadet. Il ne se remettra jamais de son chagrin et plonge dans le désespoir. Il se tourne vers le spiritisme et les sciences occultes.
Il meurt le 7 juillet 1930 à Crowborough.

Sur ces paroles, Laurent Bury, achève sa conférence.
Si celle-ci m’a éclairée sur la vie romanesque de Rudyard Kipling et de Sir Arthur Conan Doyle, je regrette que le contenu des deux livres, qu’il a traduit, n’aie pas été mis plus en lumière.
Je suis restée sur ma faim…

J’ai donc acheté les deux livres et je vais m’empresser de les lire :

 

Editions : Les Belles Lettres – Mémoires de guerre

Code ISBN : 978 2 251 31007 7 (Doyle)
                     978 2 251 31008 4  (Kipling)

Ma to do not list, mes irrésolutions généalogiques…

Début janvier, j’ai vu fleurir sur les blogs ou sur Twitter, des messages annonçant que 2014 serait l’année des résolutions généalogiques : les planifications que nous lançons au début de chaque année, que nous oublions au fil des mois et qui reviennent en mémoire au début de l’année suivante  !

Plusieurs généabloggeurs se sont engagés par écrit à effectuer une tâche mensuelle pour achever un travail qui jusqu’ici était en attente. Et certains ont déjà confirmé leurs promesses… Félicitations !

Pour ma part, je me promets, depuis 4 ou 5 ans, d’enregistrer sur Hérédis toutes mes données ! (j’enregistre le minimum)
                      
-Tu as 365 jours pour le faire, me dis-je chaque début d’année !

Et je réalise que cela fait plus de 1500 jours de promesses non tenues… La reine de la procrastination généalogique, c’est moi !

Aussi, ne me suis-je pas précipitée pour répondre à l’appel de Sophie… Mais c’était sans compter avec la petite voix intérieure : celle qui donne mauvaise conscience et qui essaie de vous attirer sur le droit chemin.

Finalement, j’ai cédé… et depuis deux semaines,  j’ai entrepris un grand travail de mise à jour sur Hérédis, la version 2014 Pro achetée en novembre 2013. (Ah oui, déjà 3 mois… Le temps passe si vite !)
Il était temps d’expérimenter ce nouveau logiciel prometteur qui a fait l’objet de plusieurs articles.

Voici le résultat du travail réalisé :

Première tâche : Reprendre tous les actes qui sont rangés dans des classeurs : un pour chaque grand-parent .

Seconde tâche : Enregistrer le maximum de renseignements sur le logiciel. La relecture des actes m’a permis de relever des informations passées inaperçues.

Puis, j’ai vérifié et enregistré les sources (AM ou AD + réf. des cotes),

         J’ai inscrit les témoins,

         J’ai scanné chaque acte que j’ai ensuite enregistré dans les médias,

         J’ai créé de nouveaux évènements pour les fiches matricules militaires, les contrats de mariage…

Les petites barrettes de couleur précisent que les évènements principaux sont complets… Ouf !

Puis, j’ai fais une sauvegarde sur mon ordinateur portable. Hérédis propose une synchronisation par wifi, cela s’effectue en moins d’une minute. Ainsi, mes deux ordinateurs sont simultanément à jour.

En quinze jours, j’ai  revu tous les actes de mes ancêtres maternels.
Si la satisfaction du travail accompli est là, la tâche est loin d’être achevée… Il me reste à revoir  les actes paternels et ceux des ancêtres de mon mari.
Donc, je continue ma petite besogne ! A suivre 🙂

# Généathème : Le document du mois

En ce mois de février, +Sophie Boudarel nous propose de mettre en lumière un document qui nous touche particulièrement.

Je détiens quelques « vieux papiers » du côté de la famille Achon, mais du côté de mes ancêtres les cartons d’archives sont vides… ou presque.

Donc, je pensais mettre en valeur un acte notarié rédigé en Auvergne au XIXe siècle.

Mais c’était sans compter avec ma fibre ménagère… et mes petites séances de rangement… Cela m’arrive de temps à autre.

Dernièrement, en déplaçant des vieux cartons, mon regard s’est porté sur celui contenant les archives de mes parents.
Naturellement, j’ai soulevé le couvercle… Et puis, j’ai soulevé un papier, puis deux , puis… finalement, j’ai vidé la boîte. Et puis, en regardant ces papiers jaunis, les souvenirs ont jailli… Et puis, le temps a suspendu son vol…

Et après quelques heures d’une petite escapade dans le passé, une surprise m’attendait. Au milieu d’un méli mélo de photos, de papiers administratifs et de lettres, bien rangés dans une enveloppe en papier kraft, j’ai découvert le livret militaire de mon père ainsi qu’un « ausweis » lorsqu’il était prisonnier STO en Allemagne.

J’ignorais que je détenais ces précieux documents ! Ils attendaient dans leur écrin de carton que je les découvre pour vous les présenter :

  
En février 2013, je suis allée au Service Historique de la Défense à Caen. J’y ai trouvé le dossier de prisonnier de mon père. Mes découvertes feront l’objet d’un prochain article.
Et avec mes dernières trouvailles, je vais pouvoir compléter le parcours militaire de Papa !