L’affaire de la Tapounelle…

Je vous ai déjà raconté plusieurs chroniques sur Saint Ilpize, ici et

Voici, aujourd’hui, une nouvelle histoire : L’affaire de la Tapounelle !Dont voici le récit :

LA SEIGNEURIE DE SAINT ILPIZE :

Entre le XIVe et le XVIIe siècle, la localité de Saint Ilpize a une très grande vitalité. Située sur les rives escarpées de la rivière Allier, c’est une forteresse qui domine et permet à ses possesseurs de contrôler toute la vallée.

Noble Emo cède la seigneurie de Saint Ilpize en 1201 au Dauphin d’Auvergne. En 1262, Robert 1er assigne la seigneurie à son second fils. Les enceintes du château sont imposantes au point que la ville compte près de 5 000 habitants au XIVe siècle !

La prospérité des lieux se propage jusqu’au XVIIe siècle.

Après avoir subi les outrages de la Guerre de Cent ans où la ville est pillée et brûlée par Thomas de la Marche allié au non moins célèbre Seguin de Badefol, la seigneurie échoit par mariage à Guy d’Amboise pour passer ensuite dans les familles de Luxembourg de Roussy, de Larochefoucault, de Langeac et terminer chez les d’Espinasse en 1698.

Siège d’une prévôté royale en 1781, le château est vendu à la Révolution.

UNE CHAPELLE EST CONSTRUITE A TAPON :

Cassini

Aux côtés de la « grande ville » de Saint Ilpize, à quelques encablures, se trouve le village de Tapon qui compte entre 300 et 400 âmes. Les chemins pour se rendre à Saint Ilpize sont forts malaisés et comportent de nombreux obstacles. Les paroissiens lassés de l’obligation de parcourir régulièrement ces pénibles sentiers sollicitent l’autorisation de construire un lieu de culte.

De généreux donateurs tels qu’Antoine Portal, Antoine et Gilbert Pastourel et bien d’autres donnent 27 livres pour la célébration des messes les dimanches et jours de fête dans le futur bâtiment.

Après bien des vicissitudes, l’évêché leur donne l’autorisation d’édifier une chapelle en 1647.

Dédiée à Saint-Roch, le nouvel édifice est inauguré le 23 novembre 1650 par M. Jean-Baptiste Dorcival, délégué de l’évêque de Saint- Flour. La première messe y est célébrée. Mais un litige oppose le prêtre et sacristain de l’église de St-Ilpize, en la personne de M. Antoine de Vazeille, chanoine régulier de Saint Augustin en l’Abbaye de Pébrac, et les habitants de Tapon. La réception d’offrandes et de cire de reynage par la chapelle de Tapon ne convient pas à l’homme d’église.

Finalement, un accord est trouvé devant Jacques Fournier, tabellion de St-Ilpize, le 25 novembre 1657.  Les Taponais perdent la partie et sont mis dans l’obligation de verser, chaque année au mois d’août, une somme de trois livres au sacristain de St-Ilpize. Cette décision leur permet de conserver les offrandes reçues.

Mais la célébration des messes n’a lieu que les dimanches d’hiver, ce qui ne convient pas aux paroissiens de Tapon. Le 9 avril 1729, ils présentent une requête à l’évêque de St-Flour, Monseigneur Joaquim d’Estaing, afin que l’office dominical soit célébré les dimanches et jours de fête tout au long de l’année.

Après enquête, M. Chalvon, Curé de la paroisse de Saint-Jean de Brioude délivre une ordonnance le 2 juin 1729 par laquelle les messes seront bien célébrées comme demandé moyennant chaque année, pour les habitants de Tapon, de payer la somme de 80 livres au prêtre desservant la chapelle.

Les gens font fondre une cloche qui dorénavant va faire partie de leur quotidien. Cette dernière est bénite le 18 mai 1732 par M. Lamothe alors curé de St-Ilpize et va obtenir de la notoriété sous le nom de « Tapounelle »

La réputation de la chapelle de Tapon arrive jusqu’à Rome où le Pape Clément XII établit deux bulles la concernant. La première accorde une indulgence de 7 ans (9 août 1734), puis une indulgence perpétuelle (31 janvier 1735) à tous ceux qui visiteront la chapelle selon des postures bien déterminées.

Et  jusqu’à la Révolution les choses vont bien se passer.

LA REVOLUTION PASSE PAR LA :

La chapelle est habitée par un particulier, et l’on considère qu’il est convenable d’en sortir la cloche. Le bâtiment est désaffecté et la cloche, d’abord suspendue à un arbre, est mise à l’abri sous un hangar.

Suite aux décrets de 1792 et 1793 relatifs au mobilier des églises désaffectées, la « Tapounelle » est attribuée à St-Ilpize et va être placée dans le clocher de l’église du chef-lieu de la paroisse.

Les Taponais sont mécontents de cette décision car ils gardent le secret espoir de rétablir la chapelle dès que les circonstances deviendront meilleures.

En 1834, à St-Ilpize, le clocher est déplacé dans le donjon du château après consolidation de la tour. Les Taponais semblent avoir oublié leurs intentions sur le devenir de leur cloche.

Mais en 1848, on reconstruit, vraisemblablement dans la précipitation, la chapelle de Tapon et comme il se doit les habitants du village revendiquent la restitution de leur cloche.

Les Ilpidiens sont peu enclin au retour de la « Tapounelle » au bercail ; furieux, les Taponais mènent une opération « manu militari » pour récupérer l’objet du litige.

Cette manœuvre n’est pas du goût des gens de St-Ilpize et sous la houlette du commandant de la Garde Nationale de Brioude, une force armée fait irruption à Tapon et de gré ou de force, récupère la « Tapounelle » qui est ramenée à St-Ilpize après avoir au préalable emprisonné quelques malheureux de Tapon.

Hélas pour les Taponais, la rapidité de construction de la chapelle a entraîné des malfaçons, au point que la voûte de la chapelle s’écroule. Ce nouvel épisode rend caduque le retour de la cloche à Tapon.

Grâce au volontariat des Taponais, la construction de la chapelle est terminée en 1875. L’année suivante, l’évêque du Puy accorde la célébration d’une messe mensuellement et le jour où l’on célèbre la fête patronale à l’occasion de la Saint-Roch.

Mais toujours pas de cloche au clocher !

LES ILPIDIENS TIENNENT A CONSERVER « LA TAPOUNELLE »

A St-Ilpize, les autorités civiles et religieuses tiennent à conserver la « Tapounelle ».

En 1877, soixante chefs de famille de Tapon présentent une pétition au Préfet de la Haute-Loire pour réclamer leur cloche et avant d’agir ils saisissent le Conseil Municipal et le Conseil de Fabrique.

Pour soutenir leur cause, les Taponais proposent de participer largement à l’acquisition d’une cloche pour remplacer leur « Tapounelle » dans le clocher de St-Ilpize.

Malgré cette offre, le 8 avril 1877, on tient un Conseil Municipal Extraordinaire ; les élus communaux considèrent que la moyenne partie des habitants de la commune de St-Ilpize, s’oppose au déplacement de la cloche, la majorité du Conseil suit cette opposition et vote pour ne pas prendre la demande en considération.

Le Conseil de Fabrique, composé de six membres, délibère sur le sujet le 28 avril 1877 ; trois reconnaissent la légitimité de la demande des gens de Tapon et les trois autres sont d’un avis contraire. Parmi ces trois opposants se trouve le Président dont la voix est prépondérante, et on a bien des difficultés à exploiter la décision du Conseil.

Le 22 juillet 1877, les conseillers municipaux maintiennent fermement leur position : on garde la « Tapounelle » à St-Ilpize !

Par exploit d’huissier daté du 10 octobre 1878 présenté au curé de St-Ilpize, détenteur des clés du clocher, les Taponais l’informent qu’ils vont faire opérer, deux jours plus tard, à la récupération de la cloche. Mais l’opposition et la résistance des Ilpidiens sont d’une telle force que les Taponais cèdent à la vindicte.

Le Conseil Municipal de St-Ilpize réexamine la demande des Tapenais le 18 février 1878 ; le refus de restituer la « Tapounelle » est confirmé.

DEVANT LA JUSTICE

Jean Chapaveyre, Trésorier du Conseil de Fabrique est assigné à comparaître le 9 avril 1878 devant le Tribunal Civil de Brioude. Huit jours, plus tard, c’est le Maire,  Jules Pierre Trouillier qui est convoqué.

Ni l’un, ni l’autre ne se présentent à la barre. Par défaut, ils sont condamnés à restituer la cloche par jugement du 28 mai 1878. Les élus communaux contestent le jugement et après bien des vicissitudes, l’affaire est jugée aux audiences des 12 et 13 mars 1879.

Par jugement contradictoire du 30 avril 1879, les Taponais sont déboutés et l’on fait droit à la municipalité de St-Ilpize ; mieux encore, les Taponais sont condamnés aux dépens et ils en sont pour 697 francs et quelques centimes de leur poche.

Rien de tel pour chauffer les esprits et inciter les Taponais à se faire justice…

Par une nuit noire, deux revanchards se faufilent dans les rues de St-Ilpize, grimpent au clocher et frappent furieusement la « Tapounelle » au point de la fêler. Et c’est ainsi que la cloche perdit toute sa résonnance et tous les bienfaits qui lui étaient attribués.

Si la « Tapounelle » annonçait les évènements qu’ils furent joyeux ou parfois bien tristes, lorsque le ciel était noir, prémices de grêle et d’orage, les Ilpidiens la faisaient sonner à toute volée, et pour cause, les battements de la « Tapounelle » avaient, parait-il, le pouvoir de détourner la tempête vers d’autres cieux sauvant ainsi les récoltes des méfaits des intempéries !

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LES HABITANTS DE TAPON SONT TENACES (1848)

En 1848, le village de Tapon comprend 48 foyers et près de 300 habitants.Une cinquantaine d’entre eux sauf François Marcon du lieu de Seniqueute se rendent
chez Maître Regourd notaire à Villeneuve d’Allier pour procéder à l’établissement de
l’acte de création d’une « Société » .Daté du 27 juin 1848, l’acte officiel apporte toutes les précisions sur la constitution de la
société, sur son financement et les conditions de construction de la chapelle (dimensions,
matériaux …etc..).Les « nouveaux actionnaires » font valoir « que le village de Tapon possédait une chapelle
pour l’invocation de Saint Roch et qu’elle était desservie au moyen des revenus de certaines
propriétés ». Ils rappellent que l’éloignement du chef-lieu de la paroisse, les mauvais chemins ,
« d’autres raisons encore » et que le besoin de rétablir la chapelle se fait de plus en plus pressant.L’acte précise que la chapelle sera construite sur la place publique du village située au
Coudert-Haut et que le capital de la dite société est d’un minimum de 1 800 francs.Outre l’apport en argent, « les actionnaires de bonne volonté » accorderont des journées
de prestations en nature et pourront concourir aux travaux de main d’œuvre.La société sera administrée par un Conseil (ou comité) d’agence composé de 5 membres choisis
parmi les actionnaires.
Les actionnaires

  • Belmont Antoine
  • Pastourel Pierre
  • Brun Pierre
  • Fournier Antoine oncle
  • Fournier Antoine neveu
  • Delomenède gendre de Vital Jouve
  • Trioullier Cirgues
  • Trioullier Gabriel
  • Gaspard Michel
  • Augier Jean Baptiste
  • Pastourel Cirgues André
  • Bonafoux Jean
  • Pireyre Jean, Trésorier de la société
  • Tourette Vital représentant défunt Dominique Tourette son père
  • Pagès Jean dit « Paysan »
  • Lazinier Vital
  • Lazinier Antoine dit « Jouzet »
  • Roche Pierre
  • Clément Vital
  • Delorme Vital, Membre du conseil d’agence
  • Souliagoux Guilhaume
  • Robert Jean père, Syndic du Conseil d’agence
  • Chantel Pierre
  • Ramain Jean, gendre Grellat
  • Ramain Vital dit « Galat »
  • Delomenède Cirgues
  • Triouillier Vital, dit « Le Faure »
  • Vigouroux Vital
  • Vigouroux Antoine dit « Blaise »
  • Tixier Vital
  • Ramain Pierre dit « Ponceton »
  • Roche Guilhaume
  • Tixier Gilbert dit « Garrigue »
  • Portal Pierre neveu
  • Gaspard François
  • Bourleyre Pierre, Membre du Conseil d’agence
  • Delomenède Pierre dit « Le Tailleur »
  • Belmont Pierre
  • Rigaud Jacques
  • Ramain Noël
  • Vigouroux Antoine dit « L’Ombret »
  • Triouillier André
  • Lacombe Jean
  • Saby Jacques
  • Rigaud Vital dit « Bioulaigue »
  • Chicoutel Antoine
  • Duffaud Jean « jeune », Président du Conseil d’agence
  • Portal Antoine
  • Esculier Pierre
  • Roche Vital
  • Triouillier Vital
  • Veyrière Pierre
  • Frugier Jean
  • Boyer André
  • Duffaud Jean aîné
  • Ramain Jean-Baptiste dit « Ponceton »
  • Triouillier Anne
  • Marcon François du village de Seniqueute

 

 


SOURCES & BIBLIOGRAPHIE:

Avec l’aimable autorisation de Raymond CAREMIER : http://gw.geneanet.org/symi43

Archives Départementales de la Haute-Loire :

  • Création d’une société pour la construction d’une chapelle dédiée à Saint-Roch au hameau de Tapon – Cote 1J 874,
  • Châteaux de La Haute-Loire – Dix siècles d’Histoire – Maître d’Ouvrage Régis Thomas – Saint-Ilpize – Jacques Raflin – p 304 – Editions Watel (1993)
  • Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » – 1965
  • Sites Internet :
  • Bibliothèque Nationale de France :
    • Almanach de Brioude et de son arrondissement : organe de la Société d’études archéologiques, historiques et littéraires de la région de Brioude – Les Seigneurs de Saint-Ilpize et le Cardinal Dominique de La Rochefoucauld – Georges Paul – 1924

      Septembre 2014

       


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon Grand-père et la justice….

Semaine 3 – du 15 au 21 février : Une découverte que vous n’auriez pas pu faire sans vous rendre aux archives.

Ces services d’archives qui nous manquent tellement depuis des mois, rendons leur hommage en mettant en avant une découverte généalogique que nous n’aurions pas pu faire si nous n’étions pas allé leur rendre visite. Sans ce contrat de mariage, ou cette déclaration de succession, que nous avons dénichée dans une salle de lecture, tant de pistes nous resteraient fermées.

Pour l’occasion, je ressors un article écrit en 2014.

Dans mon billet : Découvrir les traits de caractère de ses ancêtres au travers des archives, je partageais une découverte concernant mon grand-père paternel, Jules Marly.

Pour rappel : mon aïeul avait été, par deux fois, condamné par le tribunal correctionnel de Laon pour coups & blessures et les sanctions pénales ont été  annotées sur sa fiche matricule militaire.

Evidemment, cela a attisé ma curiosité et j’ai voulu en savoir davantage sur ces condamnations.

J’ai donc profité de la période estivale pour me rendre aux Archives départementales de l’Aisne afin d’y consulter les archives judiciaires dans la  série U.

J’ai trouvé les procès-verbaux des deux jugements :

* Le premier datant du 22 mai 1896 :  Mon grand-père, 28 ans, et un acolyte, Prudent Fauchard, tous deux bouviers,  sont appelés à comparaître devant le tribunal de Grande Instance de Laon afin d’y être jugés pour coups & blessures volontaires sur la personne du Sieur Bleu (cela ne s’invente pas) en date du 2 février 1896.

Le greffier a fait lecture du procès-verbal et précise que Jules ne s’est pas présenté malgré plusieurs citations. Le tribunal donne défaut contre lui et ordonne qu’il soit passé outre aux débats.

La preuve étant faite de la culpabilité des deux prévenus : ils sont condamnés à huit jours d’emprisonnement pour coups & blessures volontaires sans qu’il en résulte une incapacité de travail de plus de vingt jours. Ils sont également condamnés aux dépens (frais de justice), soit : vingt quatre francs quatre vingt dix huit centimes.

* Le second datant du 2 mai 1903 : Jules, 35 ans, domestique comparait contre Félix Hemmery, débitant à Samoussy pour coups & blessures volontaires réciproques.

Les deux parties sont présentes ainsi que les témoins.

Après avoir délibéré, attendu que de l’information et des débats il ne résulte pas suffisamment la preuve que le 29 mars 1903, à Samoussy, le prévenu Hemmery a volontairement porté des coups et blessures au sieur Marly ; qu’Hemmery en se défendant contre Marly a repoussé ce dernier qui est tombé et s’est blessé à la tête. Que dans ces conditions, le délit de coups & blessures volontaires ne peut être retenu contre Hemmery.

Mais attendu que de l’information et de ses débats, il résulte suffisamment la preuve, que ledit jour et audit lieu, le prévenu Marly a volontairement porté des coups et fait des blessures au sieur Hemmery, sans qu’il en résulte pour ce dernier, une incapacité de travail de plus de vingt jours.

Attendu que ces faits constituent un délit par l’article 311 du code pénal,

(Petit rappel de l’article 311 : Lorsque les blessures ou les coups, ou autre violence ou voies de fait, n’auront occasionnés aucune maladie ou incapacité de travail personnel de l’espèce mentionnée en l’art. 309, le coupable sera puni d’un emprisonnement de six jours à deux ans et d’une amende de seize francs à deux cents francs, ou de l’une de ces deux peines seulement)

Par ces motifs, le tribunal acquitte Hemmery…

Déclare Marly coupable du délit de coups et blessures volontaires Condamne Marly à cinquante francs d’amende et aux dépens liquidés à vingt deux francs dix-huit centimes.

Le procès verbal précise que Hemmery était assisté d’un avocat, en la personne de Maître Baillet, avocat au barreau de Laon.

Curieusement, il n’est rien précisé concernant mon grand-père.

Quoi qu’il en soit,  les archives sont bavardes : outre les condamnations, j’ai  également appris que mon aïeul avait été bouvier et domestique.

Et ces deux procès-verbaux sont révélateurs  d’une facette de sa personnalité  : il était bagarreur et frondeur !

Personne n’est parfait !

Et vous, avez-vous trouvé des ancêtres « délinquants » ?

Sources : A.D Aisne – Série U : 50 U 81 – 50 U 108 – Image : Collection personnelle

Le château de Chavaniac…

Poursuivant mes visites estivales en Auvergne, je vous emmène à Chavaniac. Ce village est devenu célèbre grâce à son Seigneur  : Gilbert Motier de La Fayette, Général et Marquis de son état.

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Après avoir quitté la R.N 102, on atteint Chavaniac par une petite départementale. Humblement, le château datant du XVe siècle se dissimule parmi les maisons. En longeant l’allée qui mène à la porte de cette demeure, on ressent d’emblée la grandeur et l’authenticité des lieux. Ici, le terroir est gravé dans la pierre et révèle le caractère du maître de maison : insoumission, combativité et liberté !

Dès l’entrée, on découvre le blason des La Fayette : IMG_8382

Gilbert de La Fayette appartenait à la vieille noblesse chevaleresque d’Auvergne dont l’origine remonte au XIe siècle. Le blason portait la devise : « Vis sat contra fatum » (La vigueur suffit face au destin). Le Maréchal de La Fayette, aïeul du Général avait choisi :  » Cur non ? » (Pourquoi pas ?). En partant pour l’Amérique, Gilbert de La Fayette reprit cette dernière.

La visite commence par un film expliquant les principales étapes de la vie de La Fayette :

  • 6 septembre 1757 :  naissance de Gilbert Motier de La Fayette.
  • 11 avril 1774 : La Fayette qui n’a pas encore 17 ans épouse Marie-Adrienne Françoise de Noailles âgée d’à peine 15 ans dans la Chapelle de l’hôtel de Noailles, rue Saint-Honoré à Paris
  • 1777 : La Fayette a 19 ans et  s’embarque sur la « Victoire » pour aller se battre aux côtés des insurgés américains contre le joug anglais.
  • 1789 : La Fayette est commandant de la Garde Nationale. Il rêve d’une monarchie constitutionnelle mais ne réussit à sauver, ni le roi et sa famille, ni la constitution.
  • 1792 : La Fayette est fait prisonnier par la coalition ennemie, emprisonné en Allemagne, il ne revient en France qu’en 1800.
  • 1830 : La révolution des « Trois Glorieuses » le place à nouveau au premier plan. Il contribue à ramener Louis Philippe au pouvoir.
  • 30 mai 1834 : La Fayette meurt à Paris à 77 ans, fidèle à ses idées de jeunesse. Suivant une de ses volontés, son cercueil a été recouvert de terre américaine et inhumé dans le cimetière de Picpus aux côtés de son épouse décédée en 1807 à 48 ans.

Puis, on découvre une fresque relatant les opinions très diverses des admirateurs et des opposants du Marquis. On poursuit la visite par la « salle de la Haute-Loire » qui raconte ce que fut son enfance. La dernière pièce du rez-de- chaussée est la « salle du trésor ». C’est l’ancien bureau de La Fayette appelé également « salon chinois », on y aperçoit divers objets ayant appartenu au Général.

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Puis, au premier étage, on entre dans la chambre où est probablement né La Fayette. Son père, Gilbert Michel du Motier, Marquis de La Fayette, était Colonel des grenadiers de France et mourut pendant la bataille de Minden (Allemagne) en 1759. Sa mère, Marie Louise Julie de la Rivière était de noblesse bretonne et disparut à son tour, en 1770, laissant le petit Gilbert orphelin à 13 ans. Son grand-père maternel, le Marquis de la Rivière lui laissa une fortune considérable.

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Une pièce du château est dédiée à la Franc-Maçonnerie : Vers 1775, La Fayette âgé de 18 ans rencontra l’Abbé Reynal, un contestataire très érudit et en vogue. L’Abbé Reynal appartenait à la loge des « Neufs Sœurs » à Paris. Cette loge influença le monde littéraire de la Capitale. Initié, La Fayette fréquenta la Loge La Candeur du Grand Orient. Sa qualité de franc-maçon facilitera ses rapports avec Washington,  lui-même grand maître.

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La visite se poursuit par la traversée de divers salons dont le « salon des Philosophes » et se termine par une promenade dans le parc et les jardins.

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La Fayette a eu une destinée hors du commun et reste le français le plus populaire des Etats-Unis. Voilà pourquoi qu’en 1917,  les américains vinrent au secours d’une France exsangue en scandant son nom.

A sa mort, les Etats-Unis décidèrent un deuil national de trente jours.

Le 8 août 2002, le héros des Deux Mondes est fait, à titre posthume, Citoyen d’honneur des Etats-Unis, rare privilège accordé à cinq reprises seulement.

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Cette promenade vous a plu et vous souhaitez en savoir plus, c’est ici : http://chateau-lafayette.com/

 

Sources : La Fayette, La passion de la liberté – René Blin (Rivages Communication) – Photos : collection personnelle     

Le château de Léotoing…

Le château de Léotoing

Cet été, je vous invite à me suivre au gré de mes promenades estivales… Pour commencer, je vous emmène en Auvergne dans le petit village ancestral de Léotoing en Haute-Loire. Ce village de caractère a conservé les traces d’un passé moyenâgeux avec son château, ses remparts, et ses petites maisons.

Maquette du château et du village

Partout à la ronde, on ne voit que lui (le château)… Majestueuses, ses vestiges sont juchées sur un promontoire et dominent la Limagne brivadoise et la vallée de l’Alagnon telles des sentinelles intemporelles. .

Porte dans les remparts

Le château construit au XIVe siècle a appartenu aux Dauphins d’Auvergne. Il a résisté aux attaques des hordes de mercenaires durant la guerre de Cent Ans. Le dernier représentant des Dauphins, Béraud III maria sa fille unique à Louis de Bourbon, Comte de Montpensier. Puis, la seigneurie passa aux mains des Ducs d’Orléans. Laissé, sans entretien le château tomba en ruines à partir du 16è siècle. Vendu comme bien national sous la Révolution, il servit alors de carrière pour les villageois. Cet été, la Communauté de Communes du Pays de Blesle nous invite à remonter le temps  et nous convie à une visite virtuelle du château (cliquez sur le lien pour lecture P.C) et là pour tablette IPAD. Nous découvrons, alors, le château tel qui fut au XVe siècle…

J’ai apprécié la visite et souhaite la partager avec vous…
Bonne promenade dans le passé !
Sources : photos collection personnelle

#ChallengeAZ… C’est la fin…

 

Hier, c’est terminé le #ChallengeAZ 2014… L’aventure s’achève et c’est la seconde pour Ciel ! Mes aïeux.
La grand’ malle des ancêtres se referme sans bruit ! Je vais pouvoir retourner à des occupations plus terre à terre…

Comment résumer ce Challenge… Et bien, je n’ai pas trouvé mieux que ces 26 qualificatifs :

A comme attrayant              
B comme brillant                
C comme captivant
D comme détonnant            
E comme excellent              
F comme fascinant
G comme Génial                 
H comme hallucinant          
I comme insolite
J comme joyeux                  
K comme kiffant                 
L comme lyrique
M comme magnifique        
N comme nec plus ultra      
O comme original
P comme passionnant        
Q comme qualitatif              
R comme réjouissant
S comme sensationnel        
T comme touchant               
U comme unique
V comme vivifiant             
W comme wonderful            
X comme XXL
Y comme yéyé                    

                                                                     Z comme zélé                

Et puis le moment est venu d’adresser tous mes remerciements à Sophie Boudarel, notre Fée, qui a organisé le Challenge et qui sait si bien motiver ses troupes !
Je n’oublie pas Elise qui a assuré, également, la veille des articles sur Twitter.

J’adresse également tous mes compliments aux généablogueurs (anciens et nouveaux) pour l’excellence de leur travail. Le niveau est très élevé ! Cela promet pour l’édition 2015 !

Comme vous, je n’ai pas encore lu tous les articles. Il est difficile d’écrire et de lire en même temps !

Mais certains ont, d’ors et déjà, retenu mon attention comme ceux de Marine et de Dominique pour leur saga familiale, les petits billets très pertinents de Jean-Michel , les dessins plein d’humour de Marine S, les billets très émouvants d’Olivier S, sans oublier ceux de Benoit, Anne , Frédéric, Brigitte, Jimbo, Elodie, Céline
Et j’ajoute une mention particulière au dernier billet de Mélanie qui est un vrai feu d’artifice à lui seul !

Et ma liste ne va certainement pas s’arrêter là car j’en ai encore beaucoup à découvrir ! Si comme moi, vous avez également des articles à lire, ils sont là : ChallengeAZ

Quant à vous, Chers Lecteurs, je vous remercie de me suivre… Vous avez été deux fois plus nombreux qu’en temps normal. C’est toujours une agréable surprise pour moi !

A très bientôt pour la suite de mes découvertes généalogiques…

Je vous souhaite un très bel été !

#ChallengeAZ… Z comme Zélie…

 
 
Nous voici arrivés au terme du ChallengeAZ 2014…

Et avec la lettre Z, je vais vous conter, en quelques mots, la vie de Zélie ; une simple vie oubliée qui le temps d’un billet permet à Zélie d’être dans la lumière :

Marie Zélie est une fille de mes tris aïeux maternels, Pierre Edmond Bertaux & Marie Marguerite Gehenne.
C’est la petite dernière d’une fratrie comptant sept enfants.
Elle est une des sœurs de Victor Emile, mon bisaïeul,  qui s’est marié en Algérie avec Suzanne Tourré.

Zélie est née le 27 octobre 1839 à Saint-Pierre-de-Regard dans l’Orne. Son père est maçon et sa mère s’occupe du ménage.

A 26 ans, le 21 août 1865, elle épouse Auguste Joseph Charles Lacombe, un maçon né à Cherbourg (Manche).  Au moment du mariage, ses parents sont décédés. Elle est couturière et signe l’acte de mariage.



Signature de Zélie Bertaux

Elle décède, six ans plus tard, à 31 ans, le 3 mars 1871 à Saint-Pierre-du Regard.

J’ignore si le couple a eu des enfants. Je n’en ai trouvé aucun déclaré à Saint-Pierre-du-Regard, entre 1865 et 1871.

Pour compléter mes recherches sur Zélie, voici l’étymologie de son prénom :

*Zélie est une forme abrégée de Solène, qui d’abord, s’est écrite Soline venant du latin  « solemnis », signifiant « Solennel » avant de devenir Zéline, puis Zélie.  Cela est attesté depuis longtemps puisque certains textes du XVe siècle, en évoquant Sainte Solène, parlent de Sainte Zélie…

La vie de Solène est difficile à connaître. Elle aurait quitté son Poitou natal pour venir à Chartres pour participer au pèlerinage célèbre dédié la Vierge Marie, où elle serai morte martyre au IIe siècle.

Parmi les « Zélie » connues, on trouve Zélie Martin, la mère de Sainte Thérèse de Lisieux, dont la fête est célébrée le 12 juillet.

Quant à Solène, elle est aussi fêtée le 17 octobre en même temps que Soline, Sloane, Azélie, Sélèna et Sélène. 







Sources : *Nominis et Wikipédia
                 Actes de naissance, mariage, décès de Marie Zélie : AD Orne – St-Pierre-du-Regard – 3E2_447_10 (1863/1872)
              Image : espacekid.com

#ChallengeAZ… Y comme Yvonne…

Dans la famille Achon, Yvonne est la sœur ainée de Adolphe et de Gabriel dont je vous ai parlé dans le Généathème de mai : La Seconde Guerre Mondiale.

Yvonne est née le 2 août 1907 dans la ferme familiale à Lorlanges (Haute-Loire). Elle est la seule fille d’une fratrie comptant six enfants.

A 29 ans, elle accouche d’un garçon, sans être mariée ! Et avant-guerre en province, être fille-mère (on ne disait pas encore : mère célibataire) n’était pas bien vu  !

Yvonne a quitté la maison pour aller travailler en ville. Elle est devenue cuisinière chez un notable à Clermont-Ferrand.
Elle aimait raconter qu’elle avait servi, à table, la famille Giscard d’Estaing dont le futur Président de la République, Valéry, qui était alors jeune homme.

Son fils est resté à la ferme et a été élevé par Adèle, la grand-mère.

Yvonne se s’est jamais mariée.

A la mort de leur mère, en 1961, son frère Adolphe, qui était resté célibataire lui a demandé de revenir à Lorlanges pour s’occuper de la maison.

Ce qu’elle a fait !

Elle est demeurée jusqu’à la fin de sa vie dans la ferme familiale auprès de son fils et de son frère.

Sa vie n’a pas été facile, mais elle a eu la satisfaction de voir son fils se marier et elle a eu le grand bonheur d’être grand-mère.

Elle s’en est allée, sans bruit, le 11 juin 1984…

#ChallengeAZ… X comme Génération X…

 
 
 

Souvent présentées comme étant en conflit, les générations se suivent…  en s’inscrivant dans l’époque qui les a vues grandir tant sur le plan social, politique, économique et technologique.

Chaque génération modèle ses caractéristiques, ses aspirations et ses valeurs…

Ainsi, démographiquement parlant, je m’inscris dans la génération « Baby-Boomer ».

Mes enfants, quant à eux, font partie de la « Génération X ».

La Génération X désigne la génération sociologique des Occidentaux nés entre 1960 et 1981.

D’abord connue, sous le nom de génération Baby Bust, en raison du faible taux de natalité par rapport à la période du Baby-Boom, cette génération se situe dans une transition sociale marquée par la fin de l’impérialisme colonial et la chute du mur de Berlin (qui marqua la fin de la guerre froide).

Confrontée à une pénurie d’emplois, son attitude est décrite comme égocentrique et sarcastique.
Elle est critique face aux institutions et aux autres générations mais elle dépend plus longtemps des parents.
Pour elle, le travail est une clé pour s’épanouir, rechercher des défis, apprendre…
Elle est aussi une pépinière d’entrepreneurs ou d’artistes en raison de son attitude réfractaire envers l’autorité et son désir d’innover et d’expérimenter.
Elle recherche, également, un équilibre entre vie familiale et professionnelle.
Son désir est de se mouvoir dans un milieu collégial et convivial. Elle évolue dans le multiculturalisme, l’égalité des sexes et l’écologie.
Plus centrée sur ses propres besoins, elle vit dans le présent et pour le présent.

C’est aussi une génération nomade !

 En France, lorsqu’on parle de cette génération, on l’appelle la « Bof génération »…

Qu’en pensez-vous ?

Pour ma part, ne me demandez pas mon avis… Je ne serai pas objective… Je regarde cette génération avec les yeux de l’amour maternel… 😉






Sources : Wikipédia
                Psycho-ressources.com
                Image : www.espacekid.com

#ChallengeAZ… W comme Westphalie…

Un de mes ancêtres, Jean-François Wallon fut soldat dans l’armée napoléonienne et vécut en Westphalie.
Vous pouvez lire ou relire son parcours ici

 

Le Royaume de Westphalie a été formé par Napoléon 1er après la signature du Traité de Tilsit, le 7 juillet 1807.

Il fut l’un des quatre royaumes de la Confédération du Rhin.

Il n’eut qu’un roi, Jérôme Bonaparte, frère de l’Empereur.



Sa capitale était Cassel et il était délimité  au nord par les duchés de Mecklembourg, à l’est  les Royaumes de Prusse et de Saxe, au sud les grands duchés de Francfort et de Hesse Darmstadt, à l’ouest le grand duché de Berg et les départements nord-est de l’empire français.

La population compta 2,6 millions d’habitants.

Le vœu de Napoléon était d’en faire un état moderne sur le modèle français. Et dès sa constitution, le royaume a été divisé en départements au nombre de huit, cantons, districts et communes.

Jérôme fit abolir le servage, établir l’égalité devant la loi et proclamer la liberté de culte. Les droits seigneuriaux furent supprimés.

La grande majorité de la population accepta ce nouveau régime et cela jusqu’à la défaite militaire française.

L’armée westphalienne participa à la campagne de Russie. En septembre 1813, les russes envahirent le territoire, malgré la résistance française.
Et le 19 octobre 1813, après la bataille de Leipzig, les prussiens occupèrent le royaume qui fut dissout.

Les terres revinrent aux seigneurs qui avaient été destitués.







Sources et images : Wikipédia

#ChallengeAZ… V comme Véhicule des villes, véhicule des champs…

Autrefois,  les gens se déplaçaient à pied ou en carriole pour les plus aisés et parcouraient ainsi des dizaines de lieues.

Mais, l’arrivée des véhicules motorisés a été une révolution dans les villes comme dans les campagnes.

Ainsi, en 1936, Adolphe Achon a 27 ans. Comme tous les jeunes gens, il rêve de posséder une voiture, sa voiture…

Il a vu une publicité et son vœu est de posséder un véhicule comme celui-ci :

Il ne peut pas acheter une automobile neuve… cela n’a pas d’importance ! Il opte pour un véhicule d’occasion qui lui coûte la somme de 2 250 Francs…

 
 
Le matériel agricole n’est pas en reste.
En 1940, Adèle Achon, la grand-mère de mon mari a investi dans une motofaucheuse Dollé Bernard pour la somme de 6 200 Francs.
 
 
 
 
Grâce à cette machine, le travail est plus facile et plus rapide qu’avec la vieille charrue. 
Et surtout, cela permet à Chocolat, le vieux cheval de trait de prendre quelques repos bien mérité !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sources : factures acquittées – documents collection personnelle
                Voiture Chenard & Walker : Chenard et Walker blogspot.cm 
                 Motofaucheuse Dollé : apbfrance.com