Le cuisinier de Monsieur le Baron et les macarons d’Amiens…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
Et surprise, en octobre, #MaCuisineAncestrale s’invite aussi dans l’histoire !

A.D Aisne -8 FI 538

Nous sommes au 18e siècle et je marche dans la campagne axonaise quand au détour d’un chemin, j’aperçois un château et ses dépendances. Plus loin sur la colline, un moulin à vent déploie ses grandes ailes et veille sur la bâtisse.
Je m’arrête quelques instants pour profiter de ce décor bucolique.

– Je suis enfin arrivée, pensé je…

Je n’ose croire que je vais entrer dans cette riche demeure appartenant à Charles David de Proisy, Baron d’Eppes et Vicomte d’Amifontaine
Certes, je ne pénètre pas dans ce lieu par la grande porte mais par une petite… celle des cuisines.
Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Jean-François FERAND, le frère aîné de Gérard, mon Sosa 68.
Jean-François est né ici même et, au fil du temps, il est devenu le cuisinier de Monsieur le Baron.

Je franchis le pas de la porte et me trouve face à une petite armée où chacun joue un rôle déterminé : on pèle, on épluche, on coupe, on tranche, on flambe, on rôtit, on garnit, on dresse des plats… La chaleur, le bruit et les effluves me saisissent et m’étourdissent..

Bien que très occupé, Jean-François me salue… Je lui rends sa politesse.

Ainsi, tu appartiens à ma parentèle, me questionne-t-il

-Oui… répondis-je…
Je suis une descendante de votre frère… Comme vous, j’aime cuisiner !

Cela tombe bien, ce soir, Mr le Baron reçoit et j’ai besoin de petites mains…
Tu vas nous aider… Que sais-tu faire ?


– Commandez et j’exécuterai, affirmé je… sans ciller.
Ainsi dit, ainsi fait !
Je rejoins la brigade et le chef ordonne…
– Eh bien, j’ai besoin de biscuits… As-tu quelque chose à me proposer ?

Je réfléchis quelques instants…
– Connaissez-vous les macarons d’Amiens, lui dis-je ?

Jamais entendu parler, rétorque-t-il

– Les macarons ont été introduits par les cuisiniers italiens de Catherine de Médicis et sont devenus au XVIe siècle une spécialité culinaire d’Amiens, intégrant des amandes « Valencias » venant d’Espagne, via les Pays-Bas espagnols.
Le macaron d’Amiens connaît aujourd’hui un succès certain en France, comme en témoigne le Grand Prix de France des Spécialités régionales obtenu en 1992, lors du Salon international de la Confiserie.

Très bien, maintenant que tu m’as donné une leçon d’histoire… Exécution ! Réalise-moi ces gâteaux.

J’ajuste mon tablier, je sors ma petite fiche Canva et je commence la fabrication des biscuits.
Je n’ai pas droit à l’erreur… Je suis observée !

Création personnelle CANVA

Collection personnelle

Collection personnelle

Il faut que j’adapte ma façon de faire à l’époque mais, le défi me plait.
Les macarons sont enfin cuits et Jean-François goute l’un d’eux.
La petite lueur dans ses yeux m’indique qu’il apprécie.

– Je pense que Monsieur le Baron prisera, assure-t-il
Je les servirai avec une crème à l’italienne.
Si tu veux bien me confier ta recette, je la conserverai précieusement et tairai d’où elle me vient.

Cette confidence me surprend tant elle est inattendue…
C’est le monde à l’envers ! D’ordinaire, c’est moi qui recherche les recettes d’autrefois.
J’accepte à condition d’échanger avec sa recette de crème.
Jean-François sort un vieux grimoire… Je saisis discrètement mon téléphone et photographie la fameuse recette :

Extrait « Le Cuisinier roïal et bourgeois »
par François Massialot ( 1660-1739) -Site Gallica BNF

Jean-François y appose sa signature :

Je le remercie pour ce cadeau que je réaliserai à l’occasion.
Notre rencontre prend fin… Il est temps pour moi de rebrousser chemin.
Je salue chaleureusement Jean-François .
– J’ai été ravie de vous rencontrer. Je ne vous oublierai pas… lui dis-je.

– Moi non plus… Et surtout ne perds jamais de vue qu’on ne cuisine bien que si on aime les gens, mais cela, il me semble que tu l’as compris, me confie-t-il.

Je souris… Un dernier geste de la main… et me voici revenue au 21e siècle.

Avec ce billet, je tiens ma promesse… Mes pensées vont vers Jean-François, le cuisinier de Monsieur le Baron et cela tombe à point nommé car aujourd’hui, 20 octobre, nous célébrons la « Journée Internationale des Cuisiniers » !

Et comme chaque mois avec #MaCuisineAncestrale, nous vous disons : Régalez-vous ! Nous, c’est déjà fait !

Côté Généalogie :
Jean-François FERAND (FERIN) est né le 22 décembre 1719 à Eppes dans le château du Baron d’Eppes et a été baptisé le 30 décembre 1719.
Il est décédé à la grille dudit château, le 21 décembre 1778, à 58 ans.
Il est le fils aîné de Jean & de Marie MALIN, mes Sosa 136 et 137.
Je ne lui connais aucune union, ni aucune descendance.

Fichier personnel



Sources :
Recette crème à l’italienne : Le cuisinier roïal et bourgeois – François Massialot ( 1660-1739)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108571q/f234.item#
Recette macarons d’Amiens :

https://www.europe1.fr/culture/quils-soient-classiques-ou-damiens-decouvrez-lhistoire-des-macarons-4035614
Image en-tête : A.D Aisne – 8 Fi 538 – chateau de Coucy-les-Eppes. (1860)
Image recette et photos : collection personnelle

Photo cathédrale d’Amiens : Office tourisme d’Amiens

Au feu !…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

Image par Hans de Pixabay

C’est un terrible drame qui se trame pour ce #RDVAncestral…

Nous sommes le 31 août 1793 à Pargny-Filain, un village axonais de 265 âmes.
L’été est caniculaire et sec… Il fait 38°4 à Paris.

Malgré la chaleur, chacun vaque à ses occupations.
J’accompagne Claude BRASSELET, un des fils de mes Sosa 152 et 153, Claude & Marie Catherine BOCASSIN, mener ses bêtes paitre en dehors du village.
Les heures s’égrènent lentement sous la chappe de plomb lorsque tout à coup, nous entendons résonner les cloches… c’est le tocsin qui retentit !

Nous abandonnons les animaux et courrons à travers champs. Lorsque nous arrivons aux abords du village, des flammes montent vers le ciel ! Le village est en feu.
Les habitants courent dans tous les sens à la recherche d’eau… On évacue les maisons… on libère les animaux… On crie… C’est la panique générale !

Claude, lui, ne pense qu’à une chose : retrouver sa femme au milieu de cet affolement.
Marie Gabrielle FERTON et lui sont mariés depuis trente ans. Et ce matin, comme tous les autres matins, Claude l’a laissée seule effectuer ses tâches ménagères.

Le temps presse… les maisons brûlent les unes après les autres, la fumée intoxique, pique les yeux et les gorges.
Claude a beau cherché et appelé… il ne trouve pas Gabrielle.

La fin du jour arrive puis, la nuit s’installe… Le désespoir envahit Claude… Gabrielle a bel et bien disparu ! Le coeur serré, je le rassure comme je peux.

Le 1er septembre, au petit matin, les villageois désemparés constatent les dégâts : 63 maisons dont 50 habitées et des bâtiments annexes se sont consumés.
Accompagné de son fils et de ses voisins, Claude arrive devant son habitation entièrement détruite. Là, c’est la consternation !

Au milieu, des cendres et des fumeroles, Gabrielle est allongée sur le sol, son corps brûlé vif et presque entièrement calciné.

Marie Gabrielle et Marie Suzanne GENOUILLE, une voisine, sont les victimes de cette tragédie.


AD AISNE PARGNY-FILAIN 5Mi0265 – 1793 1812 Vue 15 et 16

Marie Gabrielle avait 58 ans. Elle fait partie de ma parentèle et sa mort ainsi détaillée m’a bouleversée.

Nos découvertes généalogiques sont parfois effrayantes, implacables et
cruelles, n’est-ce pas !

Sources :
AD AISNE PARGNY-FILAIN 5Mi0265 – 1793 1812 Vue 15 et 16
Image Pixabay
Météo : Prevision-meteo.ch/almanach/1793

Le garde-côte…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

Mes rêveries m’emmènent à Ploujean dans le Finistère aux confins des XVIIe et XVIIIe siècle. En ce temps-là, la petite bourgade n’était qu’un quartier de Morlaix, bordé par la rivière Dosenn.

Je me trouve dans l’église de Ploujean, non pas dans la nef comme on pourrait le penser, mais dans le clocher et pour quelqu’un qui a le vertige, la situation est périlleuse.

Je ne suis pas seule dans le lieu… Un de mes ancêtres s’y trouve également.
Revêtu d’un uniforme, il se tient droit, les jambes ancrées dans le sol, les mains dans le dos. Imperturbable, son regard scrute l’horizon.
Sentant ma présence, il se retourne promptement et en me dévisageant, me dit:

-Je t’attendais… Je sais que tu t’interroges sur ma fonction, mais j’ai peu de temps à te consacrer, alors faisons vite… Que veux-tu savoir ?

– Tout, réussis je à balbutier en gardant les yeux mi-clos par peur du vide.

– Et bien… comme tu le sais, je m’appelle Yves STEUN. Je suis ton Sosa 926 et 10 générations nous séparent.
Je suis né le 7 février 1672, ici même. Le 23 janvier 1702, j’ai épousé ton aïeule, Catherine MEL, alors jouvencelle de 17 ans. Aujourd’hui, nous avons 10 enfants.

Actuellement, je suis Lieutenant de la milice des gardes-côtes, un grade similaire à celui d’un lieutenant d’infanterie.

Comme toutes les paroisses situées au bord de la mer ou à moins de deux lieues dans les terres, Morlaix est soumise au guet et à la garde, c’est à dire qu’une milice est présente afin de prévenir les dangers venant de la mer.
Cette surveillance existe depuis le XVIe siècle en Picardie, en Normandie et en Bretagne, mais en on trouve trace dès le Moyen-Âge.

Dans notre région, les provinces des côtes sont divisées en plusieurs capitaineries (20 à 30 selon les périodes). Chaque capitainerie est composée de plusieurs paroisses où sont formées les milices placées sous les ordres d’un capitaine, deux lieutenants, deux sous-lieutenants, quatre sergents, deux tambours, puis les caporaux, *les anspessades et les soldats.

Tous les hommes âgés entre 18 et 60 ans sont tenus de posséder un fusil, une baïonnette, un porte baïonnette, un fourniment avec le cordon, une demi livre de poudre et deux livres de balles, ainsi qu’un uniforme.
Chaque milicien est soumis aux entrainements et à la revue des troupes, une fois par
mois, un dimanche ou un jour de fête.
Toute insoumission est tributaire d’une amende (20 sous) ou d’un emprisonnement (15 jours). Toute abandon de poste est passible d’une condamnation aux galères ou selon les circonstances, de la peine de mort.

Chaque semestre, en mai et en novembre, le Capitaine ou le Major passent en revue les troupes. Ils visitent, également chaque paroisse, une fois par mois en temps de guerre et trois fois par an, en temps de paix.
Si mes supérieurs sont absents, je suis missionné pour les remplacer.

Par ailleurs, les habitants des paroisses doivent construire, par corvée, des corps-de-garde. Ils fournissent les matériaux et le mobilier nécessaire à leur installation.
Les corps-de-garde sont établis le long de la côte et sur les hauteurs. Leur établissement n’a lieu qu’en temps de guerre mais leur emplacement est désigné à l’avance.

Exemple de Corps-de-garde – Baie du Mont St-Michel Collection personnelle

En compensation, les officiers sont exemptés de ban et d’arrière-ban, de la Taille et de toutes les autres impositions et charges de ville.
Dans sa grande générosité, le roi nous abandonne, également, le dixième de ce qui lui revient sur les épaves échouées sur les côtes en temps de guerre
et la moitié des prises faites sur des objets de contrebande.

Voilà, j’espère que mes explications te conviennent… Je dois te quitter… Une inspection a lieu sous peu.
Kénavo !


Sur cet au revoir, mon ancêtre disparait et moi, je reviens au XXIe siècle, rassurée de retrouver la terre ferme.

Après des années consacrées à la surveillance des côtes, Yves STEUN s’est éteint le 12 décembre 1727 à l’âge de 55 ans.
Les milices gardes-côtes ont perduré jusqu’au Premier Empire et ont été supprimées par une ordonnance du 11 août 1815.

De Yves STEUN à moi :

Fichier personnel HEREDIS Roue de descendance

*anspessade : grade de rang inférieur à celui de caporal et supérieur à celui de simple soldat

Sources :
Gallica BnF : les milices gardes-côtes par Léon HENNET (1853-1929)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k840767g/f1.item

Image : Collection personnelle

Les histoires d’amour finissent mal…

En février, le #Geneatheme rejoint le #RDVAncestral, un projet d’écriture, ouvert à tous et qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres .

C’est jour de noces à Frénouville, un petit bourg situé dans l’arrondissement de Caen en Normandie.
Ce 27 juin, Marcel Louis Auguste BEAUJEAN, 27 ans, épouse Eugénie Mélanie Maria FOUQUES, 21 ans.
Elle est une des petites filles de Emmanuel Aimé Henri FOUQUES et Maria Joséphina Alberta Appolonia Valentina JEANNE, Sosa 30 et 31.
Elle n’avait que 7 ans en 1903, lorsque son père, Georges Etienne FOUQUES, meurt noyé.

Marcel et Eugénie sont domestiques et s’ils sont invisibles aux yeux du monde, aujourd’hui, ils sont rois et leur avenir est plein de promesses.
Ils auront des enfants et peut-être réussiront ils à acheter une petite maison pour y vivre tous ensemble.

Mais, on est en 1918 et la première guerre mondiale dévaste le monde.
Marcel effectue son service militaire en 1912 mais est réformé à cause d’une « imminence de tuberculose », .
Lors de la mobilisation générale contre l’Allemagne, le conseil de révision le reconnait apte au service. Il est rappelé à l’activité armée en septembre 1914 et intègre le 36e R.I.
C’est donc sous l’uniforme et lors d’une permission qu’il épouse Eugénie.

Le mariage à peine achevé, Marcel retourne sur le front en abandonnant sa jeune épouse… Il lui promet de revenir, elle lui promet de l’attendre.

Hélas, les histoires d’amour finissent mal… moins d’un mois plus tard, le 24 juillet 1918, Marcel est « tué à l’ennemi », au bois de Courton dans la Marne. Eugénie est veuve à 21 ans.

Sources :
A.D Calvados
– Etat civil et registres matricules

La légion d’honneur…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

MEDAILLE DE CHEVALIER DE L’ORDRE DE LA LEGION D’HONNEUR RESTAURATION LOUIS XVIII ROI DE FRANCE 1814

Il y a longtemps que je ne suis pas partie à la rencontre de mes ancêtres… sans doute n’avaient ils pas grand chose à me raconter…
Mais aujourd’hui, le hasard et mes rêveries me propulsent en grande pompe dans une caserne, celle de la Compagnie de Gendarmerie Royale du Calvados basée à Caen.

J’arrive dans un salon d’honneur où des hommes de rang, des sous-officiers et des officiers patientent tout en devisant. A l’écart, se trouve également un groupe de hauts gradés. Je comprends qu’il s’agit des membres du conseil d’administration de la compagnie accompagnés d’un représentant de la Préfecture du Calvados et d’un inspecteur délégué de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur.

Chacun se salue, puis on demande le silence.
Le chef du protocole annonce :
-Récipiendaire, gagnez votre emplacement !

Le récipiendaire se nomme François LEPELTIER. Il est né le 1er avril 1789 à Soliers, un bourg situé à quelques lieues de Caen.

Ses parents sont Jean-Baptiste LEPELTIER, couvreur, époux de Marie Françoise HOGUAIS.
Jean-Baptiste est le dernier des huit enfants de Thomas LEPELTIER, couvreur, marié à Jeanne DIEULAFAIT, mes Sosa 502 et 503.

12e chasseur à cheval – Facebook
Chasseurs à cheval de la ligne – Aquarelle de Maître Lucien Rousselot.

François est un solide et grand gaillard portant fièrement l’uniforme et la moustache.
Le 25 avril 1808, âgé de 19 ans, il est enrôlé dans l’armée Napoléonienne. Il a rejoint le 12e régiment de chasseurs à cheval et a participé à plusieurs campagnes dont celles de Russie, d’Allemagne et de France avec leurs lots de victoires et de défaites.
Le 14 septembre 1815, il est nommé brigadier.
Puis, le 15 juillet 1817, il devient gendarme à pied.

Invisible aux yeux de tous, je saisis mon portable et fais une rapide recherche sur Google pour comprendre comment on devient gendarme au 19e siècle :

L’article 43 de la loi du 28 germinal an VI fixe, à quelques détails près, les critères de recrutement qui restent en vigueur jusqu’à la Première guerre mondiale :
« Les qualités d’admission pour un gendarme seront, à l’avenir :
1. d’être âgé de vingt-cinq ans et au-dessus, jusqu’à quarante ;
2. de savoir lire et écrire correctement ;
3. d’avoir fait trois campagnes depuis la Révolution, dont une au moins dans la cavalerie, et, après la paix générale, d’avoir servi au moins quatre années, sans reproche, dans les troupes à cheval, ce dont il sera justifié par des congés en bonne forme ;
4. d’être porteur d’un certificat de bonnes mœurs, de bravoure, de soumission exacte à la discipline militaire et d’attachement à la République ;
5. d’être au moins de la taille de 1 mètre 73 centimètres. »

Le métier de gendarme au 19e siècle – Arnaud Dominique HOUTE

Ne devient pas gendarme qui veut, pensé je !
Cependant, François a failli à la tradition familiale en abandonnant le métier de couvreur, une profession pratiquée de pères en fils depuis trois générations.
Est-il devenu gendarme par vocation ou par un impérieux besoin d’assurer son avenir… lui seul connait la réponse.
Peu importe car sa bravoure, sa loyauté et son dévouement lui valent d’être récompensé avec la plus haute distinction française.

Il y a plusieurs mois, sa hiérarchie lui a signifié que sa candidature avait été retenue par la Grande Chancellerie mais, entre la chute de l’Empire et la Restauration (nous sommes sous Louis XVIII), la réponse s’est faite attendre.
Enfin, le 27 janvier 1815, il a reçu ceci :

Base Léonore

Ce 1er aout 1817, il devient « légionnaire » en recevant la distinction de Chevalier de la Légion d’Honneur lors de cette cérémonie.

Imperturbable, François se tient droit pendant que son commandant fait son éloge, puis finit son discours par :

– « Au nom de Sa Majesté et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’ordre royal de la légion d’honneur. »

L’insigne accroché sur sa poitrine, François remercie son supérieur et le salue.

La cérémonie achevée, François signe, ainsi que les membres du conseil d’administration, plusieurs documents dont une formule de serment ainsi qu’un procès-verbal faisant foi de son inscription de membre de l’ordre royal de la légion d’honneur sur les nouveaux registres nationaux et listes officielles.

Base léonore


« Je jure d’être fidèle au Roi, à l’honneur et à la Patrie, de révéler à l’instant tout ce qui pourrait venir à ma connaissance, et qui serait contraire au service de Sa Majesté et au bien de l’État ;  de ne prendre aucun service et de ne recevoir aucune pension, ni traitement d’un Prince étranger, sans le consentement exprès de Sa Majesté ; d’observer les Lois, ordonnances et règlements, et généralement faire tout ce qui est du devoir d’un brave et loyal Chevalier de la Légion d’honneur. »
(Le serment de fidélité, adapté au régime en vigueur, fut exigé des légionnaires jusqu’en 1870. Il fit un bref retour de 1941 à 1944, sous le Régime de Vichy.)

Base Léonore

Puis les documents sont remis au délégué de la Grande Chancellerie pour faire valoir ce que de droit.
François recevra un brevet qui atteste de sa qualité de membre royal de la légion d’honneur. Ce dernier est signé le 18 mars 1819, soit quatre ans après sa nomination.

Côté vie privée, François épouse Virginie VASNIER de 11 ans, sa cadette, le 30 mai 1821.
Et après une vie de gendarme bien remplie, il s’éteint à 54 ans, le 27 octobre 1843 à Lingèvres (14).

Je quitte discrètement le salon… Mon vagabondage achevé, je suis assise devant mon ordinateur connecté sur la base Léonore devant le dossier de François.
Mon imagination débordante a encore œuvré…

Créée en 1802, la Légion d’honneur a tenu le cap à travers tous les tourbillons de l’histoire parce qu’elle est universelle et symbolise la reconnaissance de la nation envers les meilleurs éléments de ses forces vives dans tous les domaines et pour tous les mérites, tous les talents, tous les dévouements, et aussi parce qu’elle a su s’adapter sans jamais se dénaturer, en gardant, sous les fastes nécessaires à son éclat, son caractère profondément démocratique qui en a fait un modèle pour nombre de distinctions étrangères. J.C. Guegand

Sources :
Base Léonore : https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/230455#show
Grande chancellerie de la légion d’honneur : https://www.legiondhonneur.fr/fr
Image : MEDAILLE DE CHEVALIER DE L’ORDRE DE LA LEGION D’HONNEUR RESTAURATION LOUIS XVIII ROI DE FRANCE 1814 : https://www.militaria-medailles.fr/
Page Facebook : 12 chasseur à cheval -Aquarelle de Maître Lucien Rousselot.

Le métier de gendarme au 19e siècle – Arnaud-Dominique Houte – https://books.openedition.org/pur/107873?lang=fr
Histoire de la légion d’honneur : https://jean-claude-guegand.pagesperso-orange.fr/l_his.html



Cinquante nuances d’émotion…

Image gratuite Alexandra Haynak de Pixabay

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La généalogie est un curieux mélange de raison et d’affect.
Personnellement, lors de mes recherches, l’esprit et le cœur sont souvent en conflit, les sentiments l’emportant sur la raison et faisant naître une multitude de nuances émotionnelles comme dans l’histoire qui suit.

Nous sommes le 10 septembre 1892, à Samoussy, dans l’Aisne et la journée s’annonce chaude.
Alors que 10 heures du matin sonnent à l’horloge de la mairie, plusieurs personnes pénètrent dans la salle commune.
Jules André MARLY, 24 ans et Octavie Alphonsine WALLON, 21 ans, tous deux manouvriers, se marient.

Ils ne savent pas qu’ils sont mes futurs grands-parents paternels et ne le sauront jamais.
Mais, le destin a fait que le 10 septembre est un jour très particulier pour nous trois.

Cela devait être le plus beau jour de leur vie… cependant les visages sont graves et un voile de tristesse plane sur l’assemblée.
Jules André n’est pas totalement heureux… Adeline Adolphine MARLY, son unique sœur et son époux, Joseph Victor MATHIEU, sont absents.

Et pour cause… un évènement dramatique s’est déroulé, trois heures auparavant, plongeant le couple dans un immense chagrin.

Adeline Adolphine, 35 ans, était enceinte de son septième enfant et a accouché d’un petit garçon mort-né, le matin même, à sept heures.
Joseph Victor ira déclarer le décès demain à onze heures accompagné de deux voisins.

L’acte de décès suit l’acte de mariage dans le registre d’état-civil.

La vie reprend ses droits… Les ventres d’Octavie Alphonsine et d’Adeline Adolphine s’arrondissent presque en même temps.

Sept mois plus tard, le 22 avril 1893, Octavie Alphonsine accouche d’un petit garçon nommé Jules Alphonse mais, l’enfant meurt le 8 mai.
Joseph Victor MATHIEU, 47 ans, assiste son beau frère, Jules André, lors de la déclaration du décès de l’enfant.
Qui mieux qu’un père ayant subit la perte d’un enfant pour accompagner un autre père dans son deuil.

Le temps passe et le malheur frappe encore et encore… Adeline Adolphine accouche une nouvelle fois d’un enfant mort-né, le 13 juillet 1893.
Cet enfantement est le dernier pour elle. Elle décède, le lendemain, 14 juillet.

Côté généalogie :
J’ai trouvé, récemment, l’acte de décès du premier enfant mort-né d’Adeline Adolphine me permettant de reconstituer la chronologie de ces évènements et cette découverte m’a émue plus que je ne le souhaitais mais,

Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas.
(Blaise Pascal)

Sources :
Acte de mariage MARLY X WALLON A.D Aisne – Samoussy – 5Mi0111 1863 1892 Vue 233
Acte de décès BB Mathieu A.D Aisne – Samoussy – 5Mi0111 1863-1892 – Vue 234
Météo septembre 1892 : prevision-meteo.ch/almanach/1892




De joie et de chagrin…

Monographie_Marchais
Source : Cercle Généalogique de l’Aisne

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-Avis à la population… Marchais est en liesse…
Le mardi 21 septembre 1869, Son Altesse Sérénissime, Albert Honoré Charles GRIMALDI, 20 ans, futur Prince Albert 1er de Monaco épouse Lady Mary Victoria de Douglas-Hamilton, 18 ans, dans ce petit village de l’Aisne.

Cette annonce se propage telle une traînée de poudre pour arriver à mes oreilles.

-Vite, pas de temps à perdre ! Je vais assister à cet évènement !
Cela tombe bien, Adolphe André COULON, berger et frère d’Adeline Octavie,
Sosa 9, réside dans le village. Il m’hébergera et nous participerons ensemble à la fête.

Marchais abrite un château, dit le « Domaine du Prince », habité par la famille Grimaldi depuis 1854. Cette bâtisse du XVIe siècle est entourée de 2000 hectares de terres agricoles employant la majorité des villageois.
Aujourd’hui, la Principauté leur accorde un jour de congé pour la circonstance.

Euphorique, j’arrive devant le château… Que voulez-vous, les années passent et je suis incorrigible… La fleur bleue qui sommeille ne demande qu’à revivre.
Je longe les jardins décorés d’où proviennent de joyeuses mélodies et des rires. La gaieté est communicative et les préparatifs de la cérémonie me donnent l’envie de danser et de chanter.
J’atteins la demeure d’Adolphe André COULON et de Marie Joséphine LONGUET, son épouse.
Je pousse la porte, la maison semble inhabitée. Le silence qui y règne contraste avec l’effervescence ambiante.
J’appelle… Personne… Je reste là, décontenancée…

Un passant m’interpelle :
– Pauvres gens, vous les trouverez au cimetière, me lance-t-il,

Que s’est-il passé, dis-je, abasourdie,

Vous l’ignorez !… Ils enterrent leur dernier né, un nourrisson de quelques jours.

Soudain, le ciel s’obscurcit. Tonnerre et éclairs déchirent l’azur devenu noir. La nouvelle me foudroie… Plus de mariage, plus de danses, ni de chants.
De la joie au chagrin, il n’y a qu’un pas… Et ce pas assassin m’étreint le cœur.

Je repars comme je suis venue sans que personne ne me remarque.
La vie n’est pas un conte (même pour les princes) et mes ancêtres me rappellent que la nôtre n’est pas faite pour les châteaux.

Côté Histoire :

Par l’entremise de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III), Albert 1er, surnommé « le Prince savant » ou « le Prince navigateur », épouse en 1869 au
Château de Marchais, Lady Mary Victor
ia Hamilton (des ducs d’Hamilton), petite-fille de la grande-duchesse de Bade, Stéphanie de Beauharnais.

Ils ont un fils unique, le prince Louis, né le 12 juillet 1870, dont son père ne fait la connaissance qu’en 1880. Le 3 janvier 1880 a lieu l’annulation du mariage avec Mary Victoria Hamilton par la Cour de Rome. Leur fils est reconnu comme légitime.

Le 10 septembre 1889, le prince Albert Ier accède au trône au décès de son père, Charles III, le jour même, au château de Marchais. Il prend le deuil pour six mois à compter du lendemain.

Albert Ier se remarie civilement le 30 octobre 1889 avec Alice Heine, duchesse douairière de Richelieu, à la Légation de Monaco à Paris et à la mairie du 8e arrondissement. Le 31 octobre, le mariage religieux a lieu en la chapelle de la Nonciature. Le prince a rencontré Alice Heine dix ans auparavant, lors d’un séjour à Madère. Albert et Alice n’auront pas d’enfants.
(Source : Wikipédia.fr)

Côté Généalogie :

Adolphe André COULON est le numéro 2 des 3 enfants de Etienne André COULON, Sosa 18 et de Ursule Adélaïde BRASSELET, Sosa 19 (Héroïne de La fillette et la comète)

Il est né le 18 juin 1832 à Chermizy-Ailles (02)
Il est tout à tour berger, tisseur et paveur.

Il épouse Marie Joséphine Octavie LONGUET, le 17/04/1860 à Marchais, où le couple demeure quelques années.
Le 26/08/1869, Marie Joséphine met au monde un garçon nommé Alfred André Théodore. L’enfant décède 12 jours plus tard.

Adolphe André & Marie Joséphine quittent Marchais pour Reims. Marie Joséphine y décède le 14/02/1880.
Adolphe André épouse en secondes noces, Marie Hubertine LEBOURCQ, veuve de Paul WAFFLARD, le 16/10/1880.
Adolphe André décède, à son tour, le 01/01/1897
, à 64 ans.

Le hasard veut que l’acte de décès d’Alfred André et l’acte de mariage du Prince Albert se suivent dans le registre d’état-civil de Marchais… une invitation fortuite pour une de mes rêveries.

Source Géoportail.gouv.fr

Sources :
A.D Aisne – MARCHAIS :

-Acte de décès de Alfred André Théodore COULON – 5Mi0538 – 1869 1882 – Vue 24/387
-Acte de mariage de S.A.S. Albert Honoré Charles GRIMALDI & Lady Mary Victoire de Douglas-Hamilton – 5Mi0538 – 1869 1882 – Vue 26/387



L’Ankou…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

Image par SplitShire de Pixabay 

Les mois se suivent et ne se ressemblent pas… Alors qu’en mars, je vivais un instant de bonheur… en avril, mes rêveries m’entraînent dans le monde des ténèbres.

Nous sommes le 1er Floréal An V à Saint-Eloy, un village du centre Finistère à l’ouest des Monts d’Arrée, en pleine période révolutionnaire.
Si l’Histoire marque les esprits, en Bretagne, les légendes influencent aussi la vie de chacun …
Il paraît que des personnages terrifiants rôdent partout…
Bien que mon esprit repousse ces croyances, je ne suis pas rassurée d’être seule au milieu de la lande. Et, c’est en courant que je me dirige vers la maison de Guillaume GUILLOU, Sosa 234, au lieu-dit Roz.
Le pauvre homme s’est éteint et je suis conviée à ses obsèques.

Anne et Guillaume BILLAND, Sosa 116 et 117, la fille et le gendre du défunt m’accueillent. Anne a tout juste quarante ans et 8 enfants. En l’apercevant, je me souviens qu’elle est la plus jeune mariée de ma généalogie (cliquez)
Elle pleure son père qui était âgé de 69 ans, veuf de Corentine HERGOUALCH, maman d’Anne et de Catherine KERNEIS, sa seconde épouse.
Je serre Anne dans mes bras… un geste, un silence valent mieux qu’un discours.

Nous pénétrons dans la maison où quelques parents et amis sont réunis dans la pièce commune . La veillée s’organise alors que la nuit tombe.
La conversation est animée, chacun racontant ses souvenirs avec le défunt.
Un voisin, plus expansif, s’exclame, qu’il y a quelques temps, mon aïeul avait rencontré l’Ankou, ce qui est toujours un mauvais présage.

Je me tourne vers Anne, l’œil interrogateur.

Qui est cet Ankou ? lui dis-je.

Chut ! me répond-elle, il vaut mieux éviter de prononcer ce nom !

Je sens la peur et l’angoisse planer autour de nous. Chaque bruit exacerbe l’inquiétude de chacun : le souffle du vent glissant sur la lande, le hululement de la chouette, le grincement des portes, mais aussi, le craquement des bûches incandescentes dans la cheminée.
Je frissonne malgré la douce chaleur… mais, perplexe, j’insiste auprès d’Anne pour qu’elle me donne des explications.
Effrayée, elle reste muette.
C’est Guillaume, son mari, qui me confie à voix basse :
-L‘Ankou est le serviteur de la Mort qui collecte l’âme des défunts.

– …???…

Il continue :
Il a l’apparence d’un vieil homme aux cheveux blancs, maigre, couvert d’un feutre à large bords, une cape en velours noirs et il est armé d’une faux.
Il se déplace sur une charrette, tirée par un cheval blafard.
Deux silhouettes sombres la suivent, la première tenant le cheval par la bride et le second ouvrant les barrières et les portes.
Les deux l’aident aussi à ramasser les âmes des défunts, pour les empiler dans la charrette.

Ne me dites-pas… que vous l’attendez, bredouillé-je, ébranlée par ces révélations.

Je suis en plein cauchemar…
J’ai l’impression de me trouver dans un film d’horreur et je n’ai nullement l’envie de rester là, à attendre, la venue d’un zombi… mais, comment disparaître, à mon tour, sans heurter mes hôtes.

Guillaume a compris mon désarroi et me rassure. Il précise que l’Ankou est déjà passé… que je ne crains rien.

– Personne ne l’a vu, ici… c’est bon signe… car seuls, ceux qui vont trépasser dans l’année l’aperçoivent ou l’entendent ! insiste-t-il.

Je reste sans voix… J’ai beau me convaincre qu’il s’agit d’un mythe, cette discussion me déstabilise plus que je ne le veux.

Dans quelques heures, nous nous rendrons en l’église Notre-Dame-du-Fresq dans le bourg de Saint-Eloy pour rendre un dernier hommage à Guillaume GUILLOU et sauf le respect qui lui est dû, j’ai hâte que la cérémonie se termine.

Je n’ai jamais autant souhaité revenir au XXIe siècle… lorsque que je sens quelqu’un m’attraper le bras…
Paniquée, je me débats et je hurle :
Au-secours ! Anne, Guillaume

Cela ne va pasencore une de tes rêveries, s’écrie Mr, sur un ton railleur.

J’ouvre les yeux, stupéfaite… Remise de mes émotions, je lui raconte mon histoire en concluant :
Mais, pourquoi m’as-tu secouée…
Quelle frayeur ! J’ai cru que c’était lui qui…
Et puis, je n’ai pas eu le temps de dire au revoir à Anne et à Guillaume.

Goguenard, Mr rétorque :
-Et bien, retourne les voir !
en me tournant le dos pour vaquer à ses occupations et en me laissant seule avec mes fantômes.


Côté généalogie :

Ligne de vie Guillaume GUILLOU créée avec Frisechrono.fr
Descendance de Guillaume GUILLOU


L’Ankou est une figure importante de la mythologie bretonne. Selon certains érudits, il serait associé au dieu gaulois Sucellos, ayant pour fonction d’assurer la perpétuation des cycles des saisons, l’alternance de la nuit et du jour, de la mort et de la renaissance.

Souvent confondu avec la Mort, il n’en est pourtant que le serviteur. C’est en effet un personnage « psychopompe », il collecte les âmes des défunts dans sa charrette et les conduit dans l’Autre Monde en passant par les Monts d’Arrée. On le retrouve d’ailleurs figurant sur de nombreux calvaires et colonnes des églises bretonnes.

Quand on entend le WIG HA WAG de sa charrette, on sait que quelqu’un va bientôt mourir… On dit que celui qui le voit trépassera dans l’année ! On raconte qu’il est vêtu d’un grand manteau noir ou d’une cape, d’un chapeau à bords larges, que sa tête ne tient qu’à peine sur ses épaules décharnées. Son corps est bien fait de chair et d’os puisqu’il a été jadis l’un des nôtres !
Il prend le corps du dernier mort de l’année qui fera son office pendant un an et une nuit, tenant toujours dans sa main sa faux à la lame retournée pour renverser les trépassés.
(Sources : https://broceliande.guide/La-legende-de-l-Ankou)


Juste un instant de bonheur…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

Il y a des matins où on aimerait que tout soit plus léger… un rayon de soleil pour illuminer la maison, un doux parfum pour annoncer le printemps et songer à des jours meilleurs…
Et parfois, il suffit d’ouvrir sa porte pour vivre son rêve…

Ce matin je sors de chez moi
Il m’attendait, il était là
Il sautillait sur le trottoir
Mon Dieu, qu’il était drôle à voir
Le p’tit oiseau de toutes les couleurs
Le p’tit oiseau de toutes les couleurs
Ça faisait longtemps que j’n’avais pas vu
Un petit oiseau dans ma rue
Je ne sais pas ce qui m’a pris
Il faisait beau, je l’ai suivi
Le p’tit oiseau de toutes les couleurs
Le p’tit oiseau de toutes les couleurs
Où tu m’emmènes, dis
Où tu m’entraînes, dis
Va pas si vite, dis
Attends-moi!
Comme t’es pressé, dis
T’as rendez-vous, dis
Là où tu vas, dis
J’vais avec toi

J’ai suivi l’oiseau qui m’a menée jusqu’à Athies-sous-Laon, petit village axonais.
Nous sommes le jeudi 20 mars 1845, en fin d’après-midi. Demain sera le vendredi saint annonçant les fêtes de Pâques.

Je me trouve à proximité de la maison de Louis François MEREAUX,
Sosa 22. C’est un homme d’âge mur. Il a 43 ans et exerce le métier de cordier. Son visage porte les stigmates d’une vie faite de labeur, de joies et de peines.

Dissimulée derrière un bosquet, je l’observe… Je n’ose pas le déranger.
Je sens l’homme fébrile, nerveux et impatient… Il fait les cent pas devant la maison…

A côté de moi, l’oiseau s’est posé sur une branche. Il sautille sur place et semble me dire :
– Allez… Vas-y… Vas lui parler !

Je m’approche de Louis François :
-Bonjour,
Puis-je vous être utile, vous semblez si inquiet !


Il me regarde comme si j’étais une extra-terrestre (ce qui est un peu le cas)
-Oui, oui, je suis inquiet ! Marie, ma femme est en train d’accoucher de notre onzième enfant et elle n’est plus toute jeune. (Marie Louise Marceline LAVANCIER, Sosa 23 a 39 ans)
C’est une femme solide, mais… Et le bébé à venir, va t-il survivre ?
Nous en avons déjà perdu quatre âgés de moins d’un an.

J’aimerai le rassurer, lui dire que tout se passera bien pour la mère et l’enfant… lui dire que c’est une fille qui va naître, qu’elle vivra, qu’elle se mariera à 17 ans, qu’elle habitera à Saint-Denis en région parisienne et qu’elle sera la petite dernière de la famille.

Mais, je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche que des voix s’élèvent dans la maison.
La sage-femme sort de la chambre portant un précieux fardeau au creux des bras.
Louis François se précipite à l’intérieur. Soulagé, il embrasse Marie et s’émerveille devant cette petite fille que le couple nomme Louise Octavie.
Louis François ira la déclarer à la mairie, demain matin, accompagné par deux voisins.
Etonnés, ses six frères et sœurs tendent le cou pour observer la petite poupée emmaillotée.

C’est le printemps et l’enfant paraît…
Discrètement, je laisse mes ancêtres savourer ces tendres moments d’intimité.

Je retrouve mon petit compagnon à plumes et nous continuons notre voyage…

On est arrivé sur le port
Il chantait de plus en plus fort
S’est retourné, m’a regardé
Au bout d’la mer s’est envolé
J’peux pas voler, dis
J’peux pas nager, dis
J’suis prisonnier, dis
M’en veux pas
Et bon voyage, dis
Reviens-moi vite, dis
Le p’tit oiseau de toutes les couleurs
Bon voyage!
Reviens vite, dis!
Bon voyage!

La réalité me rattrape alors que la radio diffuse les dernières notes de la chanson de Gilbert Bécaud.
L’instant d’après, un journaliste annonce qu’aujourd’hui, 20 mars, nous célébrons la Journée Internationale du Bonheur, du Conte et du Moineau…
Tout ce qu’il faut pour rédiger un #RDVAncestral !

Qu’en pensez-vous ?

Juste pour le plaisir d’écouter :


Sources :
Image gratuite Pixabay : Birds on the tree branch 3610104_1280
YouTube : TempsChronos

Acte de naissance de Louise Octavie = A.D Aisne – Athies-sous-Laon-5Mi0095-1843-1852 Vue 71/374

Le 20 février…

Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.

Image gratuite Arek SOCHA-Pixabay

-Quel jour, sommes-nous ?

Une petite voix intérieure, me répond :
Nous sommes le 20 février !

-Le 20 février, jour du RDVAncestral !
Dommage, je ne peux pas y participer car je suis invitée à un mariage.
Plus précisément, je dois assister à deux mariages.

-Deux mariages, le même jour…
Cette coïncidence est étrange pour ne pas dire bizarre.


-Tu as dit bizarre !

Etrange, bizarre,

-Que diras-tu quand je t’aurai précisé que le futur marié des deux cérémonies est une seule et même personne… Et oui !

Oh ! non… d’un coup, je réalise… les, les… pauvres épouses !
C’est, c’est monstrueux… je ne peux pas être complice de cette mascarade !
Je refuse… je ne veux pas… je n’irai pas…

Je tremble et mes mains sont moites…
Que dois-je faire ?
Aller trouver le promis pour lui dire ce que je pense de son « modus operandi »… Il n’aurait que ce qu’il mérite !
Aller réconforter les mariées mais, trouverai-je les mots justes pour les consoler…
Cette histoire est saugrenue… ce qui doit être un beau jour n’est finalement qu’un mauvais rêve !
Mon esprit est torturé… J’ai envie de crier !

Bip, bip, bip…
Je sursaute ! Mon coeur s’emballe !
Quelques instants sont nécessaires pour m’aider à sortir de cette agitation…
Bip, bip, bip…
C’est l’alarme de mon téléphone qui manifeste…
Bip, bip, bip…
Je réalise, enfin… Ce n’était qu’un affreux cauchemar !

Il faut vraiment que je cesse de chercher mes ancêtres, le soir.
Je me suis endormie sur le clavier de mon ordinateur et… j’ai encore rêvé !

Sur l’écran, mon logiciel de généalogie est ouvert sur la fiche de
Etienne BONNAIRE, clerc laïque à Pierrepont dans l’Aisne (02).
Il est né le 26 décembre 1734 à Monceau-le-Waast (02) et est le quatrième des douze enfants d’Etienne, clerc laïque & de Marguerite BALOSSIER, Sosa 172 et 173.
J’ai déjà parlé de mes ancêtres, ICI

Le mardi 20 février 1759, Etienne épouse Marie-Françoise CERVEAU à Goudelancourt-lès-Pierrepont (02). Ils ont respectivement 24 et 21 ans. Trois enfants naissent de leur union.
Le mardi 20 février 1770, il épouse en secondes noces, Marie Madeleine VAIRON, à Coucy-lès-Eppes (02). Ils ont cinq enfants dont trois décèdent à moins d’un an.

Quel hasard rocambolesque, n’est-ce-pas… Se marier deux fois, le même jour et le même mois mais, fort heureusement, à onze ans d’intervalles !

Fichier personnel Hérédis


Sources :
-acte de naissance de Etienne Bonnaire : A.D Aisne -Monceau-le Waast – 2Mi0491 – Vue 121
-acte de mariage Etienne Bonnaire & Marie Françoise Cerveau : A.D Aisne – Goudelancourt-lès-Pierrepont – 2Mi0530 – Vue 42
-acte de mariage Etienne Bonnaire & Marie Madeleine Vairon : A.D Aisne – Coucy-lès-Eppes – 5Mi0525 – Vue 153